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Les prêtres palestiniens du patriarcat latin de Jérusalem en appellent au Pape

Terresainte.net
22 mai 2014
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Dans une lettre qu’ils espèrent pouvoir remettre au pape lors de son pèlerinage, les prêtres palestiniens du patriarcat latin de Jérusalem en appellent au pape. Comme palestiniens, ils partagent le sort de leurs concitoyens au regard de l’État hébreu. Or disent-ils « Tout cela handicape presque totalement notre mission pastorale. »


(Jérusalem/mab) – Dans une lettre qu’ils espèrent pouvoir remettre au pape lors de son pèlerinage, les prêtres palestiniens du patriarcat latin de Jérusalem en appellent au pape.  Comme palestiniens, ils partagent le sort de leurs concitoyens au regard de l’État hébreu. Or disent-ils « Tout cela handicape presque totalement notre mission pastorale. » Les difficultés d’accès à Jérusalem, siège du patriarcat, « handicape » effectivement leur présence aux réunions conjointes entre prêtres du diocèse – qui couvre Israël, la Palestine mais aussi la Jordanie et Chypre – comme aux réunions des commissions mises en place pour la pastorale ecclésiale.

Dans leur lettre, les prêtre palestiniens ajoutent que le document que la Délégation apostolique leur a fournir « ne vaut rien » aux yeux des soldats des check points en l’absence de visa. Ils dénoncent aussi le durcissement des conditions qui leur sont imposées. Ils lancent un appel enfin : « Alors même que notre pays dénonce régulièrement le sort réservé aux Chrétiens d’Orient, il convient de ne pas rester silencieux devant cette contrainte insupportable opposée à des prêtres dans leur propre pays. Le Vatican peut-il rester plus longtemps silencieux ? »

En Cisjordanie, le patriarcat latin administre 17 paroisses pour 17 800 catholiques de rite latin. En Palestine, les Catholiques représentent près de 50% des Chrétiens. En plus des latins, on compte aussi 4650 Grecs-Catholiques et de petites communautés de Syriaques catholiques, Maronites et Arméniens catholiques.

Texte intégral de la lettre des prêtres palestiniens

Saint-Père : écoutez les prêtres palestiniens. Ils espèrent enfin une aide !

Les prêtres du patriarcat latin de Jérusalem sont soit palestiniens, soit jordaniens ou étrangers de diverses nationalités. Les prêtres jordaniens et étrangers ont un visa de l’État d’Israël sur leur passeport, souvent difficile à obtenir, mais qui leur permet, en principe, de circuler librement entre les Territoires palestiniens, Jérusalem et Israël.

Nous, les vingt prêtres palestiniens du Patriarcat latin de Jérusalem n’avons qu’une carte d’identité palestinienne. Selon l’État d’Israël, puissance occupante et illégitime au regard du Droit international, nous n’avons pas le droit de nous rendre à Jérusalem sans un permis délivré par l’autorité militaire israélienne. Si nous obtenons ce permis, de plus en plus improbable, nous ne pouvons cependant pas entrer à Jérusalem avec notre voiture. Nous devons emprunter les transports publics. Il nous faut traverser le check-point à pied (impossible de traverser en voiture avec d’autres prêtres qui possèdent un visa). Il nous faut suivre la file des Palestiniens et attendre le plus souvent des heures pour traverser, sans être certain d’y arriver. De plus, nous n’avons le droit d’entrer à Jérusalem que par deux check-points : l’un au nord et l’autre au sud de Jérusalem. 

Tout cela handicape presque totalement notre mission pastorale. Ces contraintes ont obligé récemment le prêtre de la paroisse latine de Taybeh, bien connu de nombreux groupes de pèlerins français, à démissionner de ses fonctions au Patriarcat latin de Jérusalem : conseil des prêtres, commission liturgique et responsabilité de la pastorale des jeunes.

La Délégation apostolique  à Jérusalem (représentation diplomatique du Vatican) a accepté de nous fournir un « laissez-passer » mais sans visa, Israël refusant de l’apposer sur le document du Saint-Siège. Selon le témoignage de l’un d’entre nous : « A chaque fois je montre ce laissez-passer aux soldats israéliens, ils le refusent, et ils demandent toujours le visa. Récemment, un soldat m’a dit, au vu de ce laissez-passer : « Jetez-le, çà ne vaut rien ».  Un autre prêtre témoigne également : « Les soldats israéliens  nous ont accusé d’une manière arrogante d’être des menteurs : « Vous les prêtres catholiques vous êtes des menteurs, vous avez un document sans visa et vous prétendez entrer à Jérusalem ».

Nous demandons donc que nous soit accordée ou bien la carte d’identité de Jérusalem (les autorités israéliennes l’ont déjà donné à un prêtre et à un évêque), ou bien un visa sur le laissez-passer du Vatican. Si les contraintes se maintiennent (et elles s’amplifient actuellement), la vie de l’Église de Jérusalem sera davantage encore menacée, alors qu’elle est déjà plus que précaire. Jérusalem est de plus en plus fermée aux Chrétiens de Cisjordanie dont c’est depuis des siècles la capitale spirituelle et culturelle, eux qui pour la majorité habitent à quelques kilomètres de la Ville sainte.

Au nom des prêtres palestiniens, le curé de la paroisse latine de Taybeh, le Père Aziz, a envoyé en mars dernier une lettre au Saint Père pour expliquer cette situation et lui demander son appui. Pour le moment, rien n’a évolué.

La visite du pape François en Terre Sainte cette fin de semaine constitue donc pour nous un presque dernier espoir. Comme la majorité des Chrétiens de Palestine, nous sommes fatigués, usés. Alors même que notre pays dénonce régulièrement le sort réservé aux Chrétiens d’Orient, il convient de ne pas rester silencieux devant cette contrainte insupportable opposée à des prêtres dans leur propre pays. Le Vatican peut-il rester plus longtemps silencieux ? Le Saint-Père pourra-t-il séjourner quelques heures en Terre Sainte en ne disant pas un mot sur cette réalité tellement emblématique de l’injustice faite à un peuple, prisonnier sur sa propre terre ?

Les prêtres palestiniens du Patriarcat latin de Jérusalem

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