Aujourd'hui plus que jamais, le conflit syrien risque de dégénérer en un conflit international : une guerre menée dans la plupart des pays du Moyen-Orient par des milices islamistes liées à Al-Qaïda. Au Liban, les attaques se multiplient contre des cibles chiites et sunnites. En Irak, les islamistes sont en train de prendre le contrôle militaire de plusieurs villes.
(Milan / c.g.) – Aujourd’hui plus que jamais, le conflit syrien risque de dégénérer en un conflit international : une guerre menée dans la plupart des pays du Moyen-Orient par des milices islamistes liées à Al-Qaïda.
Au Liban, une bombe a explosé il y a quelques jours dans un quartier de Beyrouth, habité principalement par une composante du Hezbollah chiite. Six personnes ont trouvé la mort et plus de 60 ont été blessées. Ce n’est malheureusement pas le premier attentat au Liban : ces derniers mois, ces explosions ne cessent de se multiplier. Ces évènements résonnent comme une véritable tragédie au Pays du cèdre, et évoque le spectre d’une nouvelle guerre civile.
La bombe a explosé seulement six jours après l’attentat qui a tué Mohamad Chatah, ancien ministre sunnite et opposant politique à la structure gouvernementale actuelle. L’attaque semble être une réponse à la précédente, et indique que le pays pourrait bientôt devenir un champ de bataille de forces opposées. En ce sens, il est à craindre que la révélation faite au New York Times par un analyste des services secrets israéliens, selon laquelle le Hezbollah – aujourd’hui engagé militairement en Syrie – transporterait actuellement des missiles de petite, moyenne et longue portée de la Syrie vers le Liban. D’autre part, il se pourrait que les milices sunnites engagées en Syrie contre le régime de Bachar Al-Assad choisissent bientôt d’affronter le Hezbollah directement au Liban. Selon la rédaction du quotidien libanais Naharnet, un chef du mouvement salafiste djihadiste jordanien (allié de l’État islamique d’Irak et du Levant, mouvement lié à Al-Qaïda et engagé depuis des mois dans la guerre contre Assad) aurait révélé le 1er janvier qu’Al Nosra et Isis auraient décidé de lancer des actions militaires au Liban. « Ils veulent être militairement présents dans le pays jusqu’à ce que le Hezbollah quitte la Syrie libère ses otages », a déclaré le dirigeant islamiste.
D’autre part, l’Église du Liban exprime son indignation. Le patriarche maronite Bechara Boutros Rai a tenu de sévères propos contre les États qui alimentent le conflit en fournissant des armes à la fois au régime syrien et à l’opposition. Le patriarche a également pointé du doigt les factions libanaises et leurs querelles, les accusant de semer des troubles dans la vie publique du Liban, et de bloquer les décisions importantes pour le pays. « La peur que le conflit syrien puisse déborder sur le Liban et encourager les citoyens à quitter le pays ne cesse de s’accroitre », a déclaré le patriarche.
Sur le front irakien, la stratégie d’Al-Qaïda se développe. Ces jours-ci, l’organisation terroriste est passée d’une activité clandestine d’attentat-suicides à une véritable occupation militaire du territoire. Le 2 janvier, les milices de l’État islamique d’Irak et du Levant se sont emparées de la moitié de la ville de Falloujah et des quartiers de la ville d’Abnar, capitale de la grande province irakienne de Ramadi. Ce sont deux des principales villes d’Irak, majoritairement sunnites. Le choix d’Al-Qaïda d’agir à découvert et d’occuper militairement les deux villes a été causé par la décision du gouvernement irakien de démanteler, lundi 30 Décembre, une manifestation anti-gouvernementale qui se déroulait dans la ville de Ramadi.
La réaction du gouvernement ne s’est pas faite attendre : les forces spéciales irakiennes sont intervenues à Falloujah, pendant qu’à Ramadi Al-Qaïda a été confronté à la police irakienne et à des hommes armés de la population locale, opposés au terrorisme islamiste. La situation sur place reste incertaine.
En 2013, l’Irak a été marqué par les attentats et un niveau de violence croissant, qu’on n’avait pas connu depuis 2008 : selon l’ONG britannique Iraq Body Count, chargée de compter le nombre de victimes du conflit en Irak d’octobre 2012 à octobre 2013, il y aurait eu 8200 morts. Des civils pour la plupart, victimes de bombes posées par des groupes islamistes liés à Al-Qaïda.