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Bartholomée Ier entre dans l’histoire à la messe inaugurale du Pape

Edward Pentin
20 mars 2013
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La présence du Patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée Ier, à la messe inaugurale du Pape François montre à quel point les relations se sont normalisées depuis le Grand Schisme de 1054. C’est la première fois depuis plus de mille ans qu’un chef grec orthodoxe assiste à une inauguration papale.


<(Rome) – La présence du Patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée Ier, à la messe inaugurale du Pape François montre à quel point les relations se sont normalisées depuis le Grand Schisme de 1054.

« C’est un geste qui souligne les bonnes relations que nous avons développées ces dernières années et qui exprime ce souhait que nos liens d’amitiés grandissent encore au cours de cette nouvelle ère, » a confié Bartholomée dans un interview à la télévision NTV peu avant de partir d’Istanbul. « Je nourris beaucoup d’espoir sur cette question. »

Le père jésuite James McCann, recteur de l’Institut Pontifical Oriental de Rome explique : « c’est un signe concret exceptionnel de ce que l’on peut faire en construisant l’unité des chrétiens ». 
Le patriarche grec orthodoxe était accompagné de Ioannis Zizioulas, Métropolite de Pergamon et co-président de la Commission conjointe internationale pour le Dialogue œcuménique entre l’Eglise de Rome et l’Eglise orthodoxe. Ont aussi fait partie de la délégation Tarassios, Métropolite orthodoxe d’Argentine, et Gennadios, Métropolite orthodoxe d’Italie.

Traditionnellement, le patriarche ou une délégation visite le pape chaque année pour la fête de saint Pierre et saint Paul. En retour, une délégation vaticane visite le patriarche chaque année pour la fête de saint André. Bartholomée a aussi assisté aux funérailles de Jean Paul II en 2005. Mais cet événement ne connaît pas de précédent dans les temps modernes et Bartholomée a relevé que même avant le schisme, jamais un patriarche résidant à Istanbul n’avait assisté à une intronisation.

« Cette relation a été construite à travers les ans et sans aucun doute le pontificat de Benoît XVI a été déterminant, » poursuit le P. McCann, qui se souvient de la visite du patriarche à l’Institut Pontifical Oriental, où celui-ci a étudié, en 2008. Le patriarche a un grand respect pour Benoît XVI. Il a particulièrement apprécié son approche de la liturgie. Le Patriarche Bartholomée a aussi admiré le souci de l’environnement du dernier pape. Benoît XVI a rendu visite à Bartholomée avec succès en 2006. C’était seulement la troisième visite d’un pape au patriarche (Paul VI en 1967, Jean-Paul II en 1979).

Le Patriarche grec orthodoxe était à Rome en octobre dernier pour participer au Synode sur la Nouvelle Evangélisation, au début de l’Année de la foi et au 50ème anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II. Il avait affirmé : « grâce à nos efforts continus… nous expérimenterons l’unité visible qui aujourd’hui est à notre porté. »

Il avait aussi plaidé pour un « engagement à témoigner » ensemble du message de salut et de guérison de l’Evangile auprès du plus petit de nos frères. Il avait mis l’accent en particulier sur « nos frères et sœurs vivants au Moyen-Orient » et sur ceux qui sont confrontés « à la violence, à la séparation et à l’échec».

Mais la présence du patriarche à l’inauguration du pontificat du Pape François n’est pas seulement un signe historique d’unité, c’est aussi une aide pour l’Eglise orthodoxe d’Istanbul. « C’est important pour lui d’être visible », raconte un officiel du Vatican sous couvert d’anonymat, « parce que les Chrétiens sont peu nombreux à Istanbul – peut-être 10000 – et qu’ils subissent des pressions pour quitter la ville. » Le nombre d’attaques qu’ils subissent a récemment augmenté alors que la Turquie se tourne vers une ligne islamique plus dure. 
  
Pourquoi il a fallu si longtemps à un Patriarche œcuménique pour assister à une messe inaugurale ? Frère McCann explique que la relation n’était pas « mûre » et qu’il était possible que « parmi d’autres, des facteurs politiques aient joué » l‘empêchant de venir avant.

De plus grandes résistances viennent de l’Eglise russe orthodoxe et du Patriarcat de Moscou, dont le chef, le Patriarche Cyrille, n’assistera pas à la messe. A la place, il a envoyé le chef des Relations extérieures de son Eglise, le Métropolite de Volokolamsk, Hilarion 

Le Patriarche russe orthodoxe a accueilli l’élection du Pape François en disant : « il est connu pour ses vues conservatrices, et sa papauté sera de toute évidence marquée par le renforcement de la foi. Le fait qu’il ait pris le nom de François – en souvenir de saint François d’Assise – confirme qu’il conçoit l’évangélisation d’abord dans l’assistance au pauvre et à l’opprimé, comme protection de leur dignité. »

Frère McCann signale que le Pape François était responsable des relations avec les Eglises orientales en Argentine. Pour cette raison il est « très familier » des traditions orientales de l’Eglise et « très sensible à l’Orthodoxie ».

Le Métropolite Hilarion a déclaré la semaine dernière qu’une rencontre entre le Pape et le Patriarche Cyrille, espérée de longue date, était « possible ». Mais elle dépendrait de la résolution de différends comme ceux que rencontre l’Eglise catholique ukrainienne (les églises catholiques avait été saisies par les communistes puis transférées à l’Eglise orthodoxe).

Un geste œcuménique de plus : l’Evangile de la messe d’inauguration du pontificat a été chanté en grec plutôt qu’en latin, langue utilisée pour de nombreux autres éléments de la cérémonie.

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