Dimanche 5 janvier, des centaines de drapeaux érythréens, soudanais ou encore éthiopiens flottaient sur la place Yizhak Rabin de Tel-Aviv, en même temps que des milliers de manifestants reprenaient en anglais le même slogan: « Nous sommes tous des réfugiés ! Oui à la liberté, non à la prison ! ».
(Jérusalem/MMLV) – Dimanche 5 janvier, des centaines de drapeaux érythréens, soudanais ou encore éthiopiens flottaient sur la place Yizhak Rabin de Tel-Aviv, en même temps que des milliers de manifestants reprenaient en anglais le même slogan: « Nous sommes tous des réfugiés ! Oui à la liberté, non à la prison ! ».
Cette manifestation avait pour but de dénoncer le refus des autorités d’examiner les demandes d’asile, et les récentes décisions prises par le gouvernement israélien à l’égard des clandestins. En particulier la loi du 10 décembre dernier qui autorise leur placement en rétention jusqu’à un an sans procès. Ils étaient 200 à protester contre cette loi le 16 décembre 2013. Hier ce sont plus de 30 000 personnes qui sont descendues dans les rues selon les forces de police israéliennes. Soit le plus grand rassemblement de ce type jamais connu par le pays. Oscar Olivier, un congolais qui vit en Israël depuis dix-huit ans et milite pour l’African Refugee center, s’enthousiasme de cette grande première : « Jusque-là, les gens n’osaient pas protester. Ils risquaient d’être emprisonnés sans jugement. Ils ont fini par sortir dans la rue. La souffrance a vaincu la peur ».
Daoud, un clandestin originaire d’Erythrée a confié à l’AFP son ressenti sur la situation actuelle : « Nous avons fui des persécutions, des dictatures, des guerres civiles, des génocides. Le gouvernement israélien doit étudier nos demandes d’asile et nous traiter comme des êtres humains. Mais au lieu de nous traiter comme des réfugiés, on nous traite comme des criminels ».
Actuellement, on estime de 50 000 à 60 000 le nombre d’africains demandeurs d’asile entrés clandestinement en Israël. Un flux que les autorités ont voulu endiguer, avec la construction en 2012 d’une clôture électrique ultra sophistiquée le long de la frontière avec l’Egypte. Passage emprunté par la majorité des migrants africains désormais installés sur le territoire. Ils résident pour la plupart dans les quartiers défavorisés du sud de Tel-Aviv où ont été recensées de nombreuses agressions xénophobes ces dernières années.
L’an dernier le Premier Ministre israélien Benjamin Netanyahu s’était dit « déterminé à expulser les dizaines de milliers de migrants clandestins installés dans les villes israéliennes ». Mais ces derniers sont protégés par des lois internationales, qui rendent pratiquement impossibles les expulsions. Le gouvernement a donc du mettre en place des solutions alternatives ; telles que l’ouverture en décembre 2013, du centre de rétention ouvert d’Holot dans le sud du pays. Il peut aujourd’hui recevoir 11 000 migrants qui sont contraints d’y passer la nuit, et d’y pointer trois fois par jour afin de prouver qu’ils ne sont pas employés illégalement. C’est également contre ce type de mesure que les manifestants se sont mobilisés.
Le journaliste américain David Sheen, insiste sur le fait qu’1% des personnes descendues dans les rues pour protester étaient des israéliens. Signe que la population du pays n’est pas insensible au sort des réfugiés ; malgré la question du racisme en Israël que plusieurs journalistes ont à nouveau mise en avant suite à l’événement.
Cette manifestation a marqué le début de trois journées de grève pour les clandestins africains qui travaillent majoritairement dans l’hôtellerie et dans la restauration. Une marche est également prévue ce lundi en direction des bureaux du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, ainsi que devant plusieurs ambassades étrangères de Tel-Aviv.