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Inauguration solennelle du pontificat du pape copte Théodore II

Terrasanta.net
20 novembre 2012
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Dimanche 18 Novembre, le pape Théodore II, 118e Patriarche d'Alexandrie des Coptes a été intronisé dans la cathédrale de San Marcos à Abasiya, au Caire. Mais le président égyptien Mohamed Morsi n'était pas présent à cette cérémonie solennelle à laquelle participaient des dizaines de milliers de personnes. Benoît XVI a exprimé ses félicitations dans une lettre personnelle confiée au cardinal Kurt Koch.


(Milan / cg) – Le dimanche 18 Novembre, le pape Théodore II, 118e Patriarche d’Alexandrie des Coptes a été intronisé dans la cathédrale de San Marcos à Abasiya, au Caire. Mais le président égyptien Mohamed Morsi n’était pas présent à cette cérémonie solennelle à laquelle participaient des dizaines de milliers de personnes. Son absence a été soulignée par les médias. La raison en est certainement la pression des fondamentalistes islamiques. En effet, le président avait été invité à l’inauguration, mais, dans les jours qui ont précédé la cérémonie, d’influents dirigeants salafistes s’étaient opposés à la présence d’un président égyptien lors d’une cérémonie religieuse « qui contredit la foi islamique ». Cependant, le gouvernement égyptien a été représenté par une délégation parmi laquelle se trouvait le premier ministre Hisham Kandil. Il y avait parmi les invités de marque des représentants de l’université islamique Al Azhar, des Frères musulmans et des églises orientales, dont le patriarche maronite, Mgr Bishara Rai, et le Patriarche latin de Jérusalem, Mgr Fouad Twal. Le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens représentait le Saint-Siège.

Le pape Théodore II, intronisé patriarche copte orthodoxe au cours de cette cérémonie, avait été élu le 4 novembre. Son nom avait été tiré par la main d’un enfant aux yeux bandés, parmi deux autres candidats. Comme le veut la tradition, les trois candidats avaient quitté la cathédrale en attendant le résultat des votes, se retirant dans un autre lieu. «Je suis allé au monastère d’Anba Bishoi, dans le désert de Libye, où j’ai passé plusieurs jours à jeûner, à lire et à prier. Le dimanche 4 novembre, le jour de l’élection, j’ai célébré la messe avec les moines à trois heures et demie du matin, puis je me suis retiré dans ma chambre. Vers dix heures, deux moines sont entrés dans ma cellule et nous nous sommes assis par terre pour entendre la messe célébrée dans la cathédrale de San Marcos, grâce au téléphone portable de l’un d’entre eux. Quand on a appris que l’enfant avait tiré le nom Bishoi, l’un des moines y a vu une prémonition : le nouveau pape viendrait du monastère d’Anba Bishoi, comme moi. J’ai commencé à comprendre que le nouveau pape était moi. Je suis resté silencieux. Soudain, le téléphone n’avait plus de réseau et l’un des moines sortit, le téléphone à la main, pour chercher sur le net… Quelques minutes plus tard, il arriva en courant dans ma cellule, se jetant dans mes bras et en disant que j’avais été élu pape. Tout est arrivé si vite… Quand nous sommes partis à l’église pour réciter une prière d’action de grâces, le monastère me reçut avec joie et enthousiasme. « 

La cérémonie à la cathédrale de San Marcos débuta par la lecture du Synaxarium, ou la longue histoire des saints de l’Église copte. Après la lecture, le pape élu, accompagné des évêques, des prêtres et des diacres, se dirigea vers l’entrée de la cathédrale, en face de la grande porte fermée. Le pape reçut une grosse clef ornée, symbole de la responsabilité à assumer. Théodore ouvrit la porte en prononçant un verset du psaume 118 : « Ouvrez-moi les portes de justice, j’entrerai pour rendre grâce au Seigneur ». Une fois qu’il fut à l’intérieur, au son des cloches de la cathédrale, le nom du nouveau pape fut solennellement annoncé. Théodore II fut revêtu des vêtements pontificaux et couronné ; il s’assit sur la chaire de l’apôtre saint Marc qui, selon la tradition, apporta le christianisme en Égypte.

