Le père Frédéric Manns relit le synode à 1a la lumière des deux massacres de chrétiens survenus en Irak et en Egypte.
Après la prise d’otages dans la cathédrale syro-catholique de Bagdad qui a fait 46 morts parmi les fidèles, après l’attaque d’Al Qaida contre les Coptes d’Égypte accusés de garder prisonnières des femmes converties à l’Islam dans des monastères, après l’incendie de trois Églises dans le Caucase où sévissent des groupes musulmans, je commence à mieux comprendre l’enjeu du synode d’octobre dernier. La vocation des chrétiens d’Orient est d’être d’éternels marcheurs, sans cesse en route comme leur père Abraham. ils n’ont pas le droit de s’installer.
C’est un fait que l’occident veut ignorer : le christianisme est devenu la religion la plus persécutée dans le monde. Au point de départ du synode et durant les débats le problème de l’émigration des chrétiens du Moyen Orient revenait sans cesse. « Ces chrétiens qu’on assassine ». Le titre révélateur de ce livre en dit long. C’est tristement la réalité de l’Orient qu’il analyse.
Dans de nombreux pays musulmans où les minorités chrétiennes subsistent par miracle la persécution contre les disciples de Jésus continue. On les dit trop proches des Juifs.
En Turquie le martyre de Monseigneur Padovese est passé sous silence pour ne pas avoir d’histoires avec le gouvernement. Les communautés chrétiennes de ce pays sont cependant antérieures à l’Islam et ont donné au monde chrétien des théologiens de qualité. Qu’on pense aux Cappadociens sans oublier Ignace d’Antioche.
En Égypte et au Liban les communautés coptes et maronites se replient sur elles-mêmes ou émigrent. « Comment pouvons-nous demander à nos enfants de rester dans le pays, alors que leurs grands-parents vivent tranquillement en Amérique et en France ? »
En Irak la guerre continue à précipiter les chrétiens dans le malheur. L’agression américaine a transformé les chrétiens en représentants de l’Occident honni.
La liste pourrait être facilement allongée.
Pendant des siècles les musulmans devenus majoritaires et les chrétiens ont fait bon ménage. Depuis cinquante ans le réveil de l’Islam sous sa forme agressive est source de préoccupation pour les chrétiens. Paradoxalement la démocratisation des régimes renforce l’intolérance.
Pendant des siècles les musulmans devenus majoritaires et les chrétiens ont fait bon ménage. Depuis cinquante ans le réveil de l’Islam sous sa forme agressive est source de préoccupation pour les chrétiens. Paradoxalement la démocratisation des régimes renforce l’intolérance.
Le synode d’octobre n’avait d’autre but que d’attirer l’attention des chrétiens sur ce drame que vivent les Églises d’Orient.
Alors qu’en Occident le règne du pluralisme et de la tolérance s’impose, en Orient l’Islam fondamentaliste s’impose de façon exclusive. Cependant l’islam modéré se rend bien compte que le départ des chrétiens de l’Orient serait un désastre pour tous, l’Islam y compris.
C’est la peur qui a gagné tout l’orient, peur de l’autre dans sa diversité, peur du futur. Jésus avait demandé à ses disciples : « Ne crains pas petit troupeau ». La Palestine d’alors était également en proie aux troubles politiques.
Le pape demandait aux pères synodaux de prendre un peu de hauteur et d’analyser les problèmes du Proche-Orient avec le regard de Dieu. C’est dans ce contexte de peur du futur que certains pères synodaux arabes ont voué Israël aux gémonies après le synode. Les journalistes n’attendaient que cela. Pourtant le synode avait condamné officiellement toute forme d’antisémitisme et d’antijudaïsme.
Ce contexte politique tendu obligera les catholiques minoritaires à s’unir ou à disparaître de l’Orient. Ils sont appelés à décider de leur propre sort.
Dernière mise à jour: 21/11/2023 12:20