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Négociations entre le Saint-Siège et Israël, l’optimisme du nonce Lazzarotto

Manuela Borraccino
21 juin 2013
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Pour conclure les longues négociations entre le Saint-Siège et Israël, il y a encore quelques obstacles à surmonter. Le représentant du pape auprès d’Israël et de l’Autorité nationale palestinienne, Monseigneur Giuseppe Lazzarotto, qui est en poste à Jérusalem depuis novembre 2012, s’est dit "optimiste" dans une interview donnée à Terrasanta.net.


(Rome) – Pour conclure les longues négociations entre le Saint-Siège et Israël, il y a encore quelques obstacles à surmonter. Le représentant du pape auprès d’Israël et de l’Autorité nationale palestinienne, Monseigneur Giuseppe Lazzarotto, qui est en poste à Jérusalem depuis novembre 2012, s’est dit « optimiste » dans une interview donnée à Terrasanta.net. En marge de l’assemblée de la Commission qui aide les chrétiens orientaux, qui a jusqu’hier 20 juin au Vatican, il se dit que dans l’année, « on saura si l’on arrivera à une conclusion » de l’Accord sur des aspects fiscaux et économiques ainsi qui sur quelques litiges de propriétés en Israël, en discussion depuis 1997.

Excellence, les négociations avec l’État d’Israël sont en cours depuis des années. Que manque-t-il pour les conclure?
Ce que je peux dire, c’est qu’il reste à clarifier deux points. En premier lieu, certains aspects concrets qui concernent quelques lieux et institutions de l’Église catholique en Terre Sainte doivent être définis. En second lieu, il y a la question de l’application des accords, la soi-disant « validité territoriale ». Il faut définir de façon exhaustive ces aspects pour éviter que l’application des accords ne devienne problématique et que l’on ne créée de nouveaux problèmes au lieu de les résoudre. Mais nous approchons de la conclusion. Je pense qu’il ne manque pas grand chose: les lignes directrices ont déjà été tracées. Maintenant, il s’agit de trouver les formules les plus adaptées pour affirmer les principes clairement: cela prend du temps.

Pensez-vous que les institutions catholiques conserveront les exemptions fiscales dont elles ont bénéficié dans le passé ?
Dans les accords, les institutions seront clairement identifiées en fonction de leur activité. Par exemple, on fera la distinction claire entre toutes les activités commerciales, pour lesquelles il sera inévitable de payer des impôts, et tout ce qui concerne au contraire la présence et le caractère d’autres institutions catholiques qui font fonctionner l’Église. Par exemple les couvents ou monastères qui n’ont pas d’activité à but lucratif ne seront pas traités de la même manière qu’une maison d’accueil. De la M6eme manière on devra trouver une solution pour les institutions éducatives et caritatives. Ces choses peuvent nous paraître évidentes, mais avec la complexité de la réalité de la Terre Sainte, tout est souvent mêlé et l’on va chercher à les définir avec le plus de précision possible.

Quand pensez-vous que l’on en verra la fin ?
(Sourire). Sur ce point, je ne peux pas être prophète! J’espère que cela adviendra le plus tôt possible. Je crois que nous devrions savoir dans l’année s’il y aura un dernier mot ou pas. Ensuite, il faudra du temps pour les ratifier, mais dans l’année nous devrions en savoir plus sur les chances d’une signature.

Etes-vous optimiste ?
Je dirais oui, parce que le gros du travail est fait: il serait regrettable que nous ayons à tout recommencer. Avec réalisme, avec les éléments que nous avons en main, je peux dire que nous sommes assez proches de la conclusion.

Comment se fait-il qu’en 16 ans, on ne soit pas encore arrivé à la conclusion? Quel est votre avis sur le sujet?
Honnêtement, je ne suis pas surpris du temps nécessaire car, au-delà d’une série d’événements qui ont marqué ces années, il y avait différents aspects techniques sur le tapis qui devaient être évalués précisément. Quand il s’agit de taxes, vous le savez, il faut composer avec l’histoire, les traditions, les lois locales, des paramètres de stabilité, les activités en cours, dans quelle mesure et sous quelle forme on met en place le système, plusieurs ministères sont impliqués. Donc il n’est pas étonnant qu’il ait fallu de si nombreuses années. Cela peut sembler avoir été long, mais, étant donné la complexité de la Terre Sainte, il était beaucoup plus important de bien faire les choses plutôt que de les faire rapidement.

Les négociations portent également sur une trentaine de litiges de propriété. Y-a-t-il eu des progrès sur la question du retour du Cénacle à l’Église catholique?
Le sujet est à l’ordre du jour, bien qu’il ne fasse pas strictement partie de l’accord. Ce que je peux dire, c’est que nous travaillons avec une perspective positive. Je tiens à souligner que tous les intervenants ont été impliqués: le Saint-Siège, la Custodie de Terre Sainte, les autorités israéliennes et les autorités islamiques, c’est-à-dire le Waqf du Cénacle. «Retour du Cénacle aux catholiques » ne sera pas la formule qui sera utilisée mais, avec réalisme, il s’agira plutôt d’essayer d’arriver à un « usage systématique et continu en tant que lieu saint et ensuite cultuel » de la salle du Cénacle.

Vous avez déjà vécu en Israël de 1982 à 1984. Quels changements relevez-vous en 30 ans ?
Hélas, la situation s’est bien dégradée ces 30 dernières années. Je trouve que la vie quotidienne des chrétiens de Terre Sainte est beaucoup plus difficile que dans le passé, notamment en raison de la construction du mur [la barrière que les Israéliens ont érigée au cours des années 2000, NDLR] Ce n’est pas seulement le mur lui-même, mais ce qu’il exprime et le climat qu’il créé. Le mur marque la volonté de séparer et de s’auto-exclure: c’est l’aspect le plus complexe et le plus difficile à surmonter. Plus qu’une paroi physique, le jour où l’on arrivera à un accord de paix il pourrait être démoli, c’est un mur moral qui a été construit dans les esprits et les cœurs des personnes: cet aspect est, à mon avis, encore plus négatif que la séparation, en elle-même douloureuse et difficile, des familles et des communautés qui se sont retrouvées d’un côté ou de l’autre. Le Saint-Siège a une vision différente sur l’obtention de la sécurité et sur la façon de trouver une solution au conflit israélo-arabe.

Observez-vous des améliorations ?
J’ai trouvé les relations entre les communautés chrétiennes de Terre Sainte beaucoup plus détendues: c’est un signe que le dialogue œcuménique se poursuit, et qu’il porte des fruits. Il y a beaucoup plus de fraternité, de coopération et surtout de désir de faire ensemble, de prier ensemble, d’être ensemble. Il y a trente ans, ce n’était pas aussi évident: j’ai trouvé une harmonie qui m’a élargi le cœur.

Vous en êtes à votre première année de mandat. Que voudriez-vous réaliser pendant votre mission ?
J’aimerais que l’on se souvienne de moi comme de quelqu’un qui s’est engagé obsessionnellement à semer l’espoir, comme de quelqu’un qui a effectué son ministère en encourageant et nourrissant l’espoir là où il existe déjà. Le plus grand danger aujourd’hui en Terre Sainte est de se laisser aller au découragement et à la frustration pour avoir vu peu de changements sur le terrain et ne pas avoir vu d’améliorations à la situation. Ne pensez jamais que les choses ne peuvent pas changer! Malheureux celui qui le pense! Il faut semer l’espoir à tout prix, et le faire grandir.

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