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Prier et rêver de paix sous les bombes

Terrasanta.net
15 juillet 2014
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Avec le pape François, nous nous sommes tous interrogés ces derniers jours... Tous ceux qui étaient disposés à voir une authentique « graine du bien » semée lors de l’invocation pour la paix, tenue avec les délégations israéliennes et palestiniennes dans les jardins du Vatican le 8 juin dernier, peuvent se demander aujourd’hui : que penser de ces prières ? Voici la réponse de François et les réflexions des évêques de Terre Sainte sur la paix.


(g.s.) – Avec le pape François, nous nous sommes tous interrogés ces derniers jours… Tous ceux qui étaient disposés à voir une authentique « graine du bien » semée lors de l’invocation pour la paix, tenue avec les délégations israéliennes et palestiniennes dans les jardins du Vatican au soir de la Pentecôte, peuvent se demander aujourd’hui : que penser de ces prières ? Ont-elles glissé comme l’eau sur la pierre sans laisser la moindre trace ? N’ont-elles été que de simples paroles sans écho jetées sous un coucher de soleil romain?

Dimanche 13 Juillet, après la prière de l’Angélus sur la Place Saint-Pierre, le pape lui-même a fait sienne cette interrogation, en répondant comme un croyant.

«Je tiens à lancer un appel à vous tous, un appel pressant à continuer de prier avec ferveur pour la paix en Terre Sainte, à la lumière des événements tragiques de ces derniers jours. Je vis toujours dans le souvenir de la soirée du 8 juin dernier, avec le patriarche Bartholomée, le président Peres et le Président Abbas, avec qui nous avons invoqué le don de la paix et entendu l’appel à briser le cycle de la haine et de la violence. Certains pourraient penser que cette rencontre a eu lieu en vain. Mais non ! La prière nous aide à ne pas nous laisser vaincre par le mal, à ne pas accepter que la violence et la haine puissent prendre l’avantage sur le dialogue et sur la réconciliation. J’exhorte les parties concernées et tous ceux qui ont des responsabilités politiques au niveau local et international à ne pas mépriser la prière, et à ne négliger aucun effort pour mettre fin à toutes les hostilités, pour parvenir à la paix souhaitée pour le bien de tous. Et je vous invite tous à vous unir dans la prière. Dans le silence, prions ».

Au terme de la prière silencieuse, le pape poursuivit avec cette invocation: «Seigneur, maintenant, aide-nous ! Accorde-nous la paix, enseigne-nous la paix, guide-nous vers la paix. Ouvre nos yeux et nos cœurs et donne-nous le courage de dire : «Plus jamais la guerre » ; « Tout est détruit par la guerre ». Fortifie en nous le courage de prendre des mesures concrètes pour construire la paix… Aide-nous à écouter le cri de nos citoyens qui nous demandent de convertir nos armes en instruments de paix, nos peurs en confiance et nos querelles en pardon. Amen ».

Faisons nôtre cette attitude d’intercession pour la paix, en ces heures dramatiques pour les Israéliens et les Palestiniens.

Tous les peuples, au moins dans leurs composantes les plus saines, désirent la paix. Une paix juste et digne. Tandis que l’artillerie se déploie, en Terre Sainte beaucoup de gens pensent et parlent de la paix : mirage voulu, désiré !

Le 8 juillet dernier – jour où à Tel-Aviv a eu lieu une conférence de paix parrainée par le quotidien Haaretz avec l’intervention de grands noms de tous bords et idéologies – la Commission Justice et Paix de l’Assemblée des Ordinaires Catholiques de Terre Sainte en a également appelé à la paix, dans un texte intitulé : « Appel à un changement courageux ».

Le discours débute sur les tristes nouvelles de juin et juillet puis élargit le débat. Le premier fait implicitement référence à l’enlèvement des trois adolescents israéliens (Gilad Sha’er, Naftali Frankel et Eyal Yifrah), enlevés à Hébron le 12 juin dernier, retrouvés assassinés le 30, et à l’assassinat, en  représailles, d’un jeune Palestinien d’une quinzaine d’années (Mohammed Abou Khdeir) à Jérusalem-Est : «en Israël et en Palestine on entend le cri des mères et des pères, des frères et des sœurs, des jeunes victimes de la dernière vague de violence qui sévit dans ce pays. Certains ont leurs visages connus de tous, parce que les médias ont largement rapporté les détails de leur vie, interviewant des membres des familles ou certains de leurs proches, leur donnant vie dans notre imagination. D’autres – beaucoup, beaucoup plus nombreux – ne sont que des statistiques, sans visage et sans nom. La couverture sélective des médias, par le deuil et le souvenir qu’elle génère, porte une responsabilité dans ce cycle de violence ».

La réflexion se poursuit : « Notre espoir de mettre un terme à ce cycle de violence est brisé en morceaux par le langage irresponsable de la punition collective et de la vengeance, qui alimente la violence et étouffe l’émergence de toute alternative. Beaucoup de personnes occupant des postes de pouvoir et de responsabilités politiques restent ancrées sur leurs positions. Non seulement ils ne veulent pas s’engager dans un processus de dialogue réel et significatif, mais en plus ils jettent de l’huile sur le feu avec des mots et des actions qui alimentent le conflit ».

« Le langage violent qui dans les rues d’Israël crie à la vengeance est alimenté par les attitudes et les expressions de dirigeants qui continuent à encourager un discours n’accordant de droits qu’à un seul groupe, et favorisant l’occupation, avec toutes ses conséquences désastreuses. Les colonies se construisent, les terres sont confisquées, les familles séparées, les proches sont arrêtés ou assassinés… Les dirigeants de l’occupation semblent croire qu’ils peuvent gagner en écrasant la volonté d’un peuple, en atteignant sa liberté et sa dignité. Ils semblent croire que leur détermination peut finalement réduire au silence toute opposition et en tournant le tort en raison».

De l’autre côté, «le langage de la rue palestinienne criant vengeance est alimenté par les attitudes et les expressions de ceux qui se sentent privés de tout espoir de parvenir, par la négociation, à une solution juste au conflit. Ceux qui visent à construire une société totalitaire monolithique dans laquelle il n’y a pas de place pour des différences ou divergences gagnent ainsi le soutien populaire, profitant de cette situation sans espoir».

« Ce qui se passe à Gaza – observe Justice et Paix – n’est pas que l’illustration du cercle vicieux de la violence dénuée de toute vision alternative pour l’avenir. Briser ce cycle de violence est un devoir pour tout le monde, oppresseurs et opprimés, victimes et bourreaux. Pour atteindre cet objectif, nous devons tous reconnaître en l’autre un frère ou une sœur à aimer et à chérir, plutôt qu’un ennemi à haïr et à éliminer ».

«Nous avons besoin – poursuit le texte – d’un changement radical. Israéliens et Palestiniens doivent briser ensemble les attitudes négatives de la haine et de la méfiance mutuelle. Nous sommes appelés à éduquer la jeune génération dans un esprit nouveau qui remet en question la mentalité actuelle de l’oppression et de la discrimination. Nous devons nous débarrasser des dirigeants qui alimentent le cycle de la violence. Nous devons identifier et appuyer les dirigeants déterminés à œuvrer pour la paix et la justice, en reconnaissant que Dieu a planté ici trois religions – judaïsme, christianisme et islam – et deux peuples, israélien et palestinien. Nous devons trouver des dirigeants dotés d’une vision claire et suffisamment courageuse pour affronter l’urgence de la situation actuelle, et pour prendre des décisions difficiles mais nécessaires. Des dirigeants qui soient prêts à sacrifier leur carrière politique en vue d’une paix juste et durable ».

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