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Dans l’attente d’un jugement, le frère Hanna poursuit sa mission en faveur des chrétiens de Knayeh

Carlo Giorgi
11 octobre 2014
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Le frère Hanna, franciscain de la Custodie franciscaine de Terre Sainte, vient à peine d’être libéré d’une prise d’otages en Syrie; il n'abandonnera pas sa mission. « Il y a encore 300 personnes qui vivent dans le village du Père Hanna - a déclaré hier le frère Pierbattista Pizzaballa, Custode de Terre Sainte - et nous ne voulons pas les abandonner ». Le travail d'aide d’urgence des franciscains se poursuit au travers de l’Ong Ats - Pro Terra Sancta.


Le frère Hanna Jallouf, le franciscain de la Custodie de Terre Sainte qui a été séquestré pendant plusieurs jours puis libéré, se trouve maintenant en « résidence surveillée » à Knayeh, dans la vallée de l’Oronte, en Syrie. Mais, en dépit de la situation qu’il a endurée, il a repris sa mission parmi son peuple: « Il y a encore 300 personnes qui vivent à Knayeh, le village du Père Hanna – exprimait le frère Pizzaballa, Custode de Terre Sainte – nous ne pouvons pas les abandonner, nous devons continuerLa situation de Knayeh est semblable à bien d’autres villages de la région ; nous sommes en train de nous coordonner afin de voir ce qu’il faut faire et comment le faire. »

A Knayeh fonctionne encore un centre paroissial d’aide, il assure la protection de la population chrétienne, et ce bien au-delà de la vallée de l’Oronte. Ce centre d’aide est l’une des activités soutenues en Syrie depuis 2011 par lAts – Pro Terra Sancta, l’Ong de la Custodie. L’ATS aide également d’autres centres similaires à Damas, Alep et Lattaquié. Dans chaque centre opérationnel est actif un comité (formé par un moine franciscain, une religieuse et deux laïcs). «  Le rôle du comité est d’identifier les besoins de la population et de fournir des aux plus urgents – explique Thomas Saltini, directeur de l’ATStoutefois, la priorité est donnée aux personnes âgées, aux enfants et aux familles. Les aides ne sont jamais versées en espèces, mais s’effectuent via des colis alimentaires et des repas déjà prêts, de l’habillement ou des médicaments. Malheureusement, nous ne pouvons pas couvrir tous les besoins de la population – poursuit Saltini. Les dépenses liées à l’aide d’urgence représentent pour chaque centre entre 10 et 20 000 dollars par mois ». En 2013, l’ATS a déjà soutenu les pauvres de  Syrie, chrétiens et musulmans, à hauteur de 427 000 dollars et accordé d’autres dons d’une valeur de 110,000 euros aux réfugiés et nécessiteux exilés au Liban et en Jordanie. Sur les neuf premiers mois de 2014, l’aide apportée à la Syrie s’élève à 400 000 dollars, « aujourd’hui, les centres paroissiaux peuvent poursuivre leurs activités, bien que la situation s’aggrave de jour en jour – explique Saltini – ils sont indispensables pour bien des gens, c’est pour cela que nous continuons d’appeler au don ».

Le frère Jallouf – qui avait été pris en otage avec un groupe de paroissiens dans la nuit du 5 au 6 octobre – a été libéré et a pu retourner dans son couvent de Knayeh, à la frontière avec la Turquie. Au fil des heures et après beaucoup d’incertitude, il est apparu qu’il ne s’agissait pas à proprement parler d’un enlèvement mais plutôt d’une « arrestation » effectuée par les milices islamistes de la mouvance Jabat al Nusra, l’organisation qui contrôle le territoire où se trouve le village de Knayeh. Cette milice accuse le père Hanna de « collaboration avec le régime de Bachar al Assad ». C’est une cour islamique locale, dans le village voisin de Darkush, qui devra en juger la pertinence (on ne sait pas encore quand). Dans l’attente de ce jugement, le frère Hanna restera reclus dans le couvent. Au moins quinze des vingt paroissiens du père Hanna ont également été libérés, la communauté attend toujours des nouvelles des derniers détenus.

La vallée de l’Oronte, où se trouve Knayeh, a fini dans les mains des adversaires de Bachar al Assad, il y a deux ans, en octobre 2012. Depuis, de nombreux enlèvements ont été perpétrés par des militants islamistes soupçonnant de nombreuses personnes de la « collaboration » avec le régime syrien. Ces enlèvements se sont souvent terminés par le paiement d’une rançon qui constitue, de fait, une manne financière non négligeable pour la poursuite des activités de la milice. Il semble que, pendant l’été, Jabat Al Nusra ait pris l’ascendant sur les nombreux groupes islamistes en présence dans la vallée de l’Oronte.  La mise en place par le mouvement d’un tribunal islamique dans la ville de Darkush – où sera jugé le père Hanna, est un symbole institutionnel de cette domination d’Al Nusra dans la région.

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