A la mi-janvier, un document intitulé « Grandes lignes du synode » a été rendu public et depuis distribué aux communautés chrétiennes locales du Moyen Orient. Le père Delalande présente les points principaux de cet outil de travail préparatoire à l’Assemblée spéciale du synode des évêques pour le Moyen Orient qui se tiendra à Rome au mois d’octobre 2010.
Après deux pages d’introductions et avant deux pages de conclusions, le document est composé de trois parties.
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L’Église catholique au Moyen-Orient
Une des caractéristiques de l’Église au Moyen-Orient c’est sa variété voire sa division.
C’est une Église divisée, parce qu’elle est faite de branches redevenues catholiques issues d’arbres séparés, divisés, depuis le Ve siècle et le XIe siècle. La vingtaine de millions de chrétiens du Moyen-Orient est divisée encore actuellement en Églises Copte, Arménienne, grecque Melkite, Syrienne et Chaldéenne qui furent toutes schismatiques à leur origine, les schismes ayant eu généralement des causes politiques et culturelles plus que doctrinales. De chacune de ces Églises schismatiques s’est dégagée, lors des siècles récents, une minorité qui est redevenue catholique. L’Église Maronite est la seule à ne pas être née d’une rupture avec une origine schismatique. Au final, ce sont six églises orientales catholiques différentes qui existent au Moyen-Orient. S’y ajoute une Eglise catholique Latine, d’origine occidentale.
Par ailleurs, le document « Les grandes Lignes » met en relief un autre aspect : Les Eglises orientales qui portèrent l’Evangile dans le monde entier au cours des premiers siècles ont perdu cet aspect missionnaire.
Ce document évoque divers défis auxquels sont confrontées ces Églises orientales : les conflits politiques, l’émigration, la montée de l’Islam etc. L’un des défis est signalé avec raison mais peut-être pas assez marqué : l’immigration des chrétiens de multiples pays : « Les pays du Moyen-Orient reçoivent des centaines de milliers de Philippins, d’Indiens, d’Africains catholiques comme travailleurs. Il y a là une responsabilité pastorale pour accompagner ces personnes tant au plan religieux qu’au plan social ». Cette première partie est riche et suggestive.
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La communion ecclésiale
L’un des buts du Synode est de « raviver la communion ecclésiale entre les Églises particulières » (Préface N° 2).
Le document insiste sur l’importance d’une communion entre les Églises orientales catholiques : « L’esprit des deux apôtres Jacques et Jean demandant à Jésus de leur accorder la première place à sa droite et à sa gauche dure encore et provoque des troubles entre les frères. Au lieu de nous retrouver ensemble pour faire face aux difficultés, nous nous disputons parfois entre nous et comptons nos fidèles comme pour savoir qui est le plus grand. » (N° 43).
La question 14 s’oriente vers le même problème : « Comment peuvent s’améliorer les rapports entre les diverses Églises dans les domaines de l’action religieuse, caritative et culturelle ? »
Le document constate que déjà une communion entre les Églises orientales catholiques existe de diverses manières : « Au niveau des fidèles, nos écoles et instituts d’enseignement supérieur mais aussi les institutions caritatives telles que les hôpitaux, les orphelinats, les maisons pour personnes âgées, accueillent tous les chrétiens indistinctement.
Dans les villes, les fidèles catholiques des diverses Eglises pratiquent souvent dans l’Église la plus proche, tout en restant fidèles à leur propre communauté confessionnelle dans laquelle ils reçoivent les sacrements (baptême, confirmation, mariage) » (N° 39).
Chacune des Églises catholiques Orientales du Moyen-Orient est petite. Trois d’entre elles ont la taille d’un petit diocèse français : la Syrienne (150 000 fidèles), la Copte (200 000 fidèles) et l’Arménienne (300 000 fidèles). Trois autres ont la taille d’un grand diocèse français : la Chaldéenne (1 000 000), la Grecque-Melkite (1 300 000) et la Maronite (2 900 000). Aucune ne peut se considérer comme auto-suffisante.
Le N° 45 signale la nécessité que les contributions de l’Église Latine Occidentale respectent les mentalités et traditions des Églises orientales qu’elles viennent aider. Des périodes ont existé où les Latins latinisaient les Orientaux. Un risque demeure.
Cette deuxième partie insiste également sur le caractère théologique, Trinitaire, de cette communion.
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Le Témoignage chrétien
Le pape Jean-Paul II, parlant du Liban en 1997, disait : « Dans cette vaste région qui comprend aussi la Terre Sainte, où se sont accomplis les mystères de notre rédemption, les chrétiens sont appelés à être des témoins de la mort et de la résurrection du Christ. »
L’un des buts du Synode est « que les Églises particulières du Moyen-Orient puissent offrir un témoignage de vie chrétienne authentique, joyeux et attirant. » (Préface N° 2).
