Les dernières heures du pontificat de Benoît XVI furent accompagnées de la prière de fidèles du monde entier. Même en Terre Sainte, les communautés catholiques se sont « mobilisées » pour une prière de gratitude et d’intercession. Nous recueillons et reformulons d’autres témoignages d’affection envers le Pape qui a abandonné le trône de Saint-Pierre.
(Milan/g.s.) – Les dernières heures du pontificat de Benoît XVI furent accompagnées de la prière de fidèles du monde entier. Même en Terre Sainte, les communautés catholiques se sont « mobilisées » pour une prière de gratitude et d’intercession.
Une lettre du secrétariat de l’Assemblée des ordinaires catholiques de Terre Sainte invitait paroisses, couvents, monastères, groupes et communautés à organiser des moments de prière commune le soir du 28 février, suggérant la célébration d’une messe ou d’une liturgie de la Parole ou une adoration eucharistique coïncidant avec la fin du ministère du Pape Ratzinger et le début de la vacance du siège (à 21h00, au Moyen-Orient).
Le 28 février, les frères mineurs de Terre Sainte ont prié aux intentions du Pape à l’occasion des Messes et des prières communautaires, alors que lors de la période du siège vacant, les religieux prieront pour toute l’Église et invoqueront l’Esprit-Saint au début du Conclave.
Nous avons recueilli d’autres témoignages, expressions d’estime et d’affection envers le Pape abandonnant la chaire de Saint-Pierre.
Le Custode de Terre Sainte, frère Pierbattista Pizzaballa, reconnaît que la nouvelle de la démission du Pape Benoît XVI a créé au début une certaine confusion « car dans le monde chrétien d’Orient, il est impensable que le Pape puisse avoir une durée déterminée ou puisse démissionner. Le patriarcat, dans les Églises orientales, vaut en effet pour toute la vie. Mais après l’effet de surprise, tout le monde s’est rendu compte de la grandeur, de l’humilité de ce geste réalisé par Benoît XVI “par amour pour l’Église”. Personnellement, » ajouta Pizzaballa, « je me suis souvent retrouvé avec Benoît XVI et j’ai eu la chance de l’accompagner lors de pèlerinages en Jordanie, Israël, Palestine ainsi qu’à Chypre. Je souhaite lui faire part de ma gratitude pour son soutien et l’affection dont il a fait preuve à l’égard de la Custodie de Terre Sainte. Et en particulier à l’égard de notre mission, en nous invitant à renouveler quotidiennement, comme il l’a déclaré en mai 2009 lors de son discours au camp de réfugiés d’Aida, “notre engagement profond dans le maintien de la paix et de la non-violence, en suivant l’exemple de Saint-François” »
Le patriarche latin de Jérusalem, Monseigneur Fouad Twal, a déclaré : « Je me souviendrai toujours du pèlerinage de Benoît XVI en Terre Sainte en 2009. Sa visite nous a énormément émus et nous avons pu percevoir concrètement sa ferveur pour l’Église-mère, l’Église de Jérusalem. Je le considérais déjà comme un grand Pape mais ce geste l’a rendu encore plus grand. Benoît XVI a depuis toujours été conscient de la complexité de la situation politique causée par le conflit israélo-palestinien et de l’hypersensibilité des deux peuples. Chacun des 33 discours, palestiniens et israéliens, prononcés lors de son voyage en Terre Sainte, a su inspirer réflexion et stimulation. À Jérusalem, il est venu avant tout en tant que pèlerin pour se recueillir et prier sur les Lieux Saints. Il est venu en tant que pasteur pour nous réconforter, pour nous rendre plus fort et nous appeler à la conversion. Il est venu en tant qu’artisan de paix, en se mettant du côté de la paix et de la justice ».
