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Jordanie: vers une victoire des loyalistes aux législatives

Louise Couturaud
25 janvier 2013
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Le 23 janvier, ont eu lieu les élections parlementaires convoquées par le roi Abdallah II. Les résultats officiels de ces élections anticipées n’ont pas encore été divulgués, mais les résultats officieux annoncent une victoire des loyalistes. L’annonce de ces résultats devrait se faire d’ici peu, dans un contexte difficile, alors que le pays est confronté à un afflux de réfugies syriens : depuis le début de l’année 2013, ils sont environ 30 000 à avoir franchi les frontières jordaniennes pour fuir le conflit syrien.


(Jérusalem/l.c) – Le 23 janvier, ont eu lieu les élections parlementaires convoquées par le roi Abdallah II. Les résultats officiels de ces élections anticipées n’ont pas encore été divulgués, mais les résultats officieux annoncent une victoire des loyalistes. L’annonce de ces résultats devrait se faire d’ici peu, dans un contexte difficile, alors que le pays est confronté à un afflux de réfugies syriens : depuis le début de l’année 2013, ils sont environ 30 000 à avoir franchi les frontières jordaniennes pour fuir le conflit syrien.

La Jordanie, secouée par la crise syrienne et frappée de plein fouet par la crise économique est pour l’instant préservée des conflits qui ravagent les pays voisins. Une opposition grandissante au roi menace la stabilité du régime monarchique qui a pris l’initiative d’anticiper les élections. Les Frères Musulmans de Jordanie, une émanation des Frères Musulmans égyptiens, constituent le principal mouvement d’opposition. Mais comme l’explique le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Fouad Twal, l’appel au boycott des élections n’a pas été suivi : « Il est vrai que les Frères Musulmans ont boycotté ces élections dans un but clair et net de faire tomber le régime. Malgré ce boycott de l’opposition islamiste, plus de la moitié des électeurs jordaniens se sont rendus hier aux urnes, conscients de leurs droits et de leurs devoirs. On estime pour ces législatives un taux de participation à 56,5 % des 2,3 millions d’électeurs inscrits. Il s’agit là de citoyens qui ont à cœur le bien pour leur pays » a déclaré le prélat sur le site du patriarcat.

Les islamistes dénoncent des fraudes électorales et ont annoncé vouloir tout faire pour provoquer la chute d’un gouvernement dont ils ne reconnaissent pas la légitimité.

Le roi Abdallah II est confronté à plusieurs difficultés: une montée de cet islamisme radical sur fond de crise syrienne, une crise économique qui a provoqué depuis 2010 des soulèvements populaires. Mais il doit aussi trouver un équilibre politique qui permettrait de contenter les jordaniens bédouins et les réfugiés palestiniens qui constituent plus de 50% de la population jordanienne. En effet, suite à la guerre israélo-arabe de 1948, de nombreux Palestiniens se sont réfugiés en Jordanie. Un certain nombre d’entre eux ont obtenu la citoyenneté jordanienne, les autres – près de 2 millions – ont toujours le statut de « réfugiés ».

La base sociale des loyalistes est principalement constituée des tribus bédouines, elles aussi touchées par la crise économique. Le régime actuel doit donc rassurer cet électorat qui lui était favorable mais qui est de plus en plus mécontent. Quoiqu’il en soit, les appels à la démission du roi sont très loin d’être majoritaires et la situation n’est pas comparable à celle de la Syrie.

Sentant le vent de la contestation souffler, le roi a devancé les revendications des manifestants qui exigeaient des réformes en convoquant ces élections anticipées. Ce scrutin devrait permettre la mise en place d’un système parlementaire. Le roi devrait dorénavant consulter le Parlement avant de nommer le chef du gouvernement. Ce vote aurait dû permettre un affermissement du rôle des partis dans le paysage politique. En effet, la société jordanienne est caractérisée par le système des tribus : traditionnellement, les parlementaires sont des chefs de tribus plus que des hommes politiques issus d’un parti. Mais selon les résultats provisoires, sur les 150 sièges de la chambre basse du Parlement, la plupart des candidats élus seraient issus des anciennes assemblées ou seraient des hommes d’affaires, estime Mohamed Abou Roummane, chercheur au centre d’études stratégiques de l’Université de Jordanie. Or, « ces groupes n’ont aucun programme clair » pour instaurer le changement, a-t-il expliqué à l’AFP. Ces élections sont donc interprétées par certains comme le renforcement de l’influence des clans pro-gouvernementaux, les candidats des partis politiques ayant été moins soutenus.

Les femmes auraient obtenu 17 sièges, le quota minimal étant fixé à 15. On estime à 37 le nombre de candidats de l’opposition, la plupart islamistes, à avoir été élus.

En attendant les résultats définitifs, Mgr Fouad Twal souhaite que le roi continue d’être a l’écoute de son peuple et que les Jordaniens de toutes les confessions agissent en citoyen responsables : « Le régime jordanien avait entamé des réformes avant et pendant le « Printemps arabe ». Il a su contenir les manifestations qui auraient pu dégénérer et conduire au pire. Je forme l’espoir que les Frères Musulmans repensent leur politique et montent dans le bon train en prenant leurs responsabilités. »

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