Quelques jours avant « Yom haShoah », le jour de la commémoration de la Shoah en Israël, huit Palestiniens se sont rendus à Yad Vashem, le mémorial de la Shoah. Une visite organisée par l’association Combattants pour la Paix.
(Jérusalem/l.c.) – Ils sont Palestiniens, certains d’entre-deux ont été personnellement confrontés aux horreurs du conflit israélo-palestinien. Bassam Aramin, pour sa part, a perdu sa fille de dix ans, frappée d’une balle en caoutchouc de l’armée israélienne voici maintenant 5 ans. C’est pourtant lui le coordinateur pour l’organisation de la visite du côté palestinien. Bassam Aramin. Sensibilisé au génocide du peuple juif pendant la Seconde Guerre Mondiale par des films comme la Liste de Schindler, il a choisi de ne pas céder à la violence.
Pour ces huit Palestiniens et plus largement pour tous les membres de l’association, il s’agit avant tout de comprendre les raisons de la violence pour ne pas s’y soumettre à leur tour. Ahmed al-Jaafari, un quarantenaire habitant le camp de réfugiés de Deheishe a été bouleversé par la visite. «En ce qui me concerne, ce fut une véritable secousse. Une nation qui a traversé un tel drame ne peut pas vivre sans cicatrices. Je ne suis pas d’accord avec la comparaison entre la Shoah et la situation dans les Territoires ; les gens qui le font sont forcement sous le coup de la douleur ou de la colère ».
Les Combattants pour la Paix sont des Israéliens et des Palestiniens qui ont décidé de sortir du cercle vicieux de la haine et de la violence après s’y être laissé enfermer. Anciens soldats de Tsahal, ex- activistes palestiniens… tous ont abandonné les armes et luttent maintenant pour la paix et la coexistence. Même s’ils se heurtent sans cesse à la réalité : il leur a été par exemple difficile d’obtenir des visas pour pénétrer en Israël. Mais pour Nabil, il n’était pas question de passer à côté d’une telle opportunité : « dès que l’on m’a proposé la visite, j’ai répondu présent. J’avais beaucoup entendu parler de l’Holocauste et je voulais voir Yad Vashem de mes propres yeux. Je crois d’ailleurs que tout le monde devrait le faire.»
Pour la huitième année consécutive, l’association se réunira à Tel-Aviv pour marquer Yom haShoah. L’année dernière, une rencontre avait eu lieu avec le Cercle des parents israéliens et palestiniens des familles endeuillées. Mohamed Aweda, habitant de Silwan, un faubourg de Jérusalem-Est marqué par les affrontements entre soldats israéliens et habitants palestiniens, témoignait : « nous sommes venus ici pour partager notre peine avec les Israéliens, de même que les Israéliens partagent leur douleur avec nous. Les gens morts des deux côtés sont les mêmes. Les pleurs, la douleur, le bonheur, il n’y a pas de différence entre une famille juive et une famille arabe ».