Lors de son récent voyage en Israël et dans les territoires palestiniens, Stephen Harper, le premier ministre canadien a de nouveau manifesté son fort soutien à l’État Israélien. À la Knesset, il a même affirmé que critiquer l’État hébreu serait de l’antisémitisme. Une position diversement appréciée dans la région.
(Jérusalem/MMLV) – En visite en Israël et dans les Territoires palestiniens du 19 au 22 janvier, le premier ministre canadien, Stephen Harper, a expliqué que son pays souhaitait voir évoluer ses relations avec l’État hébreu. L’objectif principal de cette visite étant l’amélioration de l’accord de libre-échange entre le Canada et Israël.
Sous le mandat de l’actuel Premier ministre canadien, le Canada est devenu l’un des pays les plus favorables à Israël au sein de la communauté internationale. Bien que, officiellement, le ministère canadien des affaires étrangères condamne toujours la colonisation – qu’il considère comme une violation de la quatrième convention de Genève – Monsieur Harper s’est lui refusé lors de son séjour de clarifier le point de vue du Canada sur ce sujet. Il a même reproché aux journalistes qui l’ont suivi de l’avoir incité à critiquer ouvertement Israël. « Je ne suis pas ici pour critiquer Israël. C’est bien intéressant. Hier, j’étais avec l’Autorité palestinienne et personne ne m’a demandé de faire des critiques sur la gouvernance, les droits humains ou de telles choses avec le président Abbas. Mais il me semble que tout le monde demande qu’on critique Israël quand on est en Israël et quand on est ailleurs. » a-t-il déclaré à la presse.
Son homologue israélien, Benjamin Netanyahou, s’est montré plus précis sur la nature des liens qui unissent l’État Hébreu et le Canada. En déclarant que les deux pays avaient des relations amicales, malgré leur profond différend sur la question des colonies. Il a d’ailleurs reçu Harper en l’appelant par son prénom et en faisant référence à lui comme à un « ami d’Israël ». «Les nombreux secteurs dans lesquels nous désirons tous deux élargir notre collaboration témoignent véritablement de la bonne entente entre nos deux nations», a ajouté Harper dans un communiqué.
Il n’empêche que cette visite a divisé l’opinion dans tout le Proche-Orient. Lors d’un discours prononcé lundi devant les élus de la Knesset, le ministre canadien a notamment déclaré que le fait de critiquer l’État hébreu était antisémite. Il parle d’un «nouveau visage de l’antisémitisme» qui prendrait la forme d’un discours dans des «arguments intellectualisés contre la politique israélienne».
«Comment pouvons-nous appeler autrement cette critique qui condamne de manière sélective seulement l’État juif et nie son droit de se défendre tout en ignorant, ou en excusant, systématiquement la violence et l’oppression chez ses voisins?», a déclaré Stephen Harper.
Une déclaration qui, si elle lui a en partie valu d’être acclamé par la foule lors de son arrivée au mur occidental le lendemain, a également éveillé de nombreuses critiques. Le député arabe israélien Ahmad Tibi n’a même pas attendu la fin du discours du ministre pour quitter l’hémicycle en criant « boycott des colonies ! », en signe de désaccord. Les propos de Harper ont également été très controversés par les médias de la région. Un article paru sur le site en anglais d’Al-Jazeera se dit estomaqué par les points de vue passéistes du ministre canadien. Même le quotidien israélien Haaretz a souligné que les éloges de monsieur Harper sur le pays risquaient d’alimenter les troubles politiques, plus que les négociations de paix. « Son discours n’a fait qu’alimenter l’instinct de répression de Nétanyahou et renforcé ses sentiments de victimisation et d’isolationnisme qui existent déjà chez lui », affirme l’éditorial.
Allié d’Israël, le Canada demeure toutefois également un soutien indéfectible pour les territoires palestiniens auxquels Stephen Harper a versé 66 millions de dollars d’aide canadienne, à l’occasion de sa rencontre avec Mahmoud Abbas le 20 janvier.