Comme l’avait fait son prédécesseur Benoît XVI, le premier Pape latino–américain de l’histoire, a voulu immédiatement rendre hommage au grand rabbin de Rome, en lui adressant un message à la synagogue monumentale sur les bords du Tibre. Un geste apprécié qui a donné lieu à une succession d’une foule de messages de félicitations de la part des juifs d’Italie et d’Israël.
(Milan/g.s.) – Comme l’avait fait son prédécesseur Benoît XVI, le premier Pape latino-américain de l’histoire, a voulu immédiatement rendre hommage au grand rabbin de Rome, en lui adressant un message à la synagogue monumentale sur les bords du Tibre.
Dans son texte adressé au rabbin Riccardo Di Segni (qui exerce également la profession de médecin radiologue), le Pape François a annoncé l’inauguration solennelle de son Pontificat qui aura lieu le 19 mars au matin, sur la place Saint-Pierre. Le message se poursuit sur une note d’espoir : « Confiant en la protection du Très-Haut, j’espère vivement pouvoir contribuer à une évolution des relations entre les juifs et les catholiques nées grâce au Concile Vatican II, dans un esprit de collaboration renouvelée et au service d’un monde qui puisse être de plus en plus en harmonie avec la volonté du Créateur ».
Les juifs italiens donnent eux aussi la bienvenue au nouveau Pape. Au nom de l’Union des communautés juives d’Italie, le président Renzo Gattegna transmet au nouveau Pontife, Jorge Mário Bergoglio, « son souhait le plus grand quant à la réalisation d’un magistère pouvant amener paix et fraternité à l’humanité toute entière. J’espère notamment que continuera le dialogue intense que les juifs ont toujours voulu et qui a été possible grâce au travail des Pontifes qui se sont succédé à la tête de l’Église dans le passé. ».
La Direction de l’Assemblée des rabbins italiens s’unit aux félicitations et écrit : « Nous nous engagerons de nouveau à collaborer et à apporter notre soutien dans la poursuite du travail entrepris de sorte à consolider le dialogue ayant contribué à établir un nouveau climat de confiance entre juifs et catholiques, dans le respect réciproque des identités respectives et gardant à l’esprit que les deux religions bénéficient d’une dignité identique. Confortés par les résultats positifs apportés après plusieurs années grâce à la volonté des Pontifes qui se sont récemment succédé, nous sommes certains qu’en collaborant ensemble pour le bien de l’humanité, juifs et catholiques, démontreront qu’il est effectivement possible de construire un avenir dans lequel des peuples et individus entretiennent des liens étroits d’amitié ».
Depuis Israël, le Chef de l’État a adressé une pensée au Pape François en recevant des représentants de l’Église polonaise. Shimon Peres a en effet affirmé : « le nouveau Pape est le symbole de la dévotion, de l’amour de Dieu, de l’amour pour la paix, d’une sainte modestie et d’un continent qui se réveille. Nous avons besoin, plus que jamais, d’une gouvernance spirituelle et pas seulement politique. Tandis que les leaders politiques ont tendance à diviser, les chefs spirituels unissent. Ils unissent les peuples autour d’une vision, de valeurs, de la foi que nous pouvons faire de ce monde un monde meilleur dans lequel il fait bon vivre ». Le président a ensuite profité de l’occasion pour inviter le Pape à « se rendre dès que possible en Terre Sainte où il sera le bienvenu ».
Le porte-parole du Grand Rabbinat d’Israël a reconnu que « ces douze dernières années ont été marquées par un dialogue riche et fructueux entre le Saint-Siège et les (deux) grands rabbins d’Israël sur des sujets prioritaires tels que la condamnation du terrorisme au nom de Dieu, le caractère sacré de la vie, la sainteté de la famille, etc. », et poursuit : « Nous n’oublierons pas les déclarations des deux prédécesseurs du Pape François, à savoir Jean Paul II et Benoît XVI, en ce qui concerne le Tout-Puissant, lequel n’a jamais renié son alliance avec le peuple juif ».
«Le Grand Rabbinat d’Israël est confiant que le Pape François, dont les bonnes relations avec le peuple juif sont bien connues, continuera dans cet esprit et intensifiera et nourrira le lien entre l’Église catholique et l’État d’Israël et le peuple juif ».
Le jour même de l’élection de l’archevêque de Buenos Aires, Jorge Mário Bergoglio, au trône de Saint-Pierre, on pouvait trouver sur Internet d’anciennes vidéos attestant des relations du nouveau Pape avec les juifs d’Argentine. Une vidéo montre notamment la participation du nouveau Pontife à l’allumage du chandelier d’Hanouka, fête des Juifs célébrée avant le Noël chrétien.
Dans sa newsletter sur le judaïsme, le rabbin Di Segni commente de manière informelle ces images et explique que ces dernières ont été filmées dans une synagogue conservatrice (non conforme à la rigueur des juifs orthodoxes et ultra-orthodoxes). Ainsi, observe le rabbin chef de Rome, alors que les grands rabbins d’Israël et d’autres rabbins félicitent le nouveau Pape, les haredim sembleraient presque insensibles à la nouvelle : « Ce sont des signes subtils de distinction, annonciateurs d’un avenir dans lequel les problématiques seront davantage adressées au monde juif qu’au ‘‘pasteur de l’Église universelle’’, qu’il soit philosémite ou non : en effet, la branche« laïque » de la religion juive devra faire face aux âpretés inévitables du Pape sur le thème de la morale et la branche « orthodoxe » devra chaque fois chercher à s’interroger sur la manière de répondre aux éventuelles ouvertures ».