Les Palestiniens de Beit Jala ont demandé une intervention du pape François dans la résistance qui les oppose à l’«occupant militaire israélien». Ces chrétiens de l’agglomération de Bethléem ont adressé au pape une lettre ouverte le 26 avril dernier.
(Jérusalem/ c.d.) – Les Palestiniens de Beit Jala ont demandé une intervention du pape François dans la résistance qui les oppose à l’«occupant militaire israélien». Ces chrétiens de l’agglomération de Bethléem ont adressé au pape une lettre ouverte le 26 avril dernier.
« Toute la communauté chrétienne, catholiques romains, orthodoxes et luthériens, nous en appelons à votre Sainteté (…) pour garder vivant notre espoir que justice et paix soient encore possible. » est-il écrit dans cette lettre cosignée par « le maire de Beit Jala, desdireigeants de diverses institutions et de nombreux citoyens de la ville chrétienne de Beit Jala. »
Ils contestent le tracé du mur à Crémisan, sur les terres agricoles de leur village, et demandent une modification de son tracé pour qu’il passe au fond de la vallée.
Mais après sept années de procédures, les propriétaires de Beit Jala et les religieuses du couvent salésien ont été déboutés la semaine dernière par une Cour d’appel israélienne à Tel Aviv, la Commission spéciale d’appel israélienne pour la confiscation de terres.
A Crémisan sont installées notamment deux communautés religieuses catholiques. Les religieux salésiens cultivent les vignes de la vallée en faisant travailler la population locale. Les religieuses salésiennes tiennent une école pour 400 enfants de Beit Jala. Le reste des terres est détenu par une soixantaine de familles qui exploitent, entre autres, oliviers, vignes et agrumes. Le mur devrait laisser une communauté religieuse en Palestine et l’autre en Israël. Il va aussi séparer les religieuses et les familles de Beit Jala de leurs terres. Il ne reste plus sur le plan juridique que le recours devant la Cour Suprême israélienne, qu’il vont diligenter, nous apprend un communiqué signé par le Patriarche latin Monseigneur Fouad Twal.
Leur lettre au pape a été rendue publique par la Société Saint-Yves, l’association catholique de Défense des droits de l’homme basée à Jérusalem. C’est cette association qui défend les propriétaires fonciers palestiniens dans la bataille juridique engagée contre l’armée israélienne.
C’est l’armée israélienne qui a la charge de l’administration civile des Territoires palestiniens (hors zone A) et donc, notamment, la construction du Mur. Les uns appellent ce Mur « barrière de sécurité » car ils invoquent la sécurité d’Israël comme motif de sa construction. Les autres l’appellent « Mur de séparation », car il sépare les Palestiniens des Israéliens et annexe environ 10% de la Cisjordanie à Israël.Les terres de Beit Jala font partie de ces 10%. Les habitants de Beit Jala estiment dans la lettre au pape que les deux tiers des terres de leur village ont déjà été annexés par Israël.
De nombreux villages palestiniens – musulmans – situés à proximité de colonies connaissent le même sort. Walaja et Battir par exemple, dans le voisinage de Beit Jala. Des terrasses agricoles millénaires, à Batir, ont fait l’objet d’une demande de classement au Patrimoine mondial de l’UNESCO pour empêcher leur destruction pour construire le mur.
La cour d’appel israélienne a validé le tracé du mur à Crémisan. Il longera l’école sur trois côtés explique la Société Saint-Yves dans un communiqué. Il séparera 58 familles palestiniennes de leurs terres. Leurs terres se trouveront du côté de la colonie Gilo, qui compte de nombreux projets immobiliers. Les religieux salésiens quant à eux se retrouveront en Israël.
Le mur n’existant pas à Crémisan, des travailleurs palestiniens illégaux pouvaient passer en Israël. On estime à 30 000 leur nombre sur le territoire israélien. D’où la question : pourquoi parmi ces travailleurs illégaux n’y-a-t-il pas de terroristes?
Dans leur lettre au pape, les chrétiens de Beit Jala mettent en avant le préjudice économique lié à la perte de ces terres pour montrer la violence de ce tracé. D’autres soulignent que Crémisan est peut-être le dernier espace vert de l’agglomération de Bethléem, où les Palestiniens peuvent se retrouver le week-end. De fait, il n’y a presque plus de terres constructibles à Bethléem, où la pression démographique est forte. L’annexion par Israël des terres périphériques agricoles (Gilo, Har Roma, Har Gilo etc) y fait encore monter la pression.
La lettre sera-t-elle arrivée à temps ? Les chrétiens de Beit Jala savaient que le pape François recevait hier 30 avril Shimon Pérès, président de l’État d’Israël. En aura-t-il été question ? Du côté de Beit Jala, les attentes sont fortes.