Une marche silencieuse vers l’unité
Si la constitution officielle de l’Église chaldéenne remonte au XVIe siècle, déjà cependant au XIIIe avait eu lieu une tentative d’union de l’Église nestorienne avec l’Église romaine, grâce à la médiation des missionnaires dominicains, envoyés en Orient par les papes. Un voyage célèbre est celui qu’entreprit Rabban Bar Sauma, envoyé en Europe par le patriarche nestorien Mar Yabahada, en 1287-1288, afin de signer un pacte entre les Mongols, à moitié christianisés, et les rois de France et d’Angleterre, en vue de la réconciliation des deux Églises. Le plus curieux c’est qu’à l’occasion de cette visite, le prélat nestorien célébrera librement la messe dans les églises et cathédrales catholiques et recevra même la communion pascale des mains du pape Nicolas IV. Un an plus tard, en 1289, le même pape envoyait en Orient le franciscain Jean de Montcorvin, avec des lettres pour les rois d’Arménie et de Perse (celle-ci gouvernée par les Mongols), et pour l’empereur de Chine. Si ces voyages n’obtinrent pas les résultats escomptés, ils permirent néanmoins aux deux Églises de se connaître mutuellement. En 1445, suite au concile de Florence, l’évêque nestorien de Chypre passa au catholicisme avec toute sa communauté. Depuis lors, par décision du pape Eugène IV, tous les assyriens unis au Saint-Siège sont désignés sous le nom de chaldéens.> de nos jours, Les relations œcuméniques sont excellentes.
En 1995, l’Église catholique et l’Église assyrienne ont signé ensemble un document qui mit fin à la controverse théologique remontant au concile d’Éphèse, où fut condamnée la doctrine de Nestorius qui affirmait la dualité des personnes dans le Christ. A présent, après 15 siècles, on s’est rendu compte que, malgré les divergences dans la terminologie et celles qui découlent de la diversité culturelle, les deux Églises confessaient la même foi christologique, à savoir: deux natures dans le Christ et unité de la personne du Verbe. Le document le dit clairement: « Notre Seigneur Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme, parfait en sa divinité et parfait en son humanité. La divinité et l’humanité sont unies en la personne du même et unique Fils de Dieu et Seigneur Jésus-Christ ». Toutefois, le document signale que la pleine unité n’est pas encore atteinte et qu’en conséquence « nous, ne pouvons toujours pas célébrer ensemble l’eucharistie, signe d’une communion ecclésiale totalement rétablie »Quelques années plus tard, en 2001, ce pas a pourtant été franchi par le Conseil pontifical pour la promotion de l’Unité des Chrétiens dans une note d’orientations pour l’admission à l’Eucharistie entre l’Eglise chaldéenne et l’Eglise assyrienne d’Orient.
« Considérant la tradition liturgique de l’Eglise assyrienne d’Orient; l’explication doctrinale à propos de la validité de l’anaphore de Addai et Mari; le contexte actuel dans lequel vivent les fidèles assyriens et chaldéens; les réglementations prévues par les documents officiels de l’Eglise catholique; le processus de rapprochement entre l’Eglise chaldéenne et l’Eglise assyrienne d’Orient, sont énoncées les dispositions suivantes:
1. En cas de besoin, les fidèles assyriens peuvent participer à une célébration chaldéenne de la Sainte Eucharistie et recevoir la Sainte Communion. De même, les fidèles chaldéens pour qui il est physiquement ou moralement impossible de s’approcher d’un ministre catholique, peuvent participer à une célébration assyrienne de la Sainte Eucharistie et recevoir la Sainte Communion.
2. Dans les deux cas, les ministres assyriens et chaldéens célèbrent la Sainte Eucharistie selon les prescriptions et les coutumes liturgiques de leur propre tradition.»
Suivent deux autres dispositions l’un très technique, l’autre rappelant que cette admission réciproque est à l’usage exclusif des églises assyro chaldéennes.
Reste que, sans faire beaucoup de bruit, un pas de géant a été fait, peut-être le plus grand pour l’unité des chrétiens ces dernières années. n