Depuis ce lundi 24 mars 2014, 1 200 diplomates et agents du ministère israélien des affaires étrangères se sont mis en grève. C’est la première fois qu’une telle initiative a lieu depuis la création du pays, et celle-ci menace grandement l’organisation des voyages diplomatiques en Israël comme vers l’étranger. A commencer par la visite du Pape en Terre Sainte du 24 au 26 mai prochains.
(Jérusalem/MMLV) -Cela faisait quelques mois que la menace planait. Aujourd’hui c’est une réalité, 1200 agents du ministère des Affaires étrangères israéliens se sont mis en grève « illimitée ». Dimanche 23 mars, le site internet de la diplomatie israélienne avait en effet annoncé que « le ministère à Jérusalem resterait fermé, et que les missions à l’étranger n’ouvriraient pas à partir de lundi 24 mars au matin ». C’est la première fois que les diplomates israéliens se mettent en grève depuis la création du pays, il y a 65 ans.
Cela fait quelques temps que les salariés du ministère des Affaires étrangères se plaignent de leur situation et réclament plus de considération à l’égard de leur profession, une revalorisation de leur salaire, ainsi qu’une hausse de leur retraite. Au printemps 2013, un premier mouvement de grève avait été lancé, mais l’ouverture de négociations salariales avec le ministère des finances l’avait suspendu. Début mars 2014, les tensions avec la direction se sont intensifiées, suite à l’échec de ces négociations.
Le Jerusalem Post soutien les diplomates grévistes et mentionne dans un article : « Le fardeau des employés du ministère des Affaires étrangères est devenu insupportable à porter. Depuis plus d’une décennie, les salaires de ces personnes dévouées n’ont pas été réévalués en fonction de l’inflation dans les différents pays où ils sont affectés ».
Le Ministre des Affaires étrangères, Avigdor Liberman, lui, n’est pas de cet avis et a vivement critiqué le mouvement de grève initié par les employés de son ministère : « C’est une décision pitoyable qui mène à une perte de contrôle », a-t-il déclaré. « Cela n’a aucun aspect positif et cause seulement plus de dommages aux employés du ministère. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour minimiser les effets collatéraux sur le pays et sur ses citoyens », a-t-il ajouté.
Car des répercussions, cette grève en a déjà eu et promet d’en avoir le temps qu’elle durera. Le site du ministère des Affaires étrangères précise que depuis le 4 mars, les diplomates n’ont délivré aucun visa et ne se sont pas occupés des visites officielles, en Israël comme à l’étranger. Comme l’avait déjà exprimé le Porte-Parole des grévistes Yigal Palmor en février : «Il n’y a plus de câbles diplomatiques, plus de contacts bilatéraux et on ne s’occupera d’aucune visite, quelle qu’elle soit, tant qu’une issue n’aura pas été trouvée à cette situation».
Le quotidien Haaretz a également souligné le fait que la grève était un facteur susceptible d’empêcher Israël de s’opposer efficacement à l’adoption d’un projet de résolution invitant à suspendre les liens avec les colonies de Jérusalem-Est et de Cisjordanie, au Conseil des droits de l’homme durant la semaine.
Le premier Ministre, Benjamin Netanyahou, a quant à lui anticipé le mouvement de grève et annulé son voyage en Amérique Latine où il devait se rendre courant avril. De même que le Ministre de la Défense Moshé Ayalon a été contraint ce lundi, d’annuler un voyage à Rome en raison de la grève.
Mais le gel de l’activité des diplomates met surtout en péril la visite du Pape en Terre Sainte, qui doit normalement se dérouler du 24 au 26 mai 2014. « Une grève en cours constitue un problème et est susceptible d’entraîner des complications dans les préparatifs du voyage», avait déclaré, le 7 mars dernier, le Porte Parole du Saint Siège, Frederico Lombardi, précisant toutefois qu’une annulation du déplacement n’était pas à l’ordre du jour. Il n’est cependant pas impossible que l’événement prenne un peu de retard en fonction de la durée de la grève.