La fondation de l’Église copte catholique
Une petite communauté de coptes catholiques s’étant constituée, elle reçoit en 1741 de Rome son premier « vicaire apostolique » en la personne d’Athanase, évêque copte orthodoxe de Jérusalem (en résidence au Caire) qui avait souscrit deux ans plus tôt à une profession de foi catholique. Il ordonne quelques prêtres égyptiens et crée un embryon de structure ecclésiale. Mais parallèlement (1745), le pape renforce la mission latine sous l’autorité d’un préfet franciscain, au point que se constituent deux structures parallèles pour l’administration d’une communauté si réduite. Rapidement appelée à trancher le conflit, Rome donne le sentiment d’hésiter et prend des décisions contradictoires. En 1758, elle reconnaît la primauté du préfet latin sur le vicaire apostolique copte. En 1780, elle choisit l’orientation inverse : un « administrateur apostolique » ayant le titre d’« évêque du Caire » est institué et la mission franciscaine est clairement mise à son service. Les tracasseries ne cessent pas pour autant et la croissance de l’Église copte catholique s’en trouve directement entravée.
Aussi, à la différence des autres Églises uniates en milieu arabe, celle des coptes catholiques n’est-elle pas érigée avant longtemps en patriarcat. Des vicaires apostoliques se succèdent tout au long du XIXe siècle à la tête de la petite communauté qui ne dépasse pas quelques milliers de fidèles. Sa reconnaissance civile par les autorités égyptiennes s’en trouve longtemps retardée : elle n’intervient qu’en 1866, soit bien après l’émancipation des autres communautés uniates par la Sublime-Porte (Nom donné au Sultan Ottoman d’Istanbul), à la faveur du développement dans le pays de l’influence des puissances européennes. À la fin du XIXe siècle toutefois, un mouvement de conversion au catholicisme est relancé. Les jésuites reçoivent en 1879 mission d’ouvrir le premier séminaire. La création d’un patriarcat copte catholique est décidée en 1895 (constitution apostolique Christi domini). Trois diocèses furent institués avec trois Evêques, dont le jeune prêtre Guirguis Maqar, formé par les Jésuites, qui prit le nom de Kyrollos, et fut nommé Vicaire Apostolique. En 1898, il réunit le Premier Synode d’Alexandrie. En 1899, il fut promu Patriarche, et prit le nom de Kyrollos II.
Deux traditions fondatrices
Deux événements fondamentaux, rapportés par la tradition, soutiennent jusqu’à aujourd’hui la ferveur des Coptes et fondent leur histoire ; deux faits attestés dans la Bible mais entourés d’obscurité sur le plan historique.
Le premier, c’est la fuite en Egypte et, par conséquent la présence de Jésus en Egypte dès sa petite enfance. Quelques citations bibliques viennent à l’appui de cette tradition, non seulement le Nouveau Testament pour la fuite elle-même, mais des annonces ou des textes pensés comme tels dans l’Ancien Testament, par exemple le chapitre 19 d’Isaïe, que les coptes invoquent volontiers comme fondateur de leur Église : « Voici que le Seigneur, monté sur un nuage léger, vient en Égypte… il y aura un autel à l’Éternel au milieu du Pays d’Egypte… et les Égyptiens connaîtront l’Éternel en ce jour-là…»
Appuyée sur de tels textes, l’Egypte se forge l’idée qu’elle jouit d’un statut particulier, qu’elle soit maudite ou objet de conversion. Ses habitants la ressentent comme un pays privilégié depuis le début.