Découverts dans les grottes de Qumran, dans les années quarante et cinquante du siècle dernier, de nouveaux fragments des rouleaux de la Mer Morte viennent d’être mis en vente. C’est l'agence Associated Press (AP) qui a signalé qu'une famille palestinienne est en train de négocier la vente d'autres extraits des antiques manuscrits.
(Milan/e.p.) – Des fragments des Manuscrits de la Mer Morte sont en cours d’acquisition. Il y en a sur le marché depuis qu’ils ont été découverts dans les années 1940.
Le sujet est venu au grand jour cette semaine quand l’Associated Press (AP) a rapporté que la famille palestinienne, qui avait vendu les premiers manuscrits à des universitaires et des institutions, organisait la vente de fragments restants. Ces derniers ont été gardés dans un coffre de la famille en Suisse pendant des décennies.
La plupart de ces fragments font à peine la taille d’un timbre poste, rapporte la dépêche. Mais ces dernières années, des collecteurs chrétiens évangéliques et des institutions américains ont déboursé des millions de dollars pour les acquérir.
La tournure des événements a mis en colère l’Autorité Israélienne des Antiquités (AIA) car Israël considère les manuscrits comme un trésor national qui devrait rester dans le pays. William Kando, de la famille palestinienne, raconte qu’il a proposé les fragments restants à l’AIA mais qu’elle ne pouvait pas les acquérir à cause du prix.
Le berger bédouin qui découvrit les manuscrits dans une grotte en 1947 en vendit d’abord trois à un marchant d’antiquités puis quatre au père de William Kando, un cordonnier chrétien de Bethléem, qui à son tour les vendit à l’Église syriaque orthodoxe.
Au fil des ans, d’autres manuscrits passèrent par les mains de Kando et même s’il en a abandonné un certain nombre à Israël, son fils William affirme que son père a mis de côté des fragments qu’il a envoyés en Suisse au milieu des années 1960 pour les conserver, en sécurité. Ces dernières années, le fils Kando a vendu des fragments aux États-Unis, surprenant les collectionneurs qui ne savaient pas que des objets d’une telle valeur étaient en circulation.
Azusa Pacific University, une université évangélique de Los Angeles, acheta cinq fragments en 2009, avec des antiquités bibliques, pour à peu près deux millions et demi de dollars. Entre 2009 et 2011, le Southwestern Baptist Theological Seminary de Fort Worth, au Texas, a acheté huit fragments de Kando. Jusqu’à présent, ils étaient gardés dans le coffre de la famille dans la banque UBS, à Zürich.
Palestiniens, Jordaniens et Israéliens se disputent pour savoir à qui revient la propriété légitime des manuscrits, spécialement depuis que la guerre de 1967 a modifié le contrôle de la région où les manuscrits ont été découverts.
Des officiels palestiniens réclament des droits sur les ouvrages car ils ont été trouvés dans l’actuelle Cisjordanie. La Jordanie réclame des droits car ils ont été découverts quand elle administrait le territoire. Les deux n’ont pas réussi à faire valoir ces droits quand les manuscrits ont été exposés à l’étranger, dans des expositions sponsorisées par le gouvernement israélien.
Israël considère que les manuscrits font partie de son patrimoine national, et dit que tous les fragments devraient être en sa conservation pour une bonne préservation et à des fins de recherche, rapporte l’AP.
Kando explique que son père a transféré les fragments en Suisse avant qu’Israël ne promulgue sa loi de 1978 interdisant la sortie non autorisée de pièces d’antiquités du pays. On pense que sa famille a encore une vingtaine de fragments conservés en Suisse.
Les archéologues, qui pensent que d’autres manuscrits anciens restent cachés dans les grottes, affirment que le principal problème n’est pas qui les possède, mais s’ils sont traités avec soin et préservés – quelque soit l’endroit du monde où ils sont.