La conférence pour la paix en Syrie devrait se tenir au siège de l'ONU à Genève le 23 novembre prochain. Cette réunion fait suite à celle qui a déjà eu lieu, mais en vain, dans la ville suisse en juin 2012. Plusieurs milliers de morts plus tard, voici donc une nouvelle tentative. Pendant ce temps en Syrie les arsenaux d’armes chimiques sont démantelés.
(Milan / c.g.) – Dans moins d’un mois, le 23 novembre 2013, La conférence pour la paix en Syrie devrait se tenir au siège de l’ONU à Genève. La réunion a été baptisée « Genève 2 », parce qu’il s’agit de la deuxième rencontre dans la ville suisse pour la paix en Syrie. La première a eu lieu en juin 2012 et n’a donné lieu à aucun résultat concret. Pendant l’année écoulée entre ces deux conférences de Genève, rien ne s’est amélioré. En juillet 2012, le nombre des victimes du conflit syrien étaient de 19 000 personnes, et aujourd’hui, selon les observateurs, on aurait atteint les 115 000.
Ces derniers mois, la situation s’est compliquée du côté de la «représentation» des parties en conflit : le front d’opposition s’est divisé, et des dizaines de groupes islamistes armés (qui représentent désormais la majorité des combattants contre le régime) ont fusionné, n’acceptant pas l’autorité de la Coalition nationale, un groupe de coordination de laïcité modérée, reconnu par les puissances occidentales. Une coalition qui semble donc aujourd’hui diplomatiquement plus«faible», en tant que minorité, et qui vient d’annoncer son refus de participer à la prochaine conférence de Genève si des représentants du gouvernement de Bashar al Assad devaient y assister. Condition que bien évidemment le président syrien n’acceptera jamais.
D’autre part, dans une interview diffusée lundi par la chaîne libanaise Al Majadeen, Assad lui-même a posé ses conditions, soutenant vouloir un troisième mandat en tant que président de la Syrie, refusant de reconnaître la légitimité de la Coalition nationale et observant que le temps n’est pas encore mûr pour des pourparlers de paix.
Malgré la distance apparemment infranchissable entre les parties en conflit, les diplomates internationaux continuent leur travail. Une rencontre a eu lieu mardi à Londres entre les représentants de l’opposition syrienne et les ministres des Affaires étrangères du Groupe des Amis de la Syrie (Grande-Bretagne, Etats-Unis, France, Arabie Saoudite, Égypte, Allemagne, Italie, Jordanie, Qatar, Turquie et Emirats Arabes Unis), afin de préparer la conférence de Genève. Lors de cette réunion, les pays occidentaux ont appelé l’opposition syrienne au compromis dans les pourparlers de paix, et à assister à la conférence de Genève.
Même la diplomatie du Moyen-Orient se mobilise : mercredi, le roi de Jordanie Abdallah II a rencontré Lakhdar Brahimi, envoyé de la Ligue arabe et de l’Organisation des Nations Unies, et a confirmé le soutien jordanien à la mission en Syrie, appelant à une solution politique au conflit.
Dans la complexité de la situation, il faut cependant noter quelques signaux de détente : le premier est le processus de libération des prisonniers et des otages actuellement en cours, auquel participent à la fois le gouvernement syrien et l’opposition au régime. Le second est le démantèlement de l’arsenal d’armes chimiques du gouvernement de Damas.
Le 21 octobre, l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques – qui a reçu le Prix Nobel de la Paix il y a quelques jours – a déclaré avoir inspecté 17 entrepôts d’armes chimiques ; dans 14 d’entre eux, les inspecteurs ont effectué les opérations nécessaires pour rendre inefficaces les arsenaux. La première phase de la destruction des armes chimiques en Syrie se termine le 1er novembre. Selon l’accord conclu par la Russie et les Etats-Unis, avec le consentement du Conseil de sécurité des Nations Unies, la destruction totale de toutes les armes chimiques doit être réalisée avant le 30 juin de l’année prochaine. Cependant, il n’est pas certain que les inspecteurs puissent être en mesure de terminer leurs travaux dans les délais impartis : les 12 et 16 octobre derniers, près de l’hôtel qui les accueille, des bombes ont explosé et des obus de mortier sont tombés ; leur travail n’est réalisable que si les conditions de sécurité peuvent être assurées.