Le premier discours du pape Théodore II, lu par un autre évêque, était axé sur la nécessité pour l’Église copte de devenir un troupeau uni sous la direction d’un seul pasteur, capable de rester uni et de servir les brebis par amour. Théodore, qui à différents moments de la célébration était au bord des larmes, a également exprimé ses plus sincères condoléances aux familles des victimes de l’accident de la route de Manfalout, en Haute-Égypte, qui a tué des dizaines d’enfant. Il a aussi prié pour être capable de s’acquitter de la responsabilité qui lui a été confiée.

Dès le début de son pontificat, le nouveau patriarche paraît vouloir confirmer qu’il sera un bon berger pour son peuple, capable de l’encourager et de  le conforter, et capable aussi de regarder l’avenir avec optimisme. Sa première interview, publiée par Al Watani, a porté sur les principaux problèmes auxquels l’Eglise copte devra faire face dans les années à venir, parmi lesquels le fondamentalisme croissant, l’émigration des chrétiens et le rôle politique des coptes. «Nous devons reconnaître que l’émigration est un choix personnel, a expliqué Théodore II. Dans de telles circonstances, certaines personnes choisissent d’émigrer, d’autres non. Je voudrais dire à ceux qui pensent émigrer, en raison de facteurs qui les conduiraient à améliorer leur situation à l’étranger: pourquoi perdre cette occasion ? Mais ceux qui veulent émigrer par peur, je leur dis: ne fuyez pas hors de l’Égypte. Notre Égypte est un des meilleurs lieux et elle réserve une plus grande reconnaissance des efforts et des contributions de ses enfants. Je suis convaincu que l’Égypte est une occasion unique et j’espère que  ceux qui ont en la capacité transformeront cette occasion en réalité. La beauté consiste précisément en la diversité et la polyvalence ; et l’Égypte, avec ses enfants chrétiens et musulmans, est riche d’une diversité que nous devons tous préserver. « 

En ce qui concerne le rôle des Coptes en politique, Théodore II a affirmé : «L’Église n’a pas de rôle politique à jouer, surtout depuis que la révolution du 25 Janvier 2011 a amené des jeunes coptes et musulmans à participer à différentes activités politiques. J’appelle les jeunes coptes, hommes et femmes, à prendre part aux diverses activités de l’école, de l’université, de la société civile. Je les invite à sortir des églises et à se rappeler les paroles de la Bible: «Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde ». Si le sel remplit sa mission, il se dissout. Notre cœur est ouvert à tous. Nous offrons notre amour à tous sans distinction, même à ceux qui nous haïssent. Je veux écrire une nouvelle page dans nos relations avec chaque personne et chaque courrant, y compris le parti Liberté et Justice des Frères musulmans. Je rends grâce au Seigneur parce que les relations de l’Église copte avec le président (Morsi) sont fondées sur l’affection et de respect. Nous demandons au Seigneur qu’il lui donne la force et qu’il l’aide à servir le pays.  » En ce qui concerne la montée de l’intégrisme islamique, Théodore II a déclaré : « Il est vrai que les courants islamistes sont plus florissants aujourd’hui, mais nous croyons à la dernière parole que Jésus nous a laissée :« Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde « .

L’Église copte célèbre l’élection du nouveau pape pendant trois jours. Benoît XVI, depuis Rome, s’est uni aux sentiments de joie des coptes, par l’envoi d’une lettre personnelle confiée au cardinal Koch. «  Je prie pour que l’Esprit Saint vous soutienne dans votre ministère de façon à ce que le troupeau confié à vos soins fasse l’expérience du Bon Berger. Qu’ils soient bénis par la sérénité pour offrir leur contribution précieuse au bien de la société et le bien-être de tous leurs concitoyens. » « Je prie aussi, a ajouté le pape, pour que les relations entre l’Église catholique et l’Église copte orthodoxe continuent de grandir en proximité, non seulement dans un esprit de collaboration fraternelle, mais aussi par l’approfondissement du dialogue théologique, pour qu’il nous permette de grandir dans la communion et de porter témoignage devant le monde de la vérité de l’Évangile qui sauve ».

La première année du nouveau pape copte se passera dans le jeûne, sauf pour les sept grandes fêtes prescrites : l’Annonciation, Noël, l’Epiphanie, le dimanche des Rameaux, Pâques, l’Ascension et la Pentecôte.

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