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Une étreinte aux Juifs d’Europe

Francesco Pistocchini
5 mars 2015
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Les récentes attaques antisémites dans diverses villes d'Europe ont alimenté un climat d'inquiétude au sein des communautés juives du vieux continent. Il n'est donc pas étonnant qu'ils soient de plus en plus nombreux à choisir de faire leur aliya, littéralement leur « ascension » vers la terre promise, Israël. Il ne s'agit cependant pas d'un exode de grande ampleur, la plupart choisissent de rester dans le pays où ils sont nés.


Suite aux dernières attaques antisémites à Copenhague, au Danemark, le geste d’un millier de personnes, dont de nombreux musulmans, qui ont formé une chaîne humaine autour de la synagogue d’Oslo – en Norvège – fut une réponse aux préoccupations des communautés juives d’Europe. Le 15 février, l’assassinat perpétré, dans une synagogue danoise par un fils d’immigré palestinien, et qui a fait deux victimes, n’a fait que renforcer le sentiment d’insécurité qui traverse le Vieux Continent après les massacres de Paris, un peu plus tôt cette année, et l’offensive, bien que médiatique, du soi-disant l’État islamique.

L’anneau de la paix, mis en avant par les jeunes immigrés musulmans en Norvège se voulait être un message d’amour et d’unité entre les fidèles des différentes religions. Le président de la petite communauté juive de Norvège, Ervin Kohn, a défini « d’unique » ce rassemblement qui a regroupé autant de personnes par une journée d’hiver aux températures inférieures à zéro.

Toutefois, les 17 victimes de Paris et les deux de Copenhague poussent aujourd’hui plusieurs Juifs européens au départ vers Israël. Une loi de 1950, la loi dite du « retour », offre ce droit à tout Juif dans le monde: ce retour de la diaspora porte un nom spécifique, l’aliyah, littéralement l’« ascension » vers  Jérusalem, qui, certes géographiquement se trouve surélevée par rapport à la région environnante mais  dans un sens plus large fait allusion à la terre d’Israël (Eretz Israël).

Après l’extermination de millions de juifs dans les camps de concentration nazis, la plupart des survivants ont été progressivement transférés vers le nouvel Etat hébreu, créé en 1948. Alors qu’en 1940, 9 millions de juifs vivaient en Europe, ils ne sont plus aujourd’hui qu’un million et demi, principalement regroupés en France (environ 500 000) et en Grande-Bretagne (environ 300 000). L’année 2014 a enregistré un fort pic d’affluence avec plus de 25 000 juifs effectant leur aliya. L’aliya, organisée par une agence spéciale au service de l’immigration israélienne, note encore de nouvelles hausses. L’incertitude politique reste sérieuse en Ukraine et pousse les Juifs de ce pays à partir. Sur les quelque 25 000 juifs italiens, l’an dernier, 323 ont effectué leur l’aliya, s’il s’agit bien du pourcentage le plus élevé depuis plusieurs décennies, cela reste faible en chiffres absolus, et reflète plus un  malaise de vivre dans un pays en crise économique latente et où les attitudes antisémites sont diffusées dans les médias et les débats politiques.

Ces données ne laissent en rien présager une prochaine émigration massive des juifs d’Europe, comme le souhaitait Benjamin Netanyahu. Le Premier ministre israélien, en pleine campagne pour les élections anticipées du 17 mars, a parlé de mesures extraordinaires qu’Israël pourrait entreprendre pour faire face à des afflux massifs. Les prises de positions du dirigeant israélien ont été vivement critiquées comme simples instrumentalisations: l’immigration est en pleine croissance mais il ne s’agit pas d’exode.

Durant la Seconde Guerre mondiale et alors que le Danemark était sous occupation nazie, plus de sept mille Juifs ont été sauvés par les Danois eux-mêmes qui les accompagnèrent par bateaux en Suède, pays neutre. Seulement 500 furent capturés par les Allemands. Forts de cette mémoire, les Juifs danois ont répondu à Netanyahu que le terrorisme n’est pas une raison suffisante pour émigrer en Israël. Le porte-parole de la communauté juive française a lui aussi rejeté les positions de Netanyahu.

De plus, cette année et en Espagne, est entrée en vigueur une nouvelle loi qui accorde la citoyenneté à tout descendant de Juifs séfarades expulsés à la fin du XVe siècle; c’est l’Inquisition qui, à l’époque, avait exigé leur expulsion. Une autre réponse hautement symbolique et qui s’oppose aux mouvements croissants de xénophobie et antisémitisme qui inquiètent les juifs d’Europe.

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