Le gouvernement israélien a approuvé une loi assouplissant les conditions de conversion à la religion juive. Un précieux sésame pour les nombreux israéliens « sans religion », candidats à la conversion et bloqués par de longues procédures.
(Jérusalem/n.k.) – La nouvelle loi concernant la réforme du processus de conversion au judaïsme n’a pas fini de faire parler d’elle. Adopté par le gouvernement israélien le dimanche 2 novembre dernier, le texte législatif est la seconde version d’un projet rejeté en septembre dernier.
Le problème n’est pas nouveau. Les nombreuses personnes tentées par une conversion au judaïsme doivent affronter un véritable parcours du combattant. La lourdeur des procédures administratives agissait jusque là comme un moyen de dissuasion puissant.
Le projet de loi, rédigé par des députés centristes, prévoit de confier la gestion des dossiers de conversion aux rabbins municipaux et non plus aux quatre tribunaux rabbiniques mandatés par Israël. Néanmoins, pour permettre au texte d’être adopté plus facilement, des amendements ont du être apportés. Un contrôle religieux doit ainsi être fait dans chaque cas, au lieu d’une procédure qui aurait pu être strictement administrative. D’autre part, le Grand rabbin d’Israël est chargé de valider tous les dossiers de conversion. Enfin, certains rabbins ne seront pas habilités à suivre le processus de conversion, c’est notamment le cas des rabbins libéraux ou réformés.
Les demandes de conversion émanent principalement de personnes nées de pères juifs et de mères non juives, ce qui ne suffit pas pour faire d’eux des juifs. La judéité se transmet en effet par la mère et beaucoup d’autorités rabbiniques refusent de déclarer juif un enfant issu de mariage mixte. Le problème est important en Israël. En effet, beaucoup sont citoyens de l’Etat sans pour autant avoir la religion juive. Bénéficiant de la Loi du retour (qui donne à tout juif, ou descendant de juif sur trois générations, ou conjoint de juif, le droit d’émigrer en Israël), ces israéliens se retrouvent « sans-religion ». On estime ces israéliens arrivés grâce à la Loi du retour sans être juifs à près de 364 000.
La conversion au judaïsme revêt une importance particulière lorsqu’il s’agit de mariage. De nombreux couples israéliens ne peuvent pas se marier, du fait de la non-judéité d’un des deux conjoints (le mariage civil n’existant pas en Israël). D’où l’importance d’une procédure plus rapide.
Le projet de loi a dû affronter un vrai parcours du combattant pour aboutir. Comme on pouvait s’y attendre les rabbins considérés comme « ultra-orthodoxes » ont tenté de faire échouer le projet de loi, porte-ouverte, selon eux à la mise en danger de l’identité juive. Le grand rabbin d’Israël appelle à une révision urgente de la Loi du retour, trop inclusive selon lui : « Il faut amender immédiatement la Loi du retour de manière à ce qu’elle n’inclue que les juifs, tels qu’ils sont définis par la Halakha [loi juive]. Israël peut décider de devenir le troisième État-providence du monde. Mais, tant qu’il n’a pas pris cette décision, il doit cesser d’autoriser des non-juifs à faire l’alya [immigration d’un juif en Israël] ». On estime aujourd’hui à près de 9 millions le nombre de personnes pouvant bénéficier de la Loi du retour.
Sous la pression des religieux, le Premier ministre Benyamin Netanyahu s’était opposé à la première mouture du projet de loi présentée en septembre dernier. Le nouveau texte, amendé, a été soutenu à la fois par les centristes et par les nationalistes tel Naftali Bennet.
Le cabinet ministériel a donc adopté un texte plus consensuel qui devrait permettre de faciliter la vie de nombreux israéliens.