Un nouveau camp de réfugiés vient d’ouvrir à Azraq, en Jordanie, pour 130 000 personnes
Le plus grand camp de réfugiés de Jordanie, capable d’accueillir jusqu’à 130 000 personnes, a été officiellement inauguré le 30 avril à Azraq. Les Syriens en fuite trouveront l’un des camps les plus modernes du monde. Cependant, l'ouverture de cette nouvelle installation fait admettre que la tragédie qui frappe la Syrie est encore loin d’être terminée.
(Milan) – Le plus grand camp de réfugiés de Jordanie, capable d’accueillir jusqu’à 130 000 personnes, a été officiellement inauguré le 30 avril à Azraq, à une centaine de kilomètres à l’est d’Amman. Excellente nouvelle pour les réfugiés syriens, puisque le camp d’Azraq semble être l’un des camps les plus modernes jamais construits au monde. Cependant, l’ouverture de cette installation sonne également comme une mauvaise nouvelle : la construction, en Jordanie, d’un nouveau camp de réfugiés, prévu pour du long terme, revient à faire admettre à la communauté internationale que la crise syrienne est loin d’être résolue.
À Azraq, on compte 21 organismes internationaux d’aide mobilisés, dont la Coopération italienne, qui a fait don d’un hôpital au camp. Le nouveau complexe couvre une superficie de 15 kilomètres carrés et se divise en quatre zones qui, dans un premier temps, pourront prendre en charge jusqu’à 60 000 personnes, mais qui pourront par la suite en accueillir le double. Le camp a coûté l’équivalent de 46 millions d’euros, utilisés pour construire des routes, des infrastructures, un système hydrique moderne, des hôpitaux, des écoles – qui pourront accueillir jusqu’à 10 000 enfants -, des supermarchés et des commissariats de police. On y trouve également plusieurs mosquées ainsi qu’un cimetière.
Dans le camp d’Azraq, impossible de trouver les traditionnelles tentes blanches de l’ONU, habituellement réservées aux réfugiés : elles ont été remplacées par des maisons préfabriquées. «C’est probablement le plus grand camp de ce genre jamais construit dans l’histoire », confirme Andrew Harper, représentant en Haute Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés en Jordanie (Acnur). La caractéristique qui distingue le camp d’Azraq des nombreux autres camps de réfugiés construits ces dernières années est le fait qu’il ait été «planifié» presque scientifiquement, « Azraq est un camp organisé : il a été construit grâce à d’énormes ressources économiques et à 10 mois de travaux – explique Harper -. Lorsque (en juillet 2012) il a fallu monter le camp de Zaatari, nous ne disposions que d’une dizaine de jours… Les échéances étaient dictées par l’afflux de réfugiés syriens qui ont traversé la frontière ; de plus, nous n’avions pas les ressources économiques nécessaires… ». Aujourd’hui, presque deux ans plus tard, le camp de Zaatari accueille, d’après l’ONU, environ 170 000 personnes. Il a été considérablement agrandi, au rythme de la crise et d’une gestion déplorable à bien des égards, et s’est transformé à la longue en un véritable problème social pour le gouvernement jordanien et pour l’Organisation des Nations Unies : en effet, à l’intérieur du camp, des phénomènes de marginalisation et d’insécurité se sont développés dans des proportions alors même inconnues dans le pays d’origine des réfugiés. Comme par exemple la prostitution forcée de jeunes filles qui abandonnent l’école, ou encore le travail des enfants.
C’est exactement ce qu’a voulu éviter cette fois-ci l’ONU, grâce à une longue et méticuleuse planification du nouveau camp.