Le père jésuite David Neuhaus, vicaire patriarcal pour la communauté catholique de langue hébreu en Israël, s’est adressé directement au Pape, avec confiance et tendresse : « Saint Père, nous avons toujours senti votre présence à nos côtés. Votre sagesse a su nous guider dans l’affinement de notre identité, de notre vocation et de notre mission : celle d’être un petit troupeau sur cette terre victime de guerres et de violences. Votre courage a été un enseignement pour nous, disciples du Christ. Vous n’avez jamais craint de dire la vérité et d’en payer les conséquences. Vous nous avez incités à vivre dans la joie et à témoigner de notre foi, à quelque prix que ce soit. Votre humilité nous a montré comment marcher avec le Christ. Nous sommes en petit nombre, nous sommes faibles et pauvres. Vous nous avez fait comprendre que cette condition nous permet d’être libres de vivre pleinement l’Évangile du Seigneur. Saint Père, nous prierons pour vous, remerciant le Seigneur pour le merveilleux don qu’il a fait à l’Église : vous avoir comme Pape. Nous sommes également certains que dans vos prières en faveur de l’Église, vous vous souviendrez, d’une manière particulière l’Église-mère, celle de Jérusalem ».
Mais nous souhaitons également vous faire part de voix qui nous viennent de plus loin, depuis le Bahrein avec Monseigneur Camillo Ballin, vicaire apostolique d’Arabie Septentrionale, qui écrit : « J’ai toujours admiré le Pape Benoît XVI, un grand Pape qui nous a montré le chemin vers la véritable foi chrétienne et catholique. Ses catéchèses du mercredi resteront un monument de théologie profonde et certaine. Elles offrent au peuple chrétien la parfaite compréhension de notre foi. Benoît XVI me rappelle un autre grand Pape, peut-être le plus grand qu’ait connu le siècle précédent : Paul VI. La démission du Pape Benoît XVI m’a secoué et ému. J’en ai particulièrement souffert précisément parce qu’il avait fait part, quelques jours auparavant, de décisions cruciales pour le vicariat d’Arabie du Nord. J’espère que le prochain Pape les confirmera, suivant la ligne de conduite de Benoît XVI et Jean Paul II. Ratzinger a vécu les souffrances de l’Église au plus profond de son être et a su donner à cette dernière la direction voulue par le Seigneur, un homme très proche du cœur de Dieu. Sa démission constitue un acte de grand courage, d’analyse objective de sa situation personnelle et d’un acte héroïque que peu de personnes réussissent à réaliser de manière spontanée. Il a fait preuve de la plus grande humilité ».
Depuis Abou Dhabi, s’exprime l’évêque capucin suisse monseigneur Paul Hinder, vicaire apostolique d’Arabie Méridionale : « J’ai eu le grand honneur de discuter avec Benoît XVI à l’occasion de 3 audiences privées. J’ai toujours été touché par sa simplicité, sa capacité d’écoute. Doté d’une incroyable mémoire, il se souvenait toujours de ce qu’il avait lu dans des rapports ou découvert par d’autres sources. J’avais l’impression de parler avec un pasteur qui suivait avec intérêt et empathie le développement et les problèmes spécifiques des chrétiens de la péninsule arabe, où tous les fidèles sont des migrants. Nous sommes reconnaissants au Pape Benoît XVI de nous avoir aidés à « rester en altitude » sur le chemin de la foi qui doit se heurter à de nombreux obstacles sur nos terres. Je me souviens de la situation délicate après le célèbre discours de Ratisbonne (), lorsque le monde musulman fut marqué par une avalanche de protestations mais qui nous permirent d’entamer un dialogue plus profond. Je me souviendrai du Pape pour son humilité et ses compétences théologiques qui m’ont toujours ému et pour avoir été un pasteur qui nous écoutait avec attention et patience, en prenant des notes stylo en main et donnant des directives aux ministères lorsque cela était nécessaire. Pour son attention envers une Église qui ne fait pas beaucoup de bruit mais qui reste très active, l’Église d’Arabie, je remercie le Pape Benoît XVI. Que le Seigneur lui donne paix et joie dans le cœur ! »