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43 soldats israéliens dénoncent les abus du renseignement militaire

Terresainte.net
15 septembre 2014
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43 soldats réservistes israéliens ont adressé, le 12 septembre, une lettre en forme de réquisitoire au Premier ministre et au chef d’état-major des armées pour dénoncer un « système qui bafoue les droits fondamentaux et exproprie de larges portions de terres pour les implantations israéliennes ».


(Jérusalem/n.k.) – 43 soldats réservistes israéliens ont adressé, le 12 septembre, une lettre en forme de réquisitoire au Premier ministre et au chef d’état-major des armées pour dénoncer un « système qui bafoue les droits fondamentaux et exproprie de larges portions de terres pour les implantations israéliennes ».

Si la pratique n’est pas nouvelle, son intensité et sa médiatisation ont fait grand bruit, sur la scène politique israélienne et jusqu’au-delà des frontières. 43 vétérans de la prestigieuse unité 8200 (la plus prestigieuse unité du renseignement israélien, souvent comparée à la NSA américaine) ont annoncé vouloir refuser de servir, pour des problèmes de conscience morale.

En cause, l’activité de renseignement dirigée contre les Palestiniens des Territoires. Ces « refuzniks » (ceux qui refusent) déclarent ne pas vouloir « prendre part à des actions contre les Palestiniens et continuer à être instrumentalisés pour renforcer le contrôle militaire sur les Palestiniens dans les Territoires occupés». Publiée quelques semaines après le cessez-le-feu mettant fin au conflit entre le Hamas et Israël, la déclaration fait tâche. Les faits qui y sont révélés sont suffisamment graves pour avoir fait réagir les plus hautes instances politiques israéliennes.

On découvre en effet les pratiques particulièrement intrusives, ruinant toute forme de vie privée. Une refuznik le précise d’ailleurs clairement : « l’unité 8200 traite chaque Palestinien comme un ennemi ». Les quelques vétérans qui ont témoigné à la radio ou à la télévision décrivent des cas particulièrement choquants : ainsi cette frappe ciblée qui, au lieu de détruire un terroriste, vise par erreur un enfant, sans qu’aucune suite ne soit donnée à cette bavure. On pourrait également citer le cas de ces palestiniens repérés pour leurs orientations sexuelles ou ces malades ayant besoin d’une opération médicale coûteuse en Israël. Toute information est bonne à collecter. Et à utiliser ensuite.

Il faut bien comprendre que ce que recherche l’unité 8200, ce n’est pas seulement « le » terroriste qui prépare potentiellement une attaque. C’est au contraire toute personne susceptible de devenir informatrice de l’Etat hébreu, en trouvant dans sa vie la plus privée ce qui pourrait servir comme moyen de pression. Les données personnelles sont ainsi « utilisées à des fins de persécution politique et pour diviser la société palestinienne en recrutant des collaborateurs» note la déclaration des refuzniks. Ces écoutes sont, selon eux, “nefastes à la paix”, et ils rajoutent que “l’expansion des colonies n’a rien à voir avec la sécurité nationale”.

Ce n’est pas la première fois que de telles révélations sont faites. En 2012, un documentaire (The Gatekeepers) avait présenté le témoignage de six anciens responsables du Shin Bet (les services de renseignement intérieur d’Israël), assez critiques vis-à-vis de la colonisation en Cisjordanie. Ce genre de déclarations est toujours difficile à recevoir pour les Israéliens, généralement attachés à leur armée et fiers de leurs soldats.

La réponse politique n’a pas tardé à se faire entendre. Le Premier Ministre Benyamin Netanyahu a dénoncé des “calomnies sans fondements”. Le porte-parole de Tsahal a quant à lui déclaré que “le traitement disciplinaire sera net et clair”. Enfin, le ministre de la Défense a regretté que ces soldats “encouragent gratuitement la campagne de délégitimation contre l’Etat d’Israël et ses soldats”. Pour parfaire la défense de l’armée israélienne, un groupe de 200 vétérans de la même unité 8200 ont condamné la “tentavie de salire l’unité”, qui ne leur inspire que “dégoût et consternation”.

À l’inverse, ce refus de servir a été salué par des responsables palestiniens selon le site israélien Ynet. « S’il y a, parmi les Israéliens, 43 soldats qui rejettent l’idée de l’occupation, nous considérons cela comme un acte moral», a affirmé le porte-parole des services de sécurité palestiniens Adnan Damiri.

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