Un documentaire titanesque pour une ville hors du commun. Demain 12 avril, à partir de six heures du matin, la chaine franco-allemande Arte propose à ses téléspectateurs une excursion de 24 heures dans la ville de Jérusalem. 24 heures non stop consacrées à la Ville sainte.
(Jérusalem/AP) – Le 12 avril prochain, à partir de six heures du matin, la chaine franco-allemande Arte propose à ses téléspectateurs une excursion de 24 heures dans la ville de Jérusalem.
Cette programmation est un vrai pied de nez à la grille habituelle de la chaine et à l’info fragmentée qui a la côte aujourd’hui. Arte s’offre le luxe de tout bousculer pour un reportage grandeur nature, qui suit le quotidien des habitants de Jérusalem pendant vingt-quatre heures d’affilée.
A l’origine du projet se trouve le réalisateur Volker Heise, qui avait déjà réalisé 24H Berlin en 2009. Heise renouvelle l’expérience à Jérusalem, cette ville iconique au centre des préoccupations géopolitiques, stratégiques et religieuses.
“Jérusalem, c’est LA ville, » dit-il dans une interview exclusive à Terresainte.net, “Tout le monde a grandi avec des histoires sur Jérusalem, mais personne ne sait vraiment ce qui s’y passe.”
Le projet a demandé trois ans de recherches et de préparation. Au final, ce sont trois équipes de vingt réalisateurs, palestiniens, israéliens et européens qui ont sélectionné les protagonistes et ont organisé le tournage. C’est également 500 heures de film brut qu’il a fallu transformer en un documentaire construit de 24 heures.
D’immenses efforts de négociation ont aussi été déployés pour surmonter les obstacles posés par la situation exceptionnelle de la ville. Deux fois, un boycott palestinien a failli tout annuler. Sous l’influence du mouvement Boycott Désinvestissement Sanction, de nombreux participants palestiniens ont dans un premier temps refusé de participer au film. Le projet était accusé de prendre parti pour les Israéliens et de normaliser l’occupation israélienne. Pour les Palestiniens, il était hors de question de montrer une Jérusalem unifiée, où le conflit n’existe pas, alors même que celui-ci est au cœur de leurs vies quotidiennes.
« Je me suis toujours dit, et je l’ai répété à mon équipe, que nous étions des réalisateurs indépendants, et que notre but était de montrer la vie quotidienne de Jérusalem à travers les yeux de différentes personnes. Nous savions que nous voulions des points de vue différents et nous avons cherché un équilibre entre l’Est et l’Ouest, » explique Heise.
Ce sont donc deux équipes, l’une palestinienne, l’autre israélienne qui se sont chargé de filmer leur ville. De même, deux monteurs, un de chaque nationalité, ont travaillé indépendamment au montage du film.
« Nous avons beaucoup discuté ensemble de manière à construire un rapport de confiance, » ajoute Heise lors de l’interview, « je comprends que les palestiniens ne veulent pas travailler en coopération avec les israéliens. Je leur ai donc demandé s’ils accepteraient de travailler seuls, avec leurs propres équipes, sans aucune interaction avec les israéliens. Certains ont accepté, d’autres ont dit non. »
Entre les deux, l’équipe européenne supervisée par Heise assurait la cohérence du résultat final. Un vrai travail d’équilibriste pour permettre au public européen d’écouter les deux histoires et d’essayer de comprendre la ville trois fois sainte.
Le documentaire sera diffusé sur Arte du 12 avril 2014 à 6 heures au 13 avril à la même heure.
Ceux qui connaissent le père Armando, franciscain initiateur du conservatoire de musique pourront le suivre durant les 24 heures, et sur les avants sujets que l’on peut trouver sur le site de l’émission.