« Alors père Paul, vous avez sérieusement cru que je ne mettrai rien sur vous à votre mort dans la revue ? »
En cinq ans de travail en commun au service de la revue, je ne l’ai jamais vu se mettre en colère ni me faire le moindre reproche quand bien même nos différences d’approches générationnelles et mon ardeur à tout bousculer dans la revue, la mise en page, le style, la nature des articles et les planifications ont pu le heurter. Le seul moment où j’ai senti que cela coinçait un peu – encore qu’il n’ait rien dit – c’est quand j’ai supprimé toutes les nécrologies avec un impitoyable « Laissez les morts enterrer les morts ».
Mais voilà père Paul, vous n’êtes pas mort. Enfin, vous ne pouvez pas l’être pour moi après l’exemple que vous m’avez donné. Nous sommes juste vous et moi de chaque côté du miroir et j’imagine avec quelle ardeur tranquille vous travaillez aujourd’hui à étancher votre soif de savoir, votre soif de Dieu.
Le souvenir que je garderai du père Paul c’est sa capacité à l’émerveillement et sa façon de se réjouir des découvertes des autres, de la joie des autres.
Il est l’ami de l’Époux dont parle l’Ecriture.
« L’époux, c’est celui à qui l’épouse appartient ; quant à l’ami de l’époux, il se tient là, il entend la voix de l’époux, et il en est tout joyeux. C’est ma joie, et j’en suis comblé. »
Jn 3, 29.
Dans la souffrance qui a été la sienne pendant sa maladie, le père Paul ne s’est jamais départi de cette joie de la joie des autres ni surtout d’entendre la voix de l’Époux qui s’éclairait à mesure que ses forces déclinaient.
Avec quelle joie il venait aussi à moi me remettre les courriers d’encouragements pour les modifications de la revue.
Au mois d’avril dernier et malgré son état de santé, je lui avais apporté des pages à relire. Je sentais depuis plusieurs mois déjà son absence à la rédaction. Il a assuré jusqu’en mai 2009 la fourniture d’articles de fond. Je continuais cependant à lui faire part au fur et à mesure de mes déboires et difficultés, de mes joies aussi. Il participait à tout dans l’écoute attentive.
Je ne sais pas si j’ai jamais rencontré autant d’humilité. Je sais en revanche que c’est ce qu’il me laisse en héritage, comme une graine à cultiver et je sais bien qu’il rit gentiment de ce petit tour qu’il me fait sachant pertinemment qu’en culture d’humilité je n’ai pas la main verte ! Mais je reconnais bien là le côté espiègle qu’îl se permettait parfois.
Père Paul l’avenir de la revue dépend plus que jamais de votre sollicitude. Nous comptons tous sur vous. Merci père Paul de rester avec nous et de nous accompagner sur le chemin d’un peu plus haut.
Dernière mise à jour: 21/11/2023 12:51