Les députés français ont voté mardi 2 décembre une motion invitant le gouvernement à reconnaître l’Etat de Palestine. En à peine deux mois, c’est le cinquième pays à se prononcer en faveur de la Palestine.
(Jérusalem/n.k.) – Après quelques jours de suspens, les députés français se sont majoritairement prononcés en faveur de la reconnaissance d’un Etat palestinien.
506 députés étaient réunis mardi après-midi pour prendre part au scrutin. Un chiffre inhabituellement élevé (sur les 577 députés que compte l’Assemblée), pour un sujet qui n’en finit pas de diviser la classe politique. 339 parlementaires ont voté pour la motion, contre 151 et 16 abstentions.
Comme annoncé, les votes ont peu ou prou respecté les clivages politiques : la gauche (à l’origine de la motion), l’extrême-gauche et les écologistes se sont massivement prononcé pour. L’UMP et les centristes ont quant à eux préféré voter contre, même si tous n’avaient pas un avis tranché. L’appel de Nicolas Sarkozy, ancien président de la République, à voter contre, a sans-doute motivé les indécis. Plus étonnant, les députés Front National se sont abstenus, y compris Gilbert Collard en dépit de sa prise de parole hostile à la motion lors des débats de la semaine dernière. Celui-ci avait apporté un soutien remarqué à Meyer Habib, député franco-israélien des français de l’étranger.
L’Autorité Palestinienne a aussitôt félicité la France de son initiative. Une responsable de l’OLP a fait part de « sa gratitude au peuple français » et appelé « le gouvernement français à traduire le vote de son Parlement en actes ».
L’Etat d’Israël a également réagi, et comme c’était prévisible le vote français ne réjouit personne de ce côté de la Méditerranée. L’Etat hébreu a regretté une « initiative qui éloigne les possibilités de paix et qui constitue un message erroné. Israël estime également que « la reconnaissance de la Palestine avant tout règlement du conflit est une grave erreur et procède d’une décision unilatérale ne pouvant qu’aggraver la situation ».
Le Premier ministre Benyamin Netanyahu avait déjà averti la France il y a quelques jours au cours d’une intervention télévisée (voir notre article Benyamin Netanyahu vitupère contre le vote français sur la Palestine).
« La reconnaissance d’un État palestinien par la France serait une grave erreur. N’avez-vous que cela à faire en ce moment en France, alors qu’on décapite des gens à travers le Proche-Orient, y compris des citoyens français ? » avait-il demandé. Nombreux également sont les politiques israéliens à rapprocher le vote français du nombre de musulmans vivant dans l’Hexagone.
Le ministre israélien du Renseignement avait, au cours d’une visite en France, déclaré que « Si Paris, sous la pression de l’extrême gauche ou de sa communauté musulmane, se livrait à un tel vote anti-israélien, ce serait vraiment dommageable, car d’autres pays suivraient ».
Et de fait, la France n’est pas le premier pays a adopté une initiative parlementaire en faveur de l’Etat palestinien. La Grande Bretagne, l’Irlande, l’Espagne ont dores et déjà voté des motions parlementaires visant le même but. Ces motions sont non-contraignantes et n’engagent pas le gouvernement. A ce jour, seule la Suède a officiellement reconnu la Palestine.
Dans le contexte politique particulièrement tendu (voir notre article Israël : vers la dissolution de la Knesset ), Israël se serait bien passé de cette nouvelle reconnaissance. La pression ne cesse de s’accentuer autour de Netanyahu, invité à stopper la colonisation et à se mettre à la table des négociations.