La techouva désigne dans le judaïsme le processus de repentance. Devant la multiplication des actes antichrétiens en Israël, comme ce jour de nouvelles insultes couvrant la porte d’un couvent, n’est-il pas temps pour le judaïsme contemporain, dans un État juif et démocratique, de mettre fin à l’enseignement antichrétien ?
(Jérusalem /m.-a.b.) – Mardi 2 octobre, à l’ouverture des portes du couvent franciscain du Petit Cénacle sur le Mont Sion, c’est la stupeur. Elles ont été une nouvelle fois couvertes d’insultes contre Jésus et sa mère. Quelques heures après, il n’y a plus rien à voir. Les frères ont recouvert l’inscription au plus vite, à croire que le pot de peinture est prêt. De fait, ce n’est pas la première fois que cela arrive.
La dernière fois que les frères franciscains en ont fait la « publicité », c’était il y a trois ans (le 16 décembre 2009). Et déjà les articles disaient que ce n’étaient pas la première fois. Asia News rapportait les propos du supérieur du couvent selon lequel tous les jours des hommes viennent uriner sur la porte du couvent. C’est aussi dans ce quartier que les religieux se font le plus souvent cracher dessus. Une action elle aussi qui, si elle n’est pas quotidienne, est habituelle dans la vie des religieux de ce quartier et du quartier arménien qui jouxte le quartier juif de Jérusalem Vieille Ville.
Aujourd’hui, l’ajout de la mention « price tag », « prix à payer », fera attribuer l’inscription à quelques juifs extrémistes en contestation avec la politique du gouvernement dans les colonies de peuplement en Cisjordanie. Comme il y a un mois à peine, sur le monastère cistercien de Latroun.
Mais à force de constater les actes anti chrétiens, il est manifeste que le problème est ailleurs.
L’Assemblée des Ordinaires de Terre Sainte touche un point névralgique en exprimant dans son communiqué du jour « son inquiétude sur l’éducation donnée aux jeunes dans certaines écoles où le mépris et l’intolérance sont enseignés. » « Plus que tout, l’Assemblée des Ordinaires demande à ce que le système éducatif change radicalement sinon les mêmes causes produiront les mêmes effets. »
Dans certains milieux, l’anti christianisme non seulement est la norme mais il confine à la mitsva, au précepte, à la bonne action. Ces milieux sont loin d’être majoritaires mais ils exercent une certaine influence dans le monde religieux juif en Israël. Cela dit, point n’est besoin d’être religieux pour être anti chrétien en Israël.
L’Église paie ici le prix fort de l’antisémitisme qu’elle elle enseigné. Mais l’Église a changé et en son sein, toute forme d’antisémitisme est clairement et irrévocablement dénoncé. L’Église a assumé et assume ses erreurs. Elle a fait techouva. La techouva désigne dans le judaïsme le processus de repentance. Elle a confessé son erreur et continue de le faire. Elle a regretté, et continue de le faire. Elle a demandé pardon et continue de le faire. Elle a pris des engagements et elle s’y tient. Il n’y a plus la moindre trace d’enseignement du mépris dans la catéchèse, l’enseignement chrétien aujourd’hui.
Y a-t-il encore des chrétiens antisémites ? Oui sans doute, en parfait désaccord avec l’enseignement contemporain de l’Église. Y a-t-il encore des « indélicatesses » dans les écrits contemporains de l’Église, il faut croire que oui car certains juifs les dénoncent.
Mais la volonté de l’Église ne souffre pas d’exception : elle veut extraire toute racine d’antisémitisme.
Cette même volonté existe-telle dans le judaïsme vis-à-vis du christianisme ?
On le sait, le talmud contient des propos anti chrétiens. Il est lu, relu, étudié, enseigné.
Certes en 2009 le Beth Din Tzedek – le tribunal de la communauté juive orthodoxe et la plus haute instance de la communauté juive ultra-orthodoxe à Jérusalem avait écrit une lettre intitulée « Provocations dangereuses ».
Elle disait : « Des gentils ont récemment porté plainte à plusieurs reprises à propos d’agressions multiples et d’insultes proférées contre eux par des jeunes irresponsables en différents points de la ville (…). Provoquer les gentils est non seulement une profanation du Saint Nom, ce qui en soi représente déjà un péché très grave, mais selon nos sages – bénie soit leur sainte et vertueuse mémoire – c’est interdit et cela peut avoir des conséquences tragiques pour notre communauté, dont Dieu puisse avoir pitié. Nous demandons donc à quiconque a le pouvoir de mettre fin à ces honteux incidents, par la persuasion, d’agir pour faire disparaître ces dangers, pour que notre communauté puisse vivre en paix. »
Puisse cet appel être réitéré par les plus hautes autorités du judaïsme de l’État d’Israël et suivi d’effets.