À au moins deux reprises, le pape a répété : « Qui suis-je devant le Seigneur qui souffre ?». Lundi 26 mai après-midi, la basilique de Gethsémani était remplie de prêtres, de religieux, de séminaristes et de personnes consacrées. La rencontre de Gethsémani fut par-dessus tout le temps d’un profond examen de conscience que le pape a lui-même proposé aux consacrés, mais aussi à tous les chrétiens, qui luttent chaque jour avec manquements et faiblesses.
À au moins deux reprises, le pape a répété : « Qui suis-je devant le Seigneur qui souffre ?». Lundi 26 mai après-midi, la basilique de Gethsémani était remplie de prêtres, de religieux, de séminaristes et de personnes consacrées. À l’extérieur, la chaleur printanière commence à s’estomper progressivement. Les feuilles des oliviers sont secouées par le vent qui descend de la colline de l’Ophel.
À l’intérieur de la basilique – où le pape a été très chaleureusement accueilli, en particulier par les nombreuses sœurs présentes – François s’est agenouillé sur la pierre qui rappelle l’Agonie de Jésus, sa lutte intérieure au moment de prendre sur lui la croix de l’humanité tout entière.
La rencontre de Gethsémani fut par-dessus le temps d’un profond examen de conscience que le pape a lui-même proposé aux consacrés, mais aussi à tous les chrétiens, qui luttent chaque jour avec manquements et faiblesses. Une invitation à regarder en face la première qualité du témoignage chrétien. Et trouver la force de surmonter les épreuves devant lesquelles la vie nous place sans cesse.
À l’approche de son procès « Jésus a ressenti le besoin de prier en ayant ses disciples à ses côtés, ses amis qui l’avaient suivi et qui avaient partagé sa mission au plus près. Mais ici, à Gethsémani, la suite est difficile et incertaine ; le doute survient, la lassitude et la terreur surgissent. Pendant tout le déroulement de la Passion de Jésus, les disciples adopteront des attitudes différentes face à leur Maître : la proximité, l’éloignement, l’incertitude ».
Le pape François a regardé l’assistance, semblant les interroger un par un. « Il serait bon que nous tous, évêques, prêtres, personnes consacrées et séminaristes, nous nous demandions, dans ce lieu : qui suis-je devant mon Seigneur qui souffre ? Suis-je de ceux que Jésus a invité à veiller avec Lui, qui se sont endormis, et qui au lieu de prier on cherché à fuir en fermant les yeux sur la réalité ? Est-ce que je me reconnais en ceux qui ont fui par peur, abandonnant le Maître à l’heure la plus tragique de sa vie terrestre ? Peut-être y a-t-il de la duplicité en moi, la fausseté de l’homme qui a vendu Jésus pour trente pièces d’argent, qui était appelé son ami, mais qui l’a trahi? Est-ce que je me reconnais en ceux qui sont faibles et qui l’ont renié, comme Pierre ? Il venait de promettre à Jésus de le suivre jusqu’à la mort (cf. Lc 22,33) ; puis, mis à l’épreuve et envahi par la peur, il a juré qu’il ne le connaissait pas. Est-ce que je ressemble à ceux qui déjà comptaient organiser leur vie sans lui, comme les deux disciples d’Emmaüs, stupides et le coeur lent à croire aux paroles des prophètes (cf. Lc 24:25) ? ».
Gethsémani est le lieu de l’épreuve, de l’abandon. Mais aussi le lieu où « rester debout aux côtés de Jésus » – comme Marie et Jean – en partageant son sort et surtout en portant avec lui le poids de la croix, sonne alors comme une réponse. «Lorsque sur le Golgotha tout s’assombrit et que tout espoir semble perdu, seul l’amour est plus fort que la mort. L’amour de la Mère et du disciple bien-aimé les oblige à rester au pied de la croix, à partager pleinement la douleur de Jésus. Est-ce que je me reconnais en ceux qui ont imité leur Maître et Seigneur jusqu’au martyre, témoignant ainsi de ce qu’Il était pour eux, la force incomparable de leur mission et l’ultime horizon de leur vie ? L’amitié de Jésus envers nous, sa fidélité et sa miséricorde sont le don inestimable qui nous encourage à continuer notre cheminement à sa suite, malgré nos faiblesses, nos erreurs et nos manquements ».
Remerciant les nombreux hommes et femmes religieux, les prêtres et les consacrés, pour leur présence et pour leur service en Terre Sainte, le pape a exhorté à «toujours garder confiance en la grande bonté et l’infinie miséricorde » du Seigneur, qui « nous prend toujours par la main, afin que nous ne sombrions pas dans l’océan du trouble. Il est toujours à nos côtés, Il ne nous laisse jamais seuls. Alors, ne nous laissons pas vaincre par la peur et le désespoir, mais avançons avec courage et confiance dans notre cheminement et dans notre mission ».
Pour terminer, le pape a exprimé une pensée pour les chrétiens de Jérusalem (dont beaucoup n’ont pas pu le rencontrer). «Je suis bien conscient de vos difficultés – a dit François – et je vous exhorte à être des témoins de la résurrection dans votre ville ».
Avant de quitter Gethsémani pour rejoindre le Cénacle pour la célébration eucharistique, dernière étape du pèlerinage de Bergoglio en Terre Sainte, le pape a planté un olivier dans le jardin de Gethsémani, comme le fit Paul VI. Un olivier qui racontera dans les siècles à venir les espoirs de paix et le témoignage de foi que le pape François aura voulu semer par sa présence dans ce pays.