La formule est apparue en 2011, dans la foulée des soulèvements dans le monde arabe, sous forme interrogative : “Printemps arabes, hiver des chrétiens d’Orient ?”
La formule est apparue en 2011, dans la foulée des soulèvements dans le monde arabe, sous forme interrogative : “Printemps arabes, hiver des chrétiens d’Orient ?” Deux ans après, et alors qu’en Égypte au mois d’août 2013, on a vu quantité d’églises incendiées après le renversement du Président Morsi, je pensais avec inquiétude aux frères chrétiens en Égypte, en Syrie, en Irak, à Gaza… Dans mon esprit se bousculaient les informations lues ici ou là, ce que je crois aussi être de l’instrumentalisation de la souffrance des chrétiens d’Orient. Me revenait en tête le reproche qui leur est fait de soutenir des dictatures… S’agissant des chrétiens d’Orient, il y a ce qu’ils vivent et ce que l’on dit d’eux… Cela ne correspond pas toujours. Moi aussi je peux me tromper dans mes analyses car occidentale je suis, occidentale je demeure. Quelque chose m’échappera toujours de l’intérieur. Aussi, j’aime bien entendre les gens d’ici. Je parlais donc de l’Égypte avec Sr Frida, religieuse palestinienne. Elle aussi s’inquiète, pourtant s’agissant de la pression des Frères musulmans, elle fit cette comparaison qui n’en est pas une et qui néanmoins eut le don de me redonner le moral. “Regarde – me dit-elle – le nombre de Russes et de slaves qui viennent en pèlerinage et regarde la foi qu’ils montrent au Saint-Sépulcre.” Et elle ajouta : “Où s’est cachée la foi de ces peuples durant 90 ans de communisme ?”. Me sont revenues les images de ces coptes qui sont retournés prier dans leur église dévastée et encore fumante, me reviennent ces témoignages du père Toufic ofm sur la foi des Libanais, ceux des Franciscains de Syrie sur celle de leurs fidèles demeurés dans le pays, j’ai regardé (et entendu) les débordements de vie de tous les gamins qui s’agitent à la messe paroissiale du dimanche à Jérusalem. Les chrétiens d’Orient vivent-ils un hiver ? Certainement. Mais ne les enterrons pas quand eux s’évertuent à tisser, préparer, esquisser et espérer leur propre printemps. Le vrai défi, ce n’est pas leur capacité à relever la tête quand les jours seront meilleurs, mais de les empêcher d’émigrer des pays qui les ont vus naître, là où sont leurs racines, là où ils peuvent trouver les éléments de leur épanouissement. Et si malgré tout ils partent, alors il faudra les inciter, aux beaux jours, à revenir faire des boutures ici. Je vais me mettre à aimer le jardinage !
Dernière mise à jour: 31/12/2023 00:43