Depuis quelques jours, environ un milliard et demi de dollars d’équipement militaire sont en train de se diriger vers le Moyen-Orient. Ce matériel est destiné à lutter contre la progression de l'extrémisme islamique. Des fonds et des armes qui arrivent directement des États-Unis, mais aussi de Russie. L’émergence de l’EIIL bouleverse la mappemonde géopolitique en créant d’improbables alliances.
(c.g.) – Depuis quelques jours, au moins un milliard et demi de dollars d’armement sont en train de se diriger vers l’Afrique du Nord et le Moyen Orient Rubrique. Ce matériel est destiné à lutter contre la progression de l’extrémisme islamique.
Lors de sa visite en Égypte dimanche dernier, le 22 juin, en plus de plaider la cause de la liberté de la presse et des droits de l’homme, le secrétaire d’État américain John Kerry a débloqué la livraison de 10 hélicoptères Apache pour l’armée égyptienne. Une livraison d’une valeur estimée à 570 millions de dollars. Il s’agit d’une partie du financement américain pour l’armée égyptienne (qui s’élève à 1,3 milliards de dollars) que Washington envoie chaque année au Caire, depuis la signature des accords de Camp David, en 1978 (sur la base desquels a été signé le traité de paix entre l’Égypte et Israël). Financement qui avait été « gelé » après le coup d’État qui a renversé le président Mohammed Morsi en juin 2013. Aujourd’hui, l’administration américaine considérant les relations établies avec le nouveau gouvernement égyptien comme stratégiques, les aides ont pu reprendre la route du Caire. Les hélicoptères doivent être utilisés pour lutter contre le terrorisme islamique dans la péninsule du Sinaï.
L’agence Bloomberg rapporte que le gouvernement irakien a quant à lui acheté des avions de combat utilisés en Russie et en Biélorussie pour lutter contre les rebelles fondamentalistes de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL, milice sunnite extrémiste qui tente d’instaurer un califat). Cette décision de Nouri al-Maliki, premier ministre irakien, a été prise après une longue et vaine attente de 36 avions de combat américains F-16, dont l’absence aurait laissé les troupes irakiennes sans aucune capacité aérienne, les rendant inaptes à lutter efficacement contre la progression de l’EIIL sur le terrain. Al-Maliki, interrogé par la chaîne en langue arabe de la BBC, a critiqué les États-Unis pour ces retards de livraison : « Nous n’aurions pas acheté seulement des jets américains, mais aussi anglais, français et russes, pour garantir un support aérien à nos troupes – a déclaré le premier ministre -. Si seulement nous avions eu un support aérien, rien de tout cela ne serait arrivé… ».
Les États Unis fourniront le premier F-16 au plus tôt, a déclaré le colonel de l’armée américaine Steve Warren, porte-parole du Pentagone. Il a ajouté sur les 500 missiles Hellfire attendus par l’Irak (missiles antichars transportables par hélicoptères), les 200 restants seront expédiés dans les prochaines semaines. Le coût pour 36 avions F-16 peut varier, en fonction du modèle : de 500 millions à un milliard de dollars ; tandis que pour 500 missiles Hellfire, l’addition pourrait s’élever à environ 50 millions de dollars.
Enfin, ces jours-ci, le président américain Barack Obama a demandé au Congrès d’approuver le financement de 500 millions de dollars en armement et un entraînement militaire pour les rebelles syriens « modérés » qui se battent contre le régime du président Bachar al-Assad. La logique de la décision réside dans le fait que de cette manière, en plus de la lutte contre le président Assad, les rebelles « modérés » pourraient se renforcer et lutter contre les rebelles « fondamentalistes » de l’État islamique en Irak et au Levant, qui progresse dangereusement en Syrie et en Irak.
Les chances de succès de l’intégrisme islamique étant considérablement effrayantes, cette mesure peut paraître imprudente, à la lumière des dernières informations divulguées par le journal online turc Hurriyet DailyNews. En effet, d’après ce média, le premier ministre du gouvernement syrien en exil, Ahmad Tohme, aurait décidé de déposer le Conseil militaire suprême (qui devrait recevoir et gérer les 500 millions de dollars américains d’armement) et de soumettre sa direction. La décision a été prise suite à des rapports de corruption interne dans les rangs de l’Armée Syrienne Libre.
D’autre part, la géopolitique du Moyen-Orient se retrouve complètement bouleversée : en témoigne les activités récentes de l’armée de l’air syrienne, qui dans les dernières heures a survolé le ciel irakien pour bombarder les forces de l’EIIL, avec le consentement plus ou moins tacite de Bagdad. De fait, le président Bachar al-Assad répond lui aussi favorablement aux États Unis.