Le document énumère d’abord les façons dont ces Églises peuvent et doivent porter ce témoignage :
– mouvements de jeunes (N° 46)
– homélies, catéchèse, centres de formation théologique, universités (N° 47),
– connaissance de l’Ecriture Sainte (N° 46),
– Médias catholiques libanais : TeléLumière et Voix de la Charité (N° 50)
– engagement dans la vie publique comme chrétien (N° 51),
– Œuvres sociales : cliniques, hôpitaux, maisons pour personnes âgées, etc. (N° 52)
Puis il évoque les groupes humains à l’égard desquels ce témoignage est à porter :
– Les autres Églises et les Communautés chrétiennes. La question du dialogue œcuménique est traitée durant huit numéros (53 à 60) avec référence au « Conseil des Églises du Moyen-Orient » qui regroupe toutes les Églises catholiques, orthodoxes et protestantes.
– Les juifs (N° 61 à 67). Mais il est à noter que le document ne parle aucunement de « la communauté d’expression hébraïque » existant depuis 1955. S’il ne s’agit pas d’une Église particulière, comme le sont les Églises Orientales, parce que cette communauté fait partie de l’Église Latine, il s’agit cependant d’une réalité ecclésiale propre avec pour langue liturgique l’hébreu, son couvent franciscain, Saints Siméon et Anne à Jérusalem, et ses centres à Beer Shéva, Haïfa et Tel Aviv-Yafo. Sans doute ne compte-t-elle que quelques centaines de juifs catholiques sur les 6 millions de juifs de la Terre-Sainte ; mais c’est une réalité majeure, à la suite du Judéo-christianisme des premiers siècles.
– les musulmans (N° 68 à 74), les sociétés civiles et les États (N° 75 à 86). Cette troisième partie est également riche et suggestive.
32 questions des milliers de réponses
A chacune des parties des Lineamenta succède une série de questions. Elles sont 32 au total.
Ce sont les curés, les religieux, quelques associations de laïcs, des professeurs d’Université catholiques qui y répondront. Ici ou là, les curés devraient aussi consulter au moins une partie des laïcs de leur paroisse.
Les réponses doivent remonter au secrétariat général du synode avant Pâques (4 avril). C’est leur dépouillement qui permettra la rédaction du « document de travail » que le pape remettra aux évêques en juin.
La place des « Lineamenta » dans la préparation du Synode
Le 19 septembre 2009, lors d’une réunion avec les chefs (patriarches et archevêques majeurs) des Eglises Orientales, à Castel Gandolfo, le pape a annoncé la convocation d’une Assemblée spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Evêques, qui se tiendra du 10 au 24 octobre 2010.
Participaient à cette réunion les chefs des Eglises Orientales les plus nombreuses : Eglises Syro-Malabare et Eglise Syro-Malankare d’Extrême-Orient (6 270 000 fidèles), et Eglises Orientales d’Ukraine et de Roumanie (7 750 000 fidèles). Mais le Pape a réservé ce Synode aux Eglises catholiques Orientales du Moyen-Orient (5 00 000 de fidèles).
Les 24 et 25 novembre a eu lieu la réunion du « Conseil pré-synodal » composé des cinq patriarches catholiques Orientaux (des Maronites, Chaldéens, Coptes, Syriaques et Grecs-Meikites), du Patriarche Latin, de deux évêques de Turquie et d’Iran et de membres de la Curie romaine.
Le 14 décembre 2009, le secrétariat du Synode a annoncé que le document préparatoire à l’Assemblée spéciale, « Les grandes Lignes » («Lineamenta») était proche de sa version finale : il a été élaboré « à partir des observations des pasteurs catholiques de la région ».
Le 10 janvier 2010 ce document a été rendu public. Il pose des questions dont les réponses serviront à élaborer «L’instrument de travail» («Instrumentum Laboris) du Synode. « La méthode de travail est en effet fondée sur un aller-retour précis et répété entre le secrétariat général du Synode à Rome et les évêques sur le terrain. »
Les 23 et 24 avril 2010 aura lieu la prochaine rencontre du Conseil pré-synodal.
Du 4 au 6 juin 2010, lors de la visite papale à Chypre, Benoît XVI remettra «L’instrument de travail » du Synode»
L’actuel document « Les grandes Lignes » est une étape importante de la préparation.
Les lineamenta du synode sur internet
Vous trouverez le texte des Lineamenta du synode sur le site internet du patriarcat latin. Taper dans le moteur de recherche (colonne de gauche) sur la page d’accueil du site www.lpj.org le mot «lineamenta».
Dernière mise à jour: 19/11/2023 18:26