Jeudi 6 juin était une fête particulière pour les musulmans vivant dans la région de Jérusalem, et pour les pèlerins venus pour l’occasion. Ils se sont réunis sur l’esplanade des mosquées, qu’ils appellent en arabe elHaram eshSharif (le Noble sanctuaire), pour la fête qui commémore le passage de leur prophète Mahomet à Jérusalem.
(Jérusalem/c.d.) – Jeudi 6 juin était une fête particulière pour les musulmans vivant dans la région de Jérusalem, et pour les pèlerins venus pour l’occasion. Ils se sont réunis sur l’esplanade des mosquées, qu’ils appellent en arabe elHaram eshSharif (le Noble sanctuaire), pour la fête qui commémore le passage de leur prophète Mahomet à Jérusalem.
Plus qu’un passage à Jérusalem, c’est là que, dans la tradition musulmane, Mahomet fit une expérience spirituelle forte, deux ans avant le début du calendrier musulman.
Le plumeau suspendu en l’air, Mohammad tourne la tête. Il époussette les objets de culte qu’il vend aux fidèles musulmans qui passent par Bab elHadid (la porte de fer), l’un des douze accès qui mènent à l’esplanade.
Mohammad, une quarantaine d’années, explique, avec force de gestes : jeudi dernier, c’était la fête, dans le calendrier musulman, qui commémore « le voyage nocturne de Mahomet, de la Mecque à Jérusalem puis du Dôme du rocher aux cieux ».
La fête porte plusieurs noms, plus ou moins complets : « Leilat alMiraj » que l’on peut traduire « la nuit de l’ascension au ciel », ou « Leilat alIsra wa alMiraj » que l’on traduirait « la nuit du voyage et de l’ascension au ciel ».
D’après la tradition musulmane, Mahomet a chevauché, accompagné de l’archange Gabriel, le « Bouraq », une créature surnaturelle (d’où son nom, l’éclair en arabe), pour se rendre de la Mecque à Jérusalem.
Puis il fit une ascension au ciel jusqu’à voir le Paradis, en passant par sept ciels intermédiaires, avant de descendre et voir l’enfer. Au niveau du premier ciel, il rencontra Adam, puis au second Jésus et Jean-Baptiste. Au sixième, il vit Moïse et enfin au septième Abraham. Il redescendit ensuite à al Aqsa, où, comme imam, il dirigea une prière commune avec les prophètes. C’est ce double événement : le voyage nocturne de Mahomet à Jérusalem puis sa montée au ciel que fêtaient les musulmans jeudi dernier.
La fête a rassemblé des milliers de musulmans sur l’esplanade des mosquées. Né d’un père tchadien, Mohammad n’est pas avare en explications. Il sait que des pèlerins viennent pour l’occasion de Jordanie, de Turquie ou d’autres pays. Mais il dit avoir du mal à reconnaître qui est un pèlerin qui est un fidèle de Jérusalem, de Ramallah, de Jénine ou d’ailleurs.
C’est la sourate XVII qui relate l’événement et qui sert de source à la fête. « Gloire à celui qui a transporté, pendant la nuit, son serviteur du temple sacré de la Mecque au temple éloigné -al Aqsa – (de Jérusalem), dont nous avons béni l’enceinte, pour lui faire voir nos miracles. Dieu entend et voit tout. »
Il semblerait que les sources littéraires qui relient le voyage nocturne de Mahomet à Jérusalem soient anciennes (VIIIe siècle). En revanche, ce ne serait que vers le XIIe ou XIIIe siècle qu’au Dôme du Rocher se serait attaché le point de départ de Mahomet vers le ciel.
Fêter « leilat alMiraj » à Jérusalem, sur l’esplanade des mosquées, c’est, pour un musulman, faire mémoire de l’événement sur le lieu saint. Un peu comme fêter Noël à Bethléem pour un chrétien.