Quelle grande ville n’a pas son marché, typique, qui la caractérise et la rend souvent si attachante. Jérusalem a le sien. Il s’appelle Mahané Yéhouda (prononcez Marhané, avec rha guttural). Le Mahané Yehouda se trouve à dix minutes à pied de la Porte Neuve de la Vieille Ville. Il suffit de remonter la rue de Jaffa tout droit.
(Jérusalem/f.h) Quelle grande ville n’a pas son marché, typique, qui la caractérise et la rend souvent si attachante.
Jérusalem a le sien. Il s’appelle Mahané Yéhouda (prononcez Marhané, avec rha guttural).
Le Mahané Yehouda se trouve à dix minutes à pied de la Porte Neuve de la Vieille Ville. Il suffit de remonter la rue de Jaffa tout droit.
Le marché est organisé autour de deux rues principales. La rue Eitz Chaim abrite le marché couvert tandis que la rue Mahané Yéhouda à laquelle le marché doit son nom laisse place aux échoppes de plein air. Ces deux artères sont reliées par de petites rues qui portent le nom de noix, de fruits ou d’artistes : rue Arfasek (pêche), Agas (poire), Egoz (noix), Tapuach (pommes),Tut (baies).
Ici, on trouve 250 vendeurs de fruits et légumes frais, de poissons, de viandes et de fromages, de graines et d’épices, de vins et liqueurs, de vêtements et de chaussures, d’équipements ménagers, d’objets religieux et souvent à des prix défiant toute concurrence, spécialement quelques heures avant Shabbat quand il s’agit de liquider les denrées périssables.
Car le marché vit au rythme de la semaine. Du jeudi soir au vendredi, l’activité bat son plein à l’approche de shabbat. Il s’agit de faire le plein pour ne pas tomber dans le besoin lorsque les magasins seront fermés entre les deux couchers de soleil du vendredi et du samedi. Le lundi soir, il accueille des concerts de rues tandis que le mardi est plutôt le jour des « patrons ».
Et tout le monde se hâte le vendredi. Pourtant le marché a une grande amplitude horaire : ouvert dès les premières lueurs de l’aube il ferme vers 21 heures.
Tout Israël se côtoie au Mahané Yéhouda. Juifs religieux ou non, ashkénazes ou sépharades. On y parle toutes les langues y compris l’arabe.
Les clients sont principalement des juifs israéliens, mais pendant la période du Ramadan de nombreux palestiniens viennent s’approvisionner là car à cette époque de l’année les produits y sont moins chers qu’à Jérusalem-Est
Quant aux marchands, à la question de savoir s’ils sont juifs ou arabes, un vendeur d’épices irakien explique le visage rieur qu’ici tout le monde est mélangé et que la différence ne saute pas aux yeux.
Ce qui saute aux yeux ce sont les couleurs. Comment résister à ces étals de fruits et légumes, d’épices, de pâtisseries, sans parler des odeurs alléchantes et des harangues des vendeurs.
Et cela fait 125 ans que cela dure. En effet, le marché s’est installé là en 1887. Les marchands arabes et fellahs (travailleurs agricoles du Moyen-Orient) venant des villages à l’ouest de Jérusalem (comme Lifta par exemple) sont venus investir la place pour vendre leurs produits aux habitants vivant à l’extérieur de la vieille ville. Le marché prit de l’importance au fur et à mesure que les quartiers à l’extérieur de la vieille ville se développaient
Sous l’Empire ottoman, le marché s’est agrandi de façon anarchique, dégradant les conditions sanitaires si bien qu’à la fin des années 1920, les autorités britanniques ont vidé le marché et construit des stands permanents recouverts d’un toit.
En 1931, une nouvelle partie du marché se développa : le marché irakien.
La première génération de la famille des Banai, une famille d’artistes et de musiciens très connus en Israël, a vécu dans la rue HaAgas qui a été renommée Eliyahu Yaakov Banai Street en 2000. N 1 HaAgas Street est une chanson écrite par Ehud Banai décrivant l’atmosphère et la vie dans la maison.
Dans les années 2000, des marchands de nourriture éthiopienne ont commencé à vendre leurs produits sur le marché.
Il est comme ça le marché Mahané Yéhouda, il vit au rythme du pays et de ses habitants. Gageons que cela durera encore longtemps.