En Israël, une enquête sur la contraception longue durée d’éthiopiennes immigrées
Une commission d’enquête dévoilera finalement si les femmes juives éthiopiennes avant d’émigrer en Israël ont été « stérilisées » pendant plusieurs années par des médecins israéliens. Cette pratique scandaleuse a été dénoncée par la chaîne Etv qui, en décembre dernier, a diffusé un reportage avec des témoignages de 35 femmes.
(Milan/c.g.) – Une commission d’enquête dévoilera finalement si les femmes juives éthiopiennes avant d’émigrer en Israël ont été « stérilisées » pendant plusieurs années par des médecins israéliens. Cette révélation a été donnée par un documentaire diffusé en décembre dernier par Etv et réalisé par le journaliste Gal Gabai. Dans ce reportage vidéo, Gabai fit témoigner 35 femmes éthiopiennes, dont certaines affirmaient avoir été obligées ou incitées à recevoir des injections d’un contraceptif lorsqu’elles se trouvaient dans les camps de transit éthiopiens, avant de rejoindre Israël. Le médicament en question interrompt le cycle menstruel, empêche l’ovulation et pour assurer la stérilité, il est administré tous les trois mois.
Lorsque l’affaire éclata début décembre, Yaakov Litzman, hébreu ultra-orthodoxe et vice-ministre de la Santé, avait refusé de croire à la véracité d’une telle pratique. La semaine dernière, après la parution d’un article dans le quotidien Haaretz, le même Litzman serait sur le point d’instituer une commission d’enquête pour finalement faire la lumière sur cette affaire.
Le vice-ministre aurait changé d’avis à la suite des élections politiques du mois dernier : en effet, les nouveaux élus parlementaires de la nouvelle Knesset (parlement monocaméral de l’État d’Israël) comptent dans leurs rangs Penina Tamanu-Shata, une jeune israélienne d’origine éthiopienne, militante du parti Yesh Atid, fondé par l’ancien journaliste Yair Lapid. Une fois élue, Tamanu-Shata a souhaité rencontré le vice-ministre Litzman, en lui demandant « de ne pas étouffer l’affaire mais de la soumettre à l’examen d’une commission d’enquête ».
La commission devrait être constituée de fonctionnaires du ministère, d’un médecin indépendant nommé par le ministère et d’un représentant de la communauté juive éthiopienne, désigné par Tamanu-Shata. Son travail consistera à identifier, le cas échéant, les responsables de la décision d’injecter le contraceptif aux femmes, souvent à leur insu et sans les informer des effets secondaires. « Notre communauté est inquiète et bouleversée par le fait que des personnes pourraient être contre la naissance de bébés éthiopiens, » a expliqué Tamanu-Shata, « et par l’existence probable d’une réelle volonté politique de tirer parti des angoisses de femmes ayant besoin d’émigrer en Israël ». Pour certains, l’administration du contraceptif aurai causé entre autres la chute du nombre de naissances des communautés éthiopiennes présentes en Israël, lequel a diminué de 50 pour cent en dix ans.
Les mauvaises conditions d’administration pourraient être confirmées indirectement par le courrier envoyé par Roni Gamzu, directeur général du ministère de la Santé, il y a un mois environ, aux quatre plus grandes organisations d’assistance médicale en Israël. Selon le quotidien Haaretz, dans sa lettre missive, Gamzu impose aux gynécologues de mettre un terme à la prescription du contraceptif aux femmes d’origine éthiopiennes si pour quelque raison que ce soit ces dernières pourraient ne pas comprendre les effets secondaires du traitement. Cela confirme que cette attention nécessaire n’avait pas été accordée auparavant.
Le contraceptif provoquerait également les effets secondaires suivants : irrégularités menstruelles, perte du volume osseux, douleurs abdominales, perte de poids, migraines, fatigue et dépression.