Célébré tous les ans le 28 du mois Iyar selon le calendrier hébraïque - cette année dimanche 20 mai - le Yom Yeroushalaïm, le jour de Jérusalem, a connu son point d'orgue avec la "parade des Drapeaux". Quelque 20000 jeunes gens, venus de tous les pays ont défilé brandissant les couleurs israéliennes jusqu'au Kotel (mur occidental). Le passage par le quartier musulmans a donné lieu aux (hélas) traditionnelles provocations.
(Jérusalem/mab) L’information circulait la veille dans Jérusalem-Est, sonnant comme un rappel. «Demain c’est Yom Yeroushalaïm», le «Jour de Jérusalem». Les uns songeaient alors qu’ils devraient fermer leurs magasins, les autres prenaient leurs dispositions pour ne pas avoir à venir aux abords de la porte de Damas, beaucoup haussaient les épaules. Pour Abou Mohamad, c’est un «mauvais jour à passer». Il a «donné consigne à sa femme de ne pas laisser sortir les enfants. J’en ai un, un peu nerveux.» Entendez qu’en cas de confrontation, il ne serait pas contre aller jouer des coudes.
C’est que le Jour de Jérusalem, qui commémore – pour les Israéliens – la réunification de la ville à la suite de la guerre des Six jours, ne passe pas inaperçu à Jérusalem-Est. Cette journée, célébrée tous les ans le 28 du mois Iyar selon le calendrier hébraïque et qui tombait cette année dimanche 20 mai, donne lieu à de nombreuses provocations dans le quartier musulman de la Ville Sainte. Et les jeunes Palestiniens que ces défilés de drapeaux israéliens irritent passablement cèdent vite à la provocation quand ils ne la suscitent pas. Et cela n’a pas manqué. Quelques altercations ont émaillé le défilé de quelque 20000 jeunes gens, venus de tous les pays, brandissant les couleurs israéliennes jusqu’au Kotel (mur occidental)
Pourtant, après les débordements de l’année dernière dans les rangs des jeunes israéliens défilant lors de la Parade des drapeaux, point d’orgue de trois jours de commémoration, des rabbins avaient appelé au calme et fait valoir que Jérusalem mériterait d’être juive si elle savait demeurer ouverte aux « autres ». On ne devait donc pas scander de slogans racistes ni bousculer quiconque. Las. Bien que moins violente que l’année passée, la parade, de l’expression de la joie de pouvoir se rendre de nouveau vers le lieu le plus saint du judaïsme, passa à celle d’un nationalisme exacerbé où tout non sioniste voire non juif n’a plus sa place à Jérusalem.
De toutes les célébrations israéliennes à l’occasion de Yom Yeroushalaïm, la parade des drapeaux est la plus symbolique mais aussi la plus controversée tant elle prend des dehors de provocation à Jérusalem-Est. Pourtant, pour l’immense majorité, les Israéliens ont célébré cette commémoration de façon pacifique et l’immense majorité des arabes de Jérusalem ont fait le gros dos devant les provocations. Dans la soirée néanmoins, dans Jérusalem-Est une sono diffusait des chansons arabes à tue-tête et quelques slogans se souvenaient du déroulement de la journée.
Suivant le côté où on la voit, la journée de Jérusalem est riche en contrastes mais pour quiconque observe un peu la vie de la ville il semble que, 45 ans après sa réunification, Jérusalem est plus divisée que jamais.