Une ONG franciscaine au service des chrétiens de Terre Sainte
L’organisation ATS pro Terra Sancta est sur tous les fronts pour venir en aide aux chrétiens de Terre sainte. Basée à Jérusalem, elle cherche des volontaires francophones pour développer ses activités. Rencontre avec Miriam Mezzera, permanente à l’association.
Quel est l’objet de l’ONG Association Terre Sainte ?
L’Association Terre Sainte a pour but de soutenir les chrétiens de Terre Sainte dans le cadre des œuvres et initiatives entreprises par les franciscains de Terre Sainte sur l’ensemble du territoire où ils sont présents depuis près de huit siècles soit : Israël, les Territoires palestiniens, le Liban, la Syrie, la Jordanie, l’Égypte mais aussi les îles de Chypre et Rhodes. On appelle cette province franciscaine la « Custodie de Terre Sainte ».
La Custodie ne vit-elle pas de la générosité des fidèles et pèlerins ?
Oui pour l’essentiel. Mais ces dernières années, nous avons assisté, à une érosion des dons en faveur de la Terre Sainte et depuis la crise financière à une véritable chute. Cette érosion est due à deux facteurs principaux. La diminution du produit de la collecte du Vendredi Saint (1). En effet, le nombre de chrétiens diminue dans les pays d’Europe, traditionnellement donateurs. De nombreuses paroisses n’organisent pas cette quête demandée par le Saint Siège. De plus dans plusieurs pays, des scandales financiers de détournement d’argent ont amené les donateurs à être plus regardants sur ce qu’ils donnaient et la façon dont cet argent était utilisé. Les fidèles sont plus réticents à donner à une quête sans connaître la destination de leur don. Il a donc fallu trouver d’autres canaux financiers et répondre aux exigences des donateurs qui veulent pouvoir cibler une aide, c’est pour cela que les franciscains se sont dotés d’une ONG.
Que vous apporte cette forme juridique ?
Ce n’est pas une congrégation religieuse qui fait un appel de fond mais une organisation non gouvernementale (ONG) sans but lucratif. Elle vient en soutien de la Custodie mais ce n’est pas la Custodie. De ce fait, des entreprises ou des collectivités locales peuvent répondre favorablement à un appel à contribution pour un projet culturel ou d’aide sociale.
Vous faites un appel à des volontaires francophones ?
Oui. L’ONG est née grâce à des volontaires italiens mais notre site internet existe déjà en cinq langues, dont le français, grâce d’ailleurs à des traducteurs bénévoles. Mais nous désirons nous internationaliser davantage.
Que font les volontaires de l’ONG ?
C’est extrêmement varié. Certains nous aident de là où ils vivent comme les traducteurs, les informaticiens, les graphistes pour les maquettes et les dépliants. D’autres viennent pour une période de service à Jérusalem pour suivre un projet plus particulièrement dans des domaines de compétences variés, architecture, photographie, recherche de fonds, bricolage etc.
Quel profil cherchez-vous s’agissant des francophones ?
S’il faut s’en tenir à la langue française, je dirai des traducteurs (nous manquons de traducteurs de l’italien au français) et des gens capables de présenter nos projets devant des entreprises et collectivités locales françaises. Peut-être même avant cela aurions-nous besoin de conseillers juridiques voire fiscalistes pour rendre, si besoin est, la forme juridique de l’ONG compatible avec la loi française. Mais à part cela, si des étudiants en école de commerce veulent venir monter ici un projet et le suivre, ils sont les bienvenus.
À quoi pensez-vous ?
Je pense surtout à des projets de merchandising… pardon pour ce mot anglais. C’est-à-dire la création et réalisation de produits que nous pourrions ensuite vendre au profit des projets que nous portons. On peut tout imaginer. Des T-shirt, des cartes postales, des dessous-de-table, des magnets etc. Aujourd’hui nous avons une liste de produits auxquels nous pensons, mais il nous manque des graphistes, et la personne pour prendre en charge tous les aspects du dossier de la création à la commercialisation/diffusion. À vrai dire, les idées ne nous manquent pas et les besoins sont immenses.
C’est le type de projets que vous soutenez ?
Non ces produits annexes sont une façon de diversifier les sources de revenus. Les projets pour lesquels nous cherchons des fonds (et parfois des ressources humaines) sont extrêmement variés, parce que les besoins sont divers et aussi afin que le plus grand nombre de donateurs, chacun suivant sa sensibilité, puisse trouver une action à soutenir.
La situation d’urgence que nous portons le plus actuellement c’est la Syrie. Des franciscains sont présents dans plusieurs villes de Syrie et toute sorte de personnes, de tous les camps en présence viennent leur demander de l’aide. De la nourriture et des médicaments pour l’essentiel. Il se trouve que les frères de Syrie bénéficient jusqu’à ce jour de l’aura pacifique de saint François d’Assise et de l’impact de leur présence séculaire, si bien qu’ils arrivent à se déplacer et surtout à faire circuler des produits. Encore faut-il acheter ce dont les gens ont besoin.
Et en Terre Sainte au sens strict ?
Le projet qui tient spécialement à cœur aux chrétiens de Terre Sainte, c’est tout ce qui touche à leur logement. C’est le projet que nous avons appelé « Pierres de la Mémoire » et qui est en fait un programme de rénovation de tout le patrimoine bâti des franciscains en Vieille Ville de Jérusalem. Les franciscains y possèdent quelque 500 maisons où sont logées gratuitement autant de familles, si ce n’est plus. Certaines des maisons sont très anciennes. De plus, aussi étonnant que cela puisse paraître la Vieille Ville est très humide et de nombreux logements sont proches de l’insalubrité. Depuis trois ans, la Custodie restaure une à une toutes ces maisons. Parfois on ne garde que les murs pour rationaliser l’espace et gagner quelques mètres carrés. Tous les systèmes d’eau et d’électricité sont rénovés et mis aux normes. C’est plus d’un million d’euros qu’il faut trouver par an.
Pour ceux qui sont plus attachés aux lieux saints, ils peuvent soutenir les projets pour la mise en valeur de la cité de Capharnaüm, où la création d’un espace de présentation du Saint Sépulcre afin que la visite à la basilique soit plus consacrée à l’expérience spirituelle que réserve le lieu.
La liste de nos projets actuels est disponible sur notre site internet dans la section « Projets en Terre Sainte ».
Seuls des institutions sont sollicitées ?
Non, les particuliers peuvent aussi donner. Ici, comme ailleurs, ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières.
Si des volontaires se présentaient ils recevraient une réponse ?
Oui tous, mais peut-être de façon échelonnée dans le temps. De plus, ils comprendront qu’il y a une sélection et des critères précis dans l’hypothèse où la période volontariat bénévole est envisagée sur place en Terre Sainte. La plus grande difficultés que nous rencontrons pour l’accueil de volontaires sur place c’est le logement. Tous les couvents ne peuvent pas recevoir de femmes ou de couple par exemple et nous ne disposons pas en dehors des couvents de structure d’accueil pour l’hébergement, les hotelleries étant réservées aux pèlerins.
Y a-t-il un critère éliminatoire ?
Non, mais il serait pénalisant de ne parler que le français.
1. Pas en France toutefois grâce au travail fait par la représentation de la Custodie de Terre Sainte appelé Commissariat ou délégation de Terre Sainte, basée à Paris.