Les écologistes du monde entier et les gouvernements de la région n’en finissent pas de se mobiliser pour la mer morte qui agonise lentement. Mais alors que la catastrophe écologique se poursuit inexorablement, ses conséquences elles-mêmes donnent lieu à une nouvelle bataille entre Israéliens et Palestiniens. À qui appartiennent les terres que l’assèchement de la mer fait émerger ?
(Milan) – Les écologistes du monde entier se sont mobilisés depuis longtemps au sujet de la lente agonie de la mer Morte, dont les eaux s’évaporent au rythme d’un mètre par an. Même les gouvernements d’Israël, de Jordanie et de l’Autorité palestinienne se sont démenés dans le passé pour demander que la dépression la plus profonde de la planète soit inscrite au patrimoine de l’humanité de l’UNESCO pour être sauvée. Mais derrière la catastrophe écologique, se profile aussi une nouvelle bataille entre Israël et les Palestiniens. La raison, comme toujours, est la terre, c’est-à-dire cette partie de la côte, qui mesure près d’un demi-kilomètre de large en certains points, et qui a émergé des eaux du grand lac salé situé entre Israël, la Jordanie et les Territoires palestiniens occupés.
Selon le Conseil régional israélien de Megilot et pour la plupart des élites de la Force de défense israélienne (IDF, l’armée), il n’y a aucun doute: les nouvelles terres appartiennent à l’État juif, même celles du nord de la rive occidentale qui en réalité s’égrainent dans les territoires palestiniens. Sans même attendre le processus d’acquisition officielle par Israël, le Conseil Régional de Megilot (composé de quatre kibbutz, d’une meshav, ou coopérative agricole sioniste, et d’une autre communauté) a déjà approuvé un plan visant à construire de nouveaux parkings, boutiques et autres installations touristiques sur les terres émergées en zone palestinienne. Le projet est actuellement verrouillé pour laisser le temps aux avocats de l’Administration civile de l’armée (qui a jurisprudence sur la Cisjordanie) de compléter au moins le processus formel pour enregistrer les nouveaux territoires comme appartenant à l’État d’Israël. Suite à quoi, vraissemblablement, le nouveau tronçon de la côte, précieux pour le tourisme et les centres de bien-être, deviendra israélien et le Conseil de Megilot, irrité par ce qu’il définit de «bureaucratie stupide», pourra finalement procéder à ses désirs d’expansion de bâtiments.
Le cas des terres émergées de la mer Morte est le dernier chapitre d’une appropriation croissante de la part de l’État d’Israël (donc pas de la part des colonies) dans la vallée du Jourdain et sur la rive de la Mer Morte. L’administration civile de l’Idf -tel que rapporté par l’organisation Rabbins pour la paix – est poussée à transformer les territoires occupés par les installations de colonies en territoires appartenant de fait réellement et proprement à l’État d’Israël, en particulier dans la vallée du Jourdain. Des développements inquiétants, dénoncent ces mêmes «rabbins pour la Paix», car ils empêchent à l’éventuel État palestinien en Cisjordanie d’avoir une continuité territoriale, et ils représentent l’énième bloc de pierre qui s’abat sur des tentatives de négociations diplomatiques.