Avec la proclamation du nouvel État islamique en Irak et en Syrie, après les succès militaires des combattants islamistes, la peur de la « contagion » fondamentaliste parmi les plus jeunes se développe dans de nombreux pays. La Turquie aurait commencé à prendre des mesures concrètes pour prévenir le recrutement de citoyens turcs dans les rangs de la guérilla djihadiste. Les gouvernements européens eux aussi se mobilisent.
Avec la proclamation du nouvel État islamique en Irak et en Syrie, après les succès militaires des combattants islamistes, la peur de la « contagion » fondamentaliste parmi les plus jeunes se développe dans de nombreux pays. La Turquie aurait commencé à prendre des mesures concrètes pour prévenir le recrutement de citoyens turcs dans les rangs de la guérilla djihadiste. Les gouvernements européens eux aussi se mobilisent.
Selon le quotidien turc Hürriyet, la Turquie aurait commencé à prendre des mesures concrètes pour prévenir le recrutement de citoyens turcs dans les rangs de la guérilla djihadiste l’étranger. La police secrète aurait déjà interrogé 370 familles d’enfants qui, ces derniers mois, ont quitté la Turquie pour combattre en Syrie et en Irak, avec pour objectif de retracer le profil type de ceux qui décident d’embrasser la guérilla. La plupart des jeunes gens en question – dont le casier judiciaire est généralement vide – auraient été éduquée dans des écoles islamiques et n’auraient plus beaucoup de liens avec leurs familles d’origine. D’après les services secrets turcs, on compte entre 600 et 700 citoyens turcs partis rejoindre l’État islamique d’Irak et du Levant (EIIL), l’organisation qui vient tout juste de proclamer le califat en la Syrie et en Irak ; 163 familles turques ont récemment signalé la disparition de leurs enfants qui sont allés se battre en Syrie. Au cours des deux derniers mois, la police turque a arrêté 13 citoyens, les empêchant ainsi d’aller s’enrôler dans les rangs de l’EIIL.
La peur de la « contagion » fondamentaliste touche également de très près les pays européens. Les jeunes de la seconde et de la troisième génération issues de l’immigration constitueraient la part la plus importante de la population fascinée par la guerre sainte. Tous sont issus de familles provenant de pays de culture musulmane. Gilles de Kerchove, le coordinateur antiterroriste de l’UE, a déclaré en juin dernier qu’au moins 2000 Européens se trouveraient actuellement sur le front syrien, aux côtés d’environ 5000 Nord-Africains et 500 combattants des Balkans. Selon le ministre de l’Intérieur français, Bernard Cazeneuve, il y aurait environ 300 djihadiste français en Syrie. Des sources gouvernementales de Paris, rapportées par la BBC, affirment que chaque jour deux ou trois jeunes Français quittent le pays pour rejoindre des groupes islamistes à l’étranger, et qu’au moins une centaine d’entre eux, après quelque temps passé au combat, retourneraient en France. Ce sont ces «vétérans» qui constituent la plus grande source de préoccupation. La crainte est qu’à leur retour, aguerris par la pratique des armes et pétris de fondamentalisme, ils puissent représenter un potentiel risque de sécurité. Comme cela s’est déjà produit dans le cas de Mehdi Nemmouche, un citoyen français de retour de Syrie, qui a été arrêté en mai dernier pour l’assassinat de quatre personnes dans le Musée juif de Bruxelles, en Belgique.
Toujours selon Hürriyet, dans leur réunion du 7 juillet dernier à Milan, les ministres de l’Intérieur de l’Union européenne auraient mis au point un plan pour stopper la menace que représente le retour des djihadistes en Europe, avec un accord impliquant la Belgique, le Danemark, la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, l’Espagne, la Suède et l’Italie. La France aurait également proposé l’interdiction de s’expatrier – pour une période d’au moins six mois – pour toute personne soupçonnée de sympathies fondamentalistes.
Pendant ce temps, au Liban, la peur d’une contagion fondamentaliste grossit de jour en jour : le quotidien arabe Ashraq Al-Awsat a interrogé de nombreux chrétiens libanais au sujet de la progression de l’EIIL : Maha Yunis, chrétienne de 50 ans et mère de trois enfants, interrogée par le journal, a dit que les succès de l’EIIL représentaient un «cauchemar» qui lui procurent crises de larmes et perte d’appétit. « J’étais complètement déprimée pendant plus d’un mois, je crains pour mon avenir et celui de mes enfants. Je suis opposée au Hezbollah, et je n’aime pas le bras armé de son organisation. Mais après avoir vu comment se comporte l’EIIL, je préfère que le Hezbollah soit renforcé pour lutter contre l’EIIL. Le Hezbollah est mille fois mieux que l’EIIL». Une autre chrétienne, Naya Ghusn, âgée de 28 ans, a déclaré au journal qu’elle craignait que l’EIIL pénètre Liban. « Avant, je n’y croyais pas. Mais aujourd’hui, avec la présence du califat à quelques dizaines de kilomètres de nos frontières, je crains qu’ils ne puissent arriver jusqu’ici, dans l’indifférence de l’opinion publique internationale… La montée du terrorisme dans la région fournit une justification au Hezbollah pour combattre en Syrie, et pour apporter des armes au Liban… ».