Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

La prière qui a porté le pèlerin

Marie-Armelle Beaulieu
21 novembre 2010
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Ou comment des prières d’enfants du caté d’une paroisse de Paris
ont été déposées par des Lyonnais dans les fentes du mur de Jérusalem et comment on finit par ne plus savoir qui porta qui.


Un jour, une animatrice en catéchèse parlait de Jésus et de sa ville Jérusalem à son groupe de petites têtes blondes et brunes et rousses. Et, parce qu’on n’est pas chrétien tout seul, ni adulte ni lorsqu’on a 9 ans, elle expliqua aux enfants que des grandes personnes de la paroisse allaient partir en pèlerinage en Terre Sainte. Mais ils partiraient en emportant un petit bout du groupe de caté. Chacun allait inscrire une intention de prière sur un petit papier et les pèlerins le déposeraient dans les interstices du mur du Temple, là où Jésus lui-même se rendait plusieurs fois par an en pèlerinage. Là où il avait parlé avec les docteurs de la loi alors qu’il n’était encore qu’un enfant. Ce même Temple dont il avait prévu la destruction mais qu’il avait depuis remplacé par son propre Corps… Aussitôt dit, aussitôt fait et les petits papiers furent confiés au responsable des pèlerins. Mais voilà qu’un volcan islandais fit trembler toute la planète avec un écran de fumée et colla au sol les pèlerins et les petits bouts de papier. Mince. La catéchiste qui avait plus d’un tour dans son sac et une cousine vivant à Jérusalem ne se laissa pas démonter. Les enfants avaient confié une prière au Seigneur il fallait être bien sûr qu’elle arrivât à destination. C’est dans une enveloppe qu’elles atterrirent à Jérusalem sur le bureau de la cousine… Oups… une quarantaine de prières… Le dépôt de prière en gros, cela ne se fait pas. Chacune est singulière chacune est une histoire sacrée. Il va falloir que la cousine trouve de l’aide.

Le Seigneur, même s’il s’était bien amusé d’avoir soufflé sur un nuage, un peu comme on joue avec une brindille dans une fourmilière, avait bien l’intention d’entendre les prières des enfants, lui qui a toujours eu un faible pour ceux qui leur ressemblent.

Il envoya donc à Jérusalem un groupe de pèlerins qui renonceraient à tout voir, à tout visiter (il y a tellement de belles choses !). Mais ceux-là prendraient chaque jour le temps de prier dans un lieu saint, pas seulement la messe et zou c’est fini mais vraiment, ils prendraient le temps de laisser les choses descendre jusqu’au fond de leur cœur. Ils voulaient faire non pas un pèlerinage-marathon, mais un pèlerinage-retraite spirituelle. Il fallait encore que ce groupe-là entende parler des petits papiers restés en carafe sur le bureau de la cousine. Facile !

Le Seigneur confia cela à saint Joseph… C’est grâce à saint Joseph que la cousine avait fait la connaissance d’Anne qui conduisait le groupe des pèlerins retraitant. Rendez-vous fut pris : jeudi à quatre heures.

Chaque membre du groupe prit une ou deux prières pour qu’aucune ne soit laissée de côté. Et chacun la lut pour soi, pour la porter plus haut vers le Seigneur, pas seulement la mettre dans les fentes du mur, mais la porter dans son cœur longtemps, longtemps.

Les hommes d’un côté, les femmes de l’autre comme le veut l’usage au mur occidental, qu’on appelle aussi mur des Lamentations. On prit des photos, avant et pendant. Tout le monde était heureux. Même si un grand groupe de soldats nous empêcha de faire la traditionnelle photo souvenir.

Le soir, les pèlerins parlaient encore ensemble de cette expérience et écrivirent même une carte à la catéchiste et aux enfants pour les remercier. Eux avaient porté les petits papiers, mais ce sont les enfants qui les avaient conduits au Seigneur ce jour-là. « Personnellement, je ne serais pas allé au mur si je n’avais pas eu cette mission à remplir, dit l’un, mais je suis si heureux de l’avoir fait. » « Je voulais aller au mur mais je ne sais pas si j’aurais su y prier. La prière que j’avais à déposer m’a aidée. » « J’avais déjà une prière de mes propres enfants à déposer, intime, et celle de l’enfant était si belle qu’elle m’a donné une émotion extraordinaire. » « Au mur, j’ai eu un moment difficile à passer, personnellement, mais l’enfant dont je tenais la prière m’a prise par la main pour y aller, je l’ai senti très fort. » « Je n’aurais probablement pas eu l’idée de glisser un papier personnel, mais j’ai été heureuse d’être la messagère d’un autre. » « Cela m’a aidé et pourra m’aider encore à comprendre ce que d’autres vivent à cet endroit-là. » Voilà, grâce à un volcan islandais, un groupe de pèlerins a connu dans la prière un groupe d’enfants du caté. C’est un peu cela la communion des saints. Merci aux enfants, merci aux pèlerins et nous souhaitons de tout cœur que les pèlerins de la paroisse qui ont été cloués au sol par un volcan islandais viennent bien vite eux aussi prier à Jérusalem.

Dernière mise à jour: 21/11/2023 12:43

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