Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Terre Sainte, terre des hommes

Marie-Armelle Beaulieu
30 septembre 2011
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Durant les vacances que j’ai passées en France, je me suis fait mordre, à la main, par un chien.


Durant les vacances que j’ai passées en France, je me suis fait mordre, à la main, par un chien. Je n’ai pas eu à souffrir les affres de la douleur que me promit le médecin qui le premier inspecta la façon dont l’animal, et bien nommé Pirate, mâchouilla mon majeur le temps qu’on lui fît lâcher prise. C’est bien la peine de passer pour une héroïne auprès de mes nombreux cousins, au seul motif que je vis dans un pays en guerre, pour vivre la plus grande aventure et blessure de ma vie à la sortie d’une salle de traite en Bourgogne !
Cette aventure m’a immédiatement réjouie. Elle est le démenti à mon prétendu héroïsme. Vivre en Israël/Palestine me paraît moins dangereux que la conduite de nuit au volant de la voiture de mon père sur des routes de campagne françaises. Je craignais moins pour ma vie que pour son radiateur. Imaginez si j’avais croisé le trajet de quelques sangliers ou biches sur ces chemins bordés de forêts. Rentrés indemnes, le radiateur et moi, nous n’étions pas peu fiers de cette victoire-là !
En France, j’ai vécu quelques jours proche de la terre, de son rythme, de ses odeurs avec un plaisir non dissimulé pour ne réaliser que davantage combien ma connaissance de la Terre, celle que l’on dit Sainte, est trop intellectuelle. À force d’histoires et de conflits on ne voit plus la vie.
Mon oncle Louis, qui a fait un pèlerinage en 1990 dont il se nourrit encore, me disait son regret de ne pas avoir pu rencontrer les gens dans leur quotidien. Que n’ai-je pu à l’époque l’emmener voir les cultures maraîchères d’Ortas, les exploitations laitières, les troupeaux de chameaux et de brebis, les tourneurs sur bois, les céréaliers, tout ce qui parle d’avantage à son bon sens et lui fait appréhender le monde différemment. Mes cousins m’interrogent sur le voile des femmes, sur les us et coutumes, sur la nourriture, le temps de travail etc. Autant de questions qui renouvellent mon regard sur le quotidien et me font réaliser pourquoi j’aime tant ce pays.
Je l’aime à cause des hommes et des femmes que je rencontre, qui aiment leur vie, qui aiment leur travail, qui trouvent chaque jour des raisons de se réjouir, de continuer, de se lever, qui ont des points de vue, qui les défendent avec passion, qui croient en Dieu – ou non – qui croient en l’homme – ou non – . Qui sanctifient cette terre non pas en étant des saints – pas encore – mais en étant des hommes avec des besoins, avec des rêves, avec des idéaux. C’est bien ce qui rend passionnante cette terre : sa densité de vie, sa densité d’humanité, aujourd’hui comme au cours des âges. Comme j’ai envie de faire aussi découvrir cette humanité-là, ferment de sainteté .

Dernière mise à jour: 31/12/2023 15:43