Conférence à Rome, l’apport du christianisme au concept de liberté religieuse
Alors que les chrétiens de Syrie sont chaque jour plus éprouvés, une importante conférence sur le concept de liberté dans le Christianisme se tenait les vendredi 13 et samedi 14 décembre à Rome. Retour sur ces journées d’études et de partage.
Alors que les chrétiens de Syrie sont chaque jour plus éprouvés, une importante conférence sur le concept de liberté dans le Christianisme et sur la liberté religieuse des chrétiens dans le monde se tenait les vendredi 13 et samedi 14 décembre à Rome. Retour sur ces journées d’études et de partage.
(Rome-Jérusalem). « Christianisme et Liberté : Perspectives historiques et contemporaines », tel était l’intitulé de la conférence organisée par le Religious Freedom Project (Centre Berkley pour la religion, la paix dans les affaires internationales) de l’université américaine de Georgetown.
Mille sept cent ans après l’édit de Constantin qui accordait la liberté de culte à toutes les religions et permettait aux chrétiens de vivre leur foi en pleine lumière, cette conference invitait à réfléchir à l’apport du christianisme au concept de Liberté. Pour ce faire, experts et hommes d’Eglise ont pris pour champ d’étude le Moyen-Orient.
En effet, l’émigration des chrétiens d’Irak, de Syrie mais aussi d’Égypte ou du Liban ne cesse d’alarmer les responsables des Églises orientales. S. B. Louis Sako, patriarche chaldéen, a fait appel à la responsabilité des pays occidentaux, l’exil des chrétiens est “mortel”, il revêt “une signification forte et historique” non seulement pour les chrétiens mais aussi pour les musulmans. En effet, les chrétiens emportent avec eux “leur ouverture, leur culture, leurs compétences et surtout leur engagement millénaire en faveur de la liberté religieuse”. Beaucoup de musulmans respectent les chrétiens et les tentatives visant à les réprimer sont « un crime contre l’unité nationale », ajoutait-il. Un Moyen-Orient sans chrétiens « perdrait sa belle identité plurielle « .
“Ne vous méprenez pas”, déclarait-il encore “un Moyen-Orient sans chrétiens deviendrait vite un état Taliban où sont exclues toutes les libértés”. Il a exhorté les musulmans à « s’impliquer dans le dialogue » et la communauté internationale à accroître son soutien afin d’aider les pays musulmans du Moyen-Orient dans leur modernisation et réflexion sur l’Islam. “Il faut que nous arrivions à les convaincre que la répression et persécution des chrétiens nuit non seulement aux chrétiens mais aussi aux sociétés musulmanes elles-mêmes. La liberté religieuse est vitale pour chaque personne et chaque société”.
De nombreux éclairages ont permis de regarder l’évolution des chrétiens au Moyen-Orient. Ainsi Todd Johnson, directeur et professeur agrégé en christianisme mondial, a déclaré que la persécution actuelle des chrétiens – bien qu’elle soit réelle et en hausse – est proportionnellement moins forte que celle de la période communiste des années 1970.
Mariz Tadros, spécialiste de la politique et du développement humain au Moyen-Orient, a dissipé plusieurs mythes circulant sur les chrétiens coptes. Longtemps ces derniers ont été considérés comme une des plus belles minorités chrétiennes en terre d’Islam ou encore accusés d’avoir fait appel aux soutiens des puissances occidentales face à la montée d’un islam radical ou pointés du doigt comme étant une minorité économiquement privilégiée. Autant de préconçus que Mariz Tadros a démontés, point par point.
Ancien professeur d’histoire, Robert Louis Wilken a quant à lui évoqué les racines chrétiennes de la liberté religieuse et son influence sur certains penseurs protestants. « La rupture de l’ordre médiéval à la suite de la Réforme et la prolifération des communautés religieuses ont été des facteurs puissants dans l’élaboration de la réflexion sur la liberté religieuse » expliquait-il. Cette conférence va fournir les fruits d’une étude de deux ans, menée par une douzaine de chercheurs, sur ce que le Christianisme a offert au développement de la liberté.
Si cette étude est précieuse, les responsables des Églises d’Orient en appellent à l’Église toute entière afin que soit produit « un nouveau document, adressé aux musulmans, clarifiant à la fois nos peurs et nos espoirs, dans un langage compatible avec l’islam » expliquait S. B. Louis Sako. Il est de notre devoir d’aider « les musulmans à concilier islam et citoyenneté fondée sur une pleine égalité. »