A l’occasion de la visite du pape, le rabbin Skorka s’exprimait jeudi à Jérusalem sur son amitié de 20 ans avec l’ancien archevêque de Buenos Aires et sur les enjeux des relations judéo-chrétiennes.
(Jérusalem/APP) – La visite du pape en Terre Sainte soulève de nombreuses questions. Parmi elles, le dialogue interreligieux n’est pas des moindres : pour la première fois, le pape sera en effet accompagné dans la délégation officielle de représentants officiels du judaïsme de l’islam. Le rabbin Abraham Skorka, ancien recteur du séminaire rabbinique de Buenos Aires et le Sheikh Omar Abboud, anciennement secrétaire général du Centre Islamique d’Argentine, sont deux amis de longue date du pape François Bergoglio.
Dans sa conférence de presse, le rabbin Skorka a insisté sur cette relation qui dépasse le strict cadre du dialogue officielle entre les deux confessions. « Notre amitié et notre dialogue sont le signe qu’une relation est possible entre Rome et Jérusalem, » a-t-il expliqué.
« C’est un de nos rêves de venir ensemble en Terre Sainte. » a-t-il ajouté faisant le rapprochement entre le terme de pèlerinage et d’ « aliyah regel » en hébreu, les deux termes désignant le fait de se « voyager vers un lieu avec un objectif spirituel. »
Soutenant le caractère délicat de ce voyage dans une région mosaïque et pétrie de conflits, le rabbin Skorka a affirmé sa confiance dans le pape François, « un homme doté d’un grand courage, qu’il a montré à plusieurs reprises pendant [leur] amitié. »
« Au cœur de chaque chrétien, il y a un juif, » s’est rappelé le rabbin en citant les mots du Saint Père.
Ce courage, c’est celui du changement : « la vie nécessite des changements pour améliorer et corriger ce qui nécessite une correction, » explique-t-il. Selon le rabbin, le pape François est une personne intègre, qui n’a pas peur des évolutions et qui est « conséquent dans ses paroles. »
« Le pape veut et peut contribuer [à ces changements] grâce à la meilleure arme qu’il ait pour toutes les choses […] les moments de prières. C ‘est l’homme du moment pour l’Eglise. Il est pragmatique et humble. L’Eglise a besoin d’un grand leader pour apporter des réponses pragmatiques et profondes [aux questions que se pose l’Eglise]. »
Il a évoqué à ce sujet notamment, la promesse faite lorsque le Saint Père était encore cardinal d’ouvrir les archives de l’Holocauste aux historiens. Il a également condamné les nombreuses attaques contre les chrétiens perpétuées par des groupes juifs extrémistes.
« Nous ne pouvons pas continuer dans la haine, » a-t-il affirmé.
Le rabbin Skorka s’est attaché à décrire l’accessibilité et la simplicité du pape dans ses relations humaines et a insisté sur le fait que c’était « un de leur rêve de venir ensemble en Terre Sainte». Les deux hommes avaient animés des discussions interreligieuses lorsque le pape était encore archevêque de Buenos Aires, rassemblés dans un ouvrage intitulé Sobre el Cielo y la Tierra. Le rabbin Skorka a également rédigé la préface de l’ouvrage El Jésuita (2010) du pape François, sur sa demande expresse.
« Nous regardons ensemble les cieux spirituels, » a conclut le rabbin Skorka.