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Prier pour l’unité à Jérusalem

Frans Bouwen, m.afr
27 mars 2015
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C’est vrai qu’à Jérusalem, il y a une grande diversité de confessions chrétiennes. Certains veulent y voir le scandale de la désunion. Mais les habitants de la ville savent que le sillon de notre unité, est ancien et profond. La semaine pour l’unité chaque année permet au plus grand nombre de voir la partie émergée de l’iceberg.


La semaine de prière pour l’unité des chrétiens est chaque année un moment fort dans la vie des Églises à Jérusalem. Le caractère unique de ces célébrations est tel que, depuis quelques années, des pèlerins viennent spécialement de l’Europe pour y prendre part.

C’est le fruit d’un développement humble, d’un travail patient et d’une prière persévérante. Les racines lointaines plongent dans la fin des années 1950 (1). Les premiers témoignages font mention de prières à l’intérieur des diverses confessions. Les premières traces d’une prière interconfessionnelle remontent à 1959 : un petit groupe d’anglicans, de catholiques et de luthériens se retrouve au Calvaire pour une heure de prière silencieuse. Une percée décisive est faite en 1963 : pour la première fois une suite de réunions de prière est organisée rassemblant des clercs et des laïcs de la plupart des confessions présentes à Jérusalem.

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Il est à noter que ces premières célébrations étaient des initiatives personnelles et se tenaient généralement dans des lieux bibliques ou dans des églises ou chapelles appartenant à des communautés religieuses catholiques, et pas tellement dans les églises où les paroisses ou confessions se réunissaient habituellement pour leur prière et leur liturgie. Ces commencements ont choisi consciemment de rester discrets, sans engager directement les Églises et leurs responsables, afin de respecter les réserves et sensibilités de certaines Églises traditionnelles.

Tour de rôle

Bien vite la semence a germé et grandi. Deux développements surtout sont à noter : le nombre des célébrations a augmenté peu à peu, jusqu’à devenir quotidiennes, et les initiatives personnelles ont été progressivement assumées officiellement par les Églises et leurs responsables. Bientôt il n’était même plus possible d’offrir à toutes les Églises qui le désiraient la possibilité d’accueillir une célébration œcuménique chez elles, dans les limites d’une semaine. Alors certaines Églises ont accepté de prendre un tour de rôle et d’offrir l’hospitalité un an sur deux.

Un changement de date s’est produit en 1972. Afin d’éviter la coïncidence avec la fête de l’Épiphanie des Églises orthodoxes, célébrée le 19 janvier selon le calendrier julien, il a été décidé de tenir la semaine de l’unité toujours entre les deux derniers dimanches de janvier. La possibilité de disposer de deux dimanches est aussi un grand avantage pour favoriser la participation.

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Quant à la forme et au contenu des célébrations, une grande liberté est laissée aux Églises. Elles sont fortement encouragées à y inclure des éléments typiques de leurs traditions liturgiques spécifiques, arméniennes, coptes, éthiopiennes, grecques, latines, syriaques, etc. Ainsi la prière pour l’unité est une occasion unique pour les participants d’apprendre à connaître la diversité et la richesse de ces traditions. De même, ces célébrations reflètent aussi l’unité dans la diversité que les Églises recherchent.

Venue du pape

Chaque soir, au moment de la prière, les églises sont habituellement combles. Une grande partie des participants revient jour après jour. Chaque soir aussi, la prière est suivie d’une petite rencontre amicale avec une tasse de café et quelques rafraîchissements. Ces retrouvailles prolongent l’atmosphère de la prière, expriment la joie de tous de se rencontrer et aident à promouvoir la participation.

Tous ceux qui ont été témoins de l’histoire récente de la prière pour l’unité à Jérusalem sont profondément convaincus que ces célébrations ont grandement contribué à resserrer les liens entre les Églises à Jérusalem et à les rendre plus chaleureuses. Ils croient fermement que le Seigneur y est à l’œuvre. C’est une source de joie et d’espérance.

Cette année 2015, le pèlerinage du pape François en mai 2014 et ses rencontres à Jérusalem avec les patriarches orthodoxes Bartholomaios de Constantinople et Théophilos de Jérusalem ont été évoquées abondamment dans l’action de grâces.

(1) NDLR. En France, après les intuitions de l’abbé Couturier à Lyon dans les années 1930, c’est le père Michalon qui reprend le flambeau. La semaine de l’unité prend sa forme actuelle en 1958, quand bien même la création du secrétariat pour l’Unité après le Concile Vatican II fera évoluer aussi sa préparation.

Dernière mise à jour: 18/11/2023 22:20

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