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Le patriarche maronite veut accueillir le Pape en Terre Sainte

Terresainte.net
5 mai 2014
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Vendredi 2 mai, le patriarche maronite Bechara Raï a annoncé qu'il accompagnerait en mai le pape François durant son voyage en Terre Sainte. Son intention a déclenché au Liban une virulente polémique. En effet, aucun dignitaire religieux libanais ne s’est rendu en Israël depuis l’annexion de la vieille ville de Jérusalem.


(Jérusalem/ER) – Vendredi 2 mai, le patriarche maronite Bechara Raï a annoncé qu’il accompagnerait en mai le pape François durant son voyage en Terre Sainte. Son intention a déclenché au Liban une virulente polémique. En effet, les relations diplomatiques entre l’État d’Israël et le Liban sont au point mort, les deux États étant techniquement encore en guerre, malgré un armistice signé en 1949. Aucun dignitaire religieux libanais ne s’est rendu en Israël depuis l’annexion de la vieille ville de Jérusalem.

« Le pape va dans le diocèse du patriarche, c’est normal que le patriarche l’accueille et visite par la même les paroisses de son diocèse »  a déclaré Mgr Bechara Raï, faisant référence aux 10 000 maronites résident en Terre Sainte. Alors que les touristes se présentant avec un visa israélien sur leur passeport sont interdits de séjour au Liban et que les citoyens libanais peuvent être poursuivis pour haute trahison s’il se rendent en Israël; Bechara Raï, la plus haute autorité spirituelle de la principale communauté chrétienne au Liban, s’est exposé aux foudres des partis nationalistes et anti-israéliens.

En premier lieu, le Hezbollah, mouvement politico-religieux chiite, né en opposition à l’invasion israélienne du sud Liban en 1982 et qui se veut le fer de lance de la lutte armée contre l’État hébreu. Le journal As-Safir, proche du parti, titrait le samedi 3 mai « Péché historique : Raï se rend en Israël ». La polémique fait rage quant à savoir si le patriarche serrera la main des dirigeants israéliens qui accueilleront le Pape et sa délégation à l’aéroport Ben Gourion de Tel Aviv.

Un autre journal, Al-Akhbar, lit dans cette démarche une possible dérive  de « normalisation des relations avec l’occupant israélien ». Une délégation de parlementaires chrétiens, opposés à ce voyage, s’est aussi fait entendre, annonçant son désir de rencontrer le Nonce apostolique au Liban afin de lui expliquer les possibles retombées négatives de ce déplacement.

Les maronites n’ont pas tardé à réagir insistant sur ce « devoir » qui incombe à leur chef spirituel. Le patriarche « n’a pas pour objectif de signer un traité de paix avec Israël », a répliqué l’évêque maronite Samir Mazloum, sur la chaîne de télévision libanaise OTV. Il annonçait également la rencontre du Patriarche avec le président Mahmoud Abbas, garantie affichée du soutien des chrétiens libanais à la lutte palestinienne.

Face à cette effervescence, le patriarche, actuellement en France, a insisté sur le caractère religieux et non politique de sa visite. On pouvait lire ce lundi 5 mai, dans le quotidien An Nahar, une nouvelle déclaration où il affirmait : « Je sais très bien qu’Israël est un État ennemi et qu’il occupe encore notre territoire ; je respecte les lois libanaises ». Il invitait les libanais à se concentrer sur les problèmes d’importance (élection présidentielle) avant d’en créer de nouveaux visant à détruire l’unité nationale.

Dans un communiqué, le patriarcat maronite a aussi précisé que « depuis l’armistice en 1949, il est convenu que l’évêque maronite de Terre Sainte puisse se déplacer entre le Liban et la Palestine ». De plus, un accord tacite existe avec les autorités libanaises permettant aux hommes et femmes de religion d’aller en mission en Terre Sainte soit par les frontières terrestres (via la Jordanie), soit par l’aéroport de Tel-Aviv.

Cette polémique vient, une fois de plus, redire que dans ce petit état multiconfessionnel qu’est le Liban, politique et religion ne font qu’un.

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