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Le Patriarche maronite à Paris entre pastorale et politique

Terresainte.net
30 avril 2015
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En visite en France pour plusieurs jours, Mgr Mar Béchara Boutros Raï, Patriarche maronite, a délivré d’importants messages. Si sa visite était prioritairement pastorale, celui-ci a également rencontré les autorités politiques françaises. Le prélat a conclu sa visite par un vibrant discours à l’UNESCO, appelant une fois encore la communauté internationale à agir pour sauveur le christianisme au Moyen-Orient.


(Jérusalem/n.k.) C’est ce qu’on peut appeler un voyage dense. En moins d’une semaine, le Patriarche « d’Antioche et de tout l’Orient pour les Maronites », Mgr Béchara Boutros Raï, aura eu le temps de rencontrer les plus hautes personnalités de l’Etat français, en même temps qu’il visitait les fidèles maronites de France.

Pour celui qui fut créé cardinal en 2012 par le Pape François, la France n’est pas une terra incognita. Sa précédente visite en 2011 avait donné des sueurs froides à la diplomatie française. Il avait alors publiquement soutenu le régime de Bacharal-Assad, seul rempart selon lui pour les minorités contre l’islamisme. Difficile à avaler pour le Quai d’Orsay en plein soutien à la rébellion syrienne. On sait ce qu’il en est aujourd’hui.

Le séjour français de Mgr Raï s’est articulé en deux temps. Le prélat était à la fois présent pour visiter la communauté maronite française, mais aussi pour rencontrer les autorités politiques.

Les nombreux maronites présents en France (on estime la communauté à près de 80 000 fidèles, implantée depuis environ 120 ans) attendaient avec impatience la visite de leur principal leader spirituel après le Pape.

Un des buts était notamment d’inaugurer le nouveau siège de l’Eparchie de France, l’équivalent maronite d’un diocèse. Placée sous le patronage de Notre-Dame du Liban, la circonscription ecclésiale a désormais son siège officiel à Meudon, en banlieue parisienne.

Jusqu’en 2012, les maronites français étaient rattachés au Cardinal-archevêque de Paris, « ordinaire des catholiques orientaux ». Le Pape Benoît XVI avait ensuite créé une Eparchie, conférant au petit troupeau Mgr Maroun-Nasser Gemayel comme pasteur. Pour lui, la bénédiction des nouveaux locaux et la venue du Patriarche sont une « vraie Pentecôte ».

Pour accueillir Mgr Raï, la communauté libanaise a fait le déplacement en nombre. Etaient notamment présents pour l’inauguration une délégation de scouts maronites.

C’est dans une église comble que le prélat a donné une heure de catéchèse en arabe, avant de célébrer la Messe. Plusieurs expositions culturelles ont également été inaugurées, traitant de la présence maronite en France.

L’autre partie de la visite du Patriarche maronite était plus politique. Celui-ci a rendu visite au Cardinal-archevêque de Paris, Mgr Vingt-Trois, avant de rencontrer les évêques de France.

Devant une assemblée qui comptait notamment Mgr Gollnisch, directeur de l’Œuvre d’Orient, il a souhaité rappeler que le Liban était « un pont entre l’Occident et l’Orient sur la rive sud de la Méditerranée. »

Il rappelle aussi, à la suite de nombreux évêques moyen-orientaux, que les chrétiens « ne sont pas une minorité mais l’Eglise du Christ en Orient ».

C’était ensuite le tour des visites aux personnalités politiques françaises.

Mgr Raï s’est ainsi rendu au Sénat, où il a été reçu par son Président. L’occasion notamment de rencontrer le groupe parlementaire d’amitié France-Liban.
Après un passage à l’ambassade libanaise à Paris, le Patriarche a été longuement reçu par le Président de la République François Hollande.

Comme le fait remarquer Mgr Gemayel, « lorsque le Patriarche se déplace ici, il est accueilli comme un chef d’Etat, notamment en raison de la relation séculaire entre l’Eglise maronite et la France ».

Au menu des entretiens, la situation politique libanaise et les chrétiens d’Orient. Le Liban est en effet sans président depuis près d’un an, ce qui n’est pas sans concerner le chef de l’Église maronite, puisque la loi libanaise prévoit que le président soit de confession maronite. Mgr Raï a également rappelé au Président français l’urgente nécessité de venir en aide aux chrétiens persécutés en Irak et en Syrie.

Pour le prélat libanais, « les chrétiens d’Orient sont dans une situation dramatique, comme on en a jamais vue. On a l’impression qu’on est arrivé à la fin. » Or, fait-il valoir, « les chrétiens au Moyen-Orient font le pont entre l’islam et l’Occident. On a une expérience de 1400 ans avec l’islam, on parle leur langue, on a des habitudes communes ».

La dernière étape du Patriarche était pour l’UNESCO. Parlant là encore du christianisme au Moyen-Orient, les mots de Mgr Raï étaient poignants.

Visiblement ému, celui-ci a lancé : « Je viens porter ici la voix de ceux à qui on a ravi la voix; je viens attester ici de la détresse de millions de refugiés, de déplacés, d’enfants, de vieillards, de femmes et d’hommes qui ont perdu les leurs, à qui on a volé leur pays, leurs biens et détruit leur avenir; je viens témoigner ici devant vous de l’immense et indicible douleur de ceux qu’on a persécutés pour leur foi, de ceux dont on a insulté l’identité au nom de Dieu cause invoquée par d’impitoyables meurtriers; je viens crier ici la cause de ceux qui attendent la fin de la nuit et qui espèrent leur salut d’une communauté internationale qui tarde malheureusement à arrêter l’œuvre de mort d’assassins sans foi et sans frontières».

Espérons que ce nouveau cri d’alarme sera entendu.

Pour visiter le site internet de l’Eparchie Notre-Dame du Liban de Paris :  www.maronites.fr

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