2017 : une invitation au pape François pour célébrer l’anniversaire de la Réforme
Le 7 novembre dernier au Vatican, la Fédération luthérienne mondiale, au travers de son ancien président l'évêque Christian Krause, a proposé au pape François de célébrer, en 2017, le 500ème anniversaire de la Réforme protestante. Mais le chemin que catholiques et luthériens empruntent vers cette commémoration a débuté il y a bien longtemps.
C’est le 7 novembre que l’invitation a été officialisée : la Fédération luthérienne mondiale, de la bouche de son ancien président – l’évêque Christian Krause, a proposé au pape François de célébrer ensemble le 500ème anniversaire de la Réforme protestante qui aura lieu en 2017. S’adressant au Pape, l’évêque luthérien a déclaré que cette célébration commune peut être « l’occasion de manifester ensemble avec plus de clarté et acuité notre unité dans le Christ au monde entier ».
L’affichage des 95 thèses de Martin Luther en 1517, à Wittenberg, est traditionnellement considéré comme le moment fondateur de la Réforme. Aujourd’hui le monde protestant est beaucoup plus complexe et dense qu’au 16ème siècle, mais c’est à Luther que font référence les 70 millions de membres rassemblés dans les 145 Eglises réformées formant la Fédération luthérienne mondiale.
C’est lors d’une conférence œcuménique parrainée par le Mouvement des Focolari que l’invitation a été faite. Mais le chemin que catholiques et luthériens empruntent vers ces célébrations de 2017 a été initié il y a bien longtemps. « Ce qui est arrivé dans le passé ne peut être changé, par contre nous pouvons changer, avec le temps, ce dont nous voulons nous souvenir, nous rappeler et comment ». C’est ce qu’affirme le document « Du conflit à la communion », que la Commission luthérienne-catholique pour l’unité a publié en juin 2013. La volonté commune de célébrer cet événement historique avait été redite par le Pape en octobre dernier lorsqu’il proclamait que « catholiques et les luthériens peuvent demander pardon pour le mal fait aux uns et aux autres et les péchés commis devant Dieu, et se réjouir ensemble du désir d’unité que le Seigneur a réveillé dans nos cœurs ».
L’espoir est né d’une initiative œcuménique, fruit du Concile Vatican II, entreprise il y a un demi-siècle et qui, au fil des ans, a produit d’importants résultats tel la Déclaration Commune sur la Doctrine de la Justification en 1999, qui, au XVIe siècle, avait été au cœur de la fracture du christianisme en Europe.
En 2017 et pour la première fois, un centenaire du défi doctrinal lancé par Luther contre Rome sera célébrée à une époque qui fait place à l’œcuménisme mais qui voit aussi la sécularisation des sociétés occidentales. L’attention portée au caractère « global et unitaire » de ces prochaines célébrations vient également du fait que bien souvent, sur d’autres continents, les chrétiens sont minoritaires au sein de sociétés multi-religieuses et qu’ils ne s’identifient pas aux différends européens qui remontent aux siècles passés. C’est pourquoi le document « Du conflit à la communion » insiste sur cette responsabilité commune de raconter, pour la première fois et au niveau mondial, l’histoire de la Réforme comme un engagement commun à approfondir l’unité des chrétiens.
Durant son récent voyage en Terre Sainte, François a rencontré Munib Younan, né à Jérusalem et évêque des luthériens de la Palestine et de la Jordanie, qui préside actuellement la Fédération luthérienne mondiale. Sur des questions telles que la paix au Moyen-Orient ou la protection des réfugiés et des immigrants, les luthériens ont apprécié les messages du pape et sa capacité à parler à tous les hommes.
Dans le même temps, le dialogue catholico-luthérienne poursuit son cours sur les points de divergences persistants comme le ministère papale où la nature de l’ordination sacerdotale mais avec la conscience – comme l’écrit le document de 2013 – que « les raisons pour nous condamner les uns les autres sur les questions de foi sont tombées dans l’oubli ».
Dans les intentions des luthériens, la participation aux commémorations de 2017 pourrait être étendue à d’autres Eglises protestantes et orthodoxes. De cette façon, tous vivraient un évènement qui ne se veut pas mémoire de division mais réaffirmation du désir de réforme évangélique de toute l’Église, appelée à annoncer la Bonne Nouvelle.