Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Pour Mgr Abou-Khazen, êvêque Latin d’Alep, il faut restaurer la confiance

Emilie Rey
24 février 2015
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De passage à Beyrouth, Mgr Georges Abou-Khazen, évêque des Latins à Alep en Syrie a témoigné pour Terrasanta.net de ce qui selon lui a été transformé ou renforcé, malgré la dureté  du conflit syrien : l’œcuménisme et le dialogue islamo-chrétien. Dans l’obscurité de la nuit syrienne, Mgr Georges dit voir de la lumière et nous livre un message d’espérance.


(Beyrouth) – De passage à Beyrouth, Mgr Georges Abou-Khazen, évêque des Latins à Alep, a fait le point devant les acteurs des associations libanaises engagées sur la problématique de l’urgence et de l’accueil des populations victimes du conflit syrien.

Le vicariat apostolique dont il a la charge étend sa juridiction sur tous les fidèles syriens de rite latin. Au nombre de 14000 avant que le conflit n’éclate, on estime qu’ils sont aujourd’hui moitié moins.

Après avoir dressé un état des lieux des chrétiens du Moyen-Orient Mgr Abou-Khazen concluait : « L’un des principaux défis que, personnellement, je relève pour les Chrétiens du Moyen-Orient c’est le dépassement de nos peurs et la restauration de la confiance. Une confiance qui a été brisée par ce que nous avons vu et vécu. Mais c’est ce manque de confiance qui nous empêche d’envisager l’avenir. Notre défi c’est celui d’entendre que notre présence au Moyen-Orient est un appel, une mission ».

Pour Terrasanta.net, l’évêque franciscain est revenu plus longuement sur le conflit syrien et ce qu’il a transformé ou renforcé, malgré la dureté de la vie : l’œcuménisme et le dialogue islamo-chrétien.

« Nous, chrétiens, ne sommes qu’une minorité en Syrie, composée de plusieurs Églises et nous n’avons jamais été aussi unis ». Chaque samedi les évêques catholiques se rassemblent et chaque dernier samedi du mois c’est une réunion œcuménique qui rassemble toutes celles et ceux qui le désirent. « Les jeunes qui sont restés nous poussent ; ils sont volontaires à la paroisse, vont au catéchisme, se marient, on baptise des enfants, on célèbre les fêtes et des journées mondiales… Nous voulons rester membre de l’Eglise universelle, la vie continue ».

Les quartiers d’Alep à majorité chrétienne accueillent dorénavant de nombreux déplacés de confession musulmane ; une expérience nouvelle et féconde pour Mgr Abou-Khazen. « Dans le conflit nous avons développé de nouveaux modes de rencontre. Certes cela n’a pas été facile mais je ne cesse de dire qu’il est très important que nous sachions accueillir. Nous ne devons pas donner d’alibi à l’exclusion ou au communautarisme. Nous devons nous nourrir de cette connivence, c’est une idéologie et croyez-moi de nombreux musulmans sont surpris par la charité des chrétiens notamment envers leurs enfants, femmes, vieillards… ».

Il prend l’exemple d’une salle paroissiale confiée au Waqf (institution islamique de bienfaisance) et transformée en maison d’accueil pour personnes âgées, orphelins et handicapés ou encore du générateur de la paroisse qui permet aux étudiants qui le souhaitent de venir étudier lorsque les coupures d’électricité se font trop longues.

« L’Islam syrien est modéré » clame à qui veut l’entendre Mgr Abou-Khazen. « Il est bien trop facile de monter les gens les uns contre les autres et de faire des amalgames ». Il reprend les mots du Saint Père dans sa dernière lettre : « Le Carême est un temps propice pour cesser l’indifférence, la souffrance de l’autre constitue un appel à la conversion, il nous faut nous convertir à l’Homme peut importe qui il est et ce en quoi il croit ». Dans l’obscurité de la nuit syrienne, Mgr Georges dit voir de la lumière et si lui la voit d’autres sont capables de l’apercevoir. Face au désir d’émigration et à l’insécurité Mgr Georges affirme à son petit troupeau : « Je ne pars pas, je reste et je ne me sens pas seul car je sais que partout dans le monde nous prions pour la Syrie, les musulmans vous remercient aussi, certains me l’ont dit ».

Une once de soulagement viendra peut-être au travers des nouveaux projets de l’ATS Pro terra santa, ONG de la Custodie de Terre Sainte, qui annonce que grâce aux dons, en 2015,un hôpital d’Alep géré par les frères sera rénové (remise en fonctionnement de trois salles d’opération, deux salles de réanimation avec distribution de médicaments, prise en charge des frais d’hospitalisation pour les plus démunis…) ainsi que des centres d’accueil répondant aux besoins de première nécessité. On estime à plus de 6 millions le nombre de déplacés à l’intérieur de la Syrie qui ne peuvent faire face à l’envolée des prix.

La Custodie de Terre Sainte, au travers de ses frères présents en Syrie et au Liban, s’investit chaque jour un peu plus en faveur des victimes des conflits qui secouent le Moyen-Orient. Réfugiés syriens, irakiens, kurdes ou encore déplacés, ils sont nombreux à pousser les portes des couvents et des églises afin de trouver un peu de répit, de quoi manger, se faire soigner, éduquer leurs enfants… (voir l’article paru dans Terre Sainte Magazine de janvier février 2015 Liban: une paroisse franciscaine aux côtés des chrétiens d’Irak).

Devant cet afflux, les franciscains ont dû faire face. Ils se sont organisés d’abord dans le petit cercle des couvents franciscains disséminés en Syrie et au Liban puis, petit à petit et avec la multiplication des restrictions sécuritaires, ils e sont rapprochés d’autres acteurs religieux ou laïcs pour pallier les besoins.

Les différentes congrégations religieuses présentes en Syrie, sont d’autant plus investies que le tissu associatif était plus léger. Il y a une dizaine d’années, on dénombrait à peine 550 associations syriennes pour 17 millions de citoyens ! De nouvelles associations syriennes ont trouvé place entre légalisations partielles et restriction. Les initiatives associatives sont encore aujourd’hui le fait de jeunes gens qui n’ont que très peu d’expérience de gestion ou coordination.

Pour soutenir l’action des frères au Liban et en Syrie, rendez-vous sur la page de l’Ong ATS Pro Terra Sancta consacrée à cette aide d’urgence : Aide aux réfugiés syriens et iraquiens au Liban

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