Au cours des quatre derniers jours en Syrie, des dizaines d’otages ont été libérés, grâce à l’action diplomatique menée par les gouvernements du Qatar, du Liban et de la Turquie. Action qui pourrait également impliquer des religieux chrétiens enlevés entre février et août, à commencer par les deux évêques orthodoxes d’Alep et par le jésuite italien Paolo dall'Oglio.
(Milan / c.g.) – Nous arrivons peut-être à un moment décisif pour le sort de l’archevêque orthodoxe grec Boulos al-Yazigi, de Mgr Yohanna Ibrahim, syriaque orthodoxe, du père Paolo dall’Oglio, jésuite italien, et de deux prêtres locaux : le père Michel Kayyal (arménien catholique) et le père Maher Mahfouz (grec – orthodoxe). Tous ont été enlevés en Syrie dans des circonstances diverses, entre février et août de cette année.
Depuis quatre jours, des dizaines d’otages, victimes du conflit syrien, ont été libérés grâce à l’action diplomatique conjointe menée par les gouvernements du Qatar, du Liban et de la Turquie. Action qui pourrait également impliquer les religieux chrétiens disparus jusqu’à présent.
Les libérations « à la chaîne » ont commencé le samedi 19 octobre, lorsque neuf pèlerins chiites libanais enlevés en Syrie il y a 17 mois ont été relâchés. Ils faisaient partie d’un groupe de onze otages (dont deux ont déjà été relâchés ces derniers mois) enlevés dans le nord de la Syrie alors qu’ils revenaient d’un pèlerinage en Irak. Le groupe de pèlerins, tout juste libérés, a été récupéré en Turquie, d’où il a pu retourner au Liban dans un jet privé qatari, dans lequel voyageaient également le ministre des Affaires étrangères du Qatar, Khaled al -Attiyah, et le chef des services de sécurité libanais, Abbas Ibrahim.
Selon le journal Akhbar de Beyrouth, les négociations pour la libération des otages libanais a duré dix mois, et le succès est également du à l’engagement pris par le Qatar à payer 9 millions de dollars à quatre chefs rebelles. Selon le ministre de l’Intérieur libanais Marwan Charbel, l’ancien Premier ministre Saad Hariri – aujourd’hui leader de l’opposition sunnite – aurait joué un rôle clé dans la libération des otages chiites : « Déjà en mai 2012 il avait tenté de négocier cette libération, mais sans succès », a révélé Charbel. La participation de M. Hariri dans les négociations pourrait aider à apaiser les relations conflictuelles entre sunnites et chiites au Liban.
La libération des neuf libanais fut le premier maillon d’une chaîne de libérations, en cours ces jours-ci, et le signal attendu pour la libération de deux pilotes de ligne turcs – Murat Akpinar et Murat Agca – enlevés près de l’aéroport de Beyrouth, détenus pendant 71 jours par un groupe libanais. Une fois libérés, eux aussi ont été ramenés dans leur pays à bord d’un avion du Qatar, avant d’être accueillis avec tous les honneurs dimanche 20 octobre par les autorités d’Ankara.
Mardi dernier, une nouvelle étape du plan de libération des prisonniers fut franchie : les autorités syriennes ont rendu la liberté à 14 femmes arrêtées pour avoir été considérées comme proches des rebelles. Elles sont les premières d’une longue liste de personnes attendant encore d’être libérées. « Pour leur propre sécurité, elles devront quitter le pays – a déclaré Sema Nassar, militant des Droits de l’Homme, à l’Agence France Presse -. 128 autres femmes attendent encore d’être libérées ».
Maintenant, l’espoir est qu’un dernier chapitre de cette « semaine des libérations» puisse bénéficier aux religieux chrétiens.
Toujours selon le ministre libanais Charbel – cité par le journal Ya Libnan – les évêques Yazigi et Ibrahim, enlevés le 22 avril, près d’Alep, seraient « en bonne santé ». Ils se trouveraient actuellement dans une banlieue d’Alep, mais les affrontements armés toujours en cours empêcherait leur libération.
Selon le journal libanais Naharnet, le chef du renseignement libanais, Abbas Ibrahim, devrait rencontrer ces jours-ci le président syrien Bachar al-Assad pour discuter du cas de deux évêques d’Alep. Question également soulevée par le patriarche maronite Bechara Rai avec le gouvernement du Qatar, pays où il s’est rendu en visite officielle.