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Pape Chénouda III : la sollicitude d’un pasteur

Mamdouh Chehab ofm
20 mars 2012
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À la veille des funérailles du Pape Chénouda III, frère Mamdouh Chehab, franciscain égyptien de la Custodie au Caire témoigne des deux fois où il a eu l’occasion de rencontrer personnellement sa Sainteté.


(Le Caire/m.c)- Au long de son pontificat, j’ai eu l’occasion de rencontrer le Pape Chénouda III deux fois. La première fois remonte à l’année 1975. Je travaillais alors pour le compte du quotidien catholique du Caire, Le Messager. J’étais accompagné de M. Adel Labib, l’artiste qui préparait les «motifs» nécessaires de la revue copte-orthodoxe intitulée «al-Kirâza» dont le rédacteur en chef était le Pape Chénouda lui-même. J’ai été étonné de voir Sa Sainteté en simple soutane noire. J’ai été surpris de la simplicité de cet homme de  Dieu et de la facilité de l’accès pour le rencontrer. J’avais déjà accompli un voyage en Europe en 1973, et avais pu comprendre les difficultés qu’une personne rencontrait si elle exprimait le désir de voir le Pape de Rome.

La deuxième fois que je l’ai rencontré fut en 1986, un mois après ma  première profession. On était à Alexandrie pour participer à une prière liturgique présidée par le Pape Chénouda.  C’était la fête de saint Marc en la cathédrale copte-orthodoxe d’Alexandrie. Là aussi j’ai vu le Pape Chénouda III prêcher devant une assemblée en mouvement continuel à cause des enfants qui allaient et venaient. Les uns et les autres étaient assis par terre tout autour de la tribune devant laquelle le Pape donnait son homélie. Il n’a pas cherché à mettre de l’ordre. Il a respecté le comportement spontané des fidèles qui se considèrent chez eux lorsqu’ils sont dans une des maisons de Dieu. 

À la fin de la prière, il a tenu à remercier les frères catholiques qui étaient présents: feu Mgr Egidio Sampieri, Vicaire Apostolique d’Alexandrie pour les Latins, le père Joseph Mazloum, et l’un des pères franciscains sans mentionner le nom de ce père et pourtant il avait son nom dans la liste.  M’approchant pour le saluer, il s’est excusé de ne pas avoir dit mon nom car, pour lui, il n’y a pas de moine qui garde son nom civil. Malgré cette observation «papale», j’ai maintenu mon nom qui est tout à fait franciscain, car avec le correspondant italien de mon nom Notre Père Saint François avait commencé le cantique des créatures: «Laudato sii, mi Signore», « Je te loue toi mon Seigneur ».

Le décès du Pape Chénouda nous donne l’occasion d’évaluer son œuvre au sein de l’Église et de l’Égypte.

Tout de suite, après le décès du Patriarche copte, le porte-parole de l’Église catholique en Egypte,  le père Rafiq Greiche, du clergé grec-catholique, et directeur actuel de l’hebdomadaire catholique local «Le Messager», a exprimé ses condoléances. Il a dit que la mort du Pape Chénouda III était une perte énorme pour l’Église universelle en général et l’Église d’Égypte en particulier. Il a précisé que l’ Église catholique voyait en lui un patriote de premier ordre. L’Égypte était toujours présente dans son cœur, comme lui-même était présent dans son cœur. Il était hautement patriotique surtout dans les moments difficiles et la période de transition politique que l’Égypte vit actuellement. 

Il a ajouté que l’Égypte avait besoin d’un tel pasteur doué de sagesse et de compétences. Mais la volonté de Dieu était plus forte de tout.

Le père Rafiq adressait ces condoléances «au nom de la Hiérarchie catholique en Égypte, en particulier au nom du Cardinal Antonios Nagib, président de la Hiérarchie et Patriarche copte-catholique, du Patriarche Grégorius Lahham, du Patriarche Bichara al-Ra‘î actuellement en visite en Égypte, ainsi qu’au nom de tous les évêques en Égypte. ».

Par ailleurs, il faut signaler que les autorités chrétiennes de toutes les Églises en Égypte ont demandé à leurs fidèles d’élever des prières particulières pour le repos de son âme.

Avec la mort du Pape Chénouda, le 117e patriarche, un service papal de 40  ans arrive à son terme. Un service qui a été distingué par l’ouverture à toute l’Égypte: chrétiens et musulmans. Un Patriarche qui a ouvert les portes de son siège papal à l’occasion des iftars du mois de Ramadan. Un service caractérisé par un esprit missionnaire qui a traversé les océans et continents. Un service caractérisé par une forte confiance en Dieu. Fameuse est sa phrase « rabbena mawgoud (= Dieu est présent). L’Église l’a qualifié «maître des générations» et «ami des multitudes».

Ces jours de deuil national sont une découverte de la richesse de la personnalité de ce Pape qui est allé à la rencontre de Dieu à l’âge de 89 ans. Qu’il repose en paix